Le retour radical de l'héritière milliardaire
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Le retour radical de l'héritière milliardaire

Gavin
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Chapitre 1

Mon mari, Damien, m'appelait autrefois sa princesse. Mais quand mes parents sont morts et que j'ai perdu notre enfant, il m'a ordonné de pratiquer une « indépendance radicale » et de gérer mon deuil toute seule.

Après ma tentative de suicide, je me suis réveillée à l'hôpital et je l'ai vu, serrant dans ses bras son assistante en larmes, Christelle.

Il lui a murmuré : « Avec moi, tu n'as jamais besoin d'être forte. »

Aux médecins, il a dit que je cherchais juste à attirer l'attention, puis il a raccroché. Plus tard, Christelle est venue me voir. Elle m'a accusée d'être responsable de ma fausse couche avant de détruire les souvenirs de ma mère. Damien a cru à ses mensonges. Il m'a jetée hors de notre maison, me laissant sans rien.

Il pensait que j'étais une femme faible et dépendante, une chose qu'il pouvait jeter sans regret. Il pensait que son empire technologique était sa propre création.

Il n'a jamais su que son succès d'homme « parti de rien » était un cadeau, secrètement financé par ma famille milliardaire. Maintenant, il va découvrir ce qui arrive quand une princesse décide de devenir une reine.

Chapitre 1

Point de vue d'Aveline Dubois :

J'ai regardé Damien, mon mari depuis trois ans, s'éloigner de l'épave de ma voiture. La tôle froissée grésillait encore sous le choc de l'impact. Il y a trois ans, il m'appelait sa princesse, me promettant de me protéger de toutes les tempêtes. Maintenant, il s'éloignait pour prendre un appel, marmonnant sa philosophie de « l'indépendance radicale » et me disant que je devais gérer ça toute seule. Mon bras gauche me lançait une douleur aiguë, mais la douleur dans ma poitrine était un gouffre.

« Aveline, tu es une femme compétente », m'avait-il dit plus tôt ce matin-là, tenant sa tasse de café, pas ma main.

« Un simple accrochage, ce n'est pas une catastrophe. Appelle l'assurance. Débrouille-toi. »

Il ne m'avait même pas regardée.

Plus tard cette semaine-là, le téléphone a sonné. Mon père. Crise cardiaque foudroyante. Parti. Comme ça. Je me suis effondrée, le combiné tombant bruyamment sur le sol. Damien, toujours aussi pragmatique, m'a réservé un vol.

« C'est le moyen le plus rapide, Aveline », a-t-il dit en me tendant l'itinéraire.

Aucune offre de m'accompagner. Pas un câlin. Juste un bout de papier, un billet froid et imprimé pour mon chagrin.

« C'était ton beau-père », ai-je murmuré, les larmes brouillant ma vue.

Damien a juste haussé les épaules, ses yeux déjà rivés sur l'écran de son ordinateur portable.

« Et tu es radicalement indépendante, mon amour. Tu n'as pas besoin que je te tienne la main à chaque épreuve de la vie. »

J'y suis allée seule. J'ai enterré mon père seule. Le monde s'effondrait. Et Damien n'était pas là. Quand je suis revenue, vidée de toute substance, à peine capable de fonctionner, il n'a rien remarqué. Il était occupé à bâtir son empire technologique, ou du moins, c'est ce qu'il disait.

Ma mère n'a pas supporté. Elle a suivi mon père trois mois plus tard, morte de ce que les médecins ont appelé le chagrin, mais que je savais être un cœur brisé. Cette fois, Damien n'a même pas réservé de vol.

« Aveline, ça devient mélodramatique », m'a-t-il dit sèchement.

« Tu cherches à attirer l'attention. Les gens meurent. C'est la vie. Tu dois être forte. »

Forte. Le mot était un coup de marteau. Il l'utilisait pour balayer chaque larme, chaque tremblement dans ma voix. Ma thérapeute, une femme bienveillante nommée Dr Évrard, m'a diagnostiqué une dépression sévère. Damien a ricané.

« La dépression, c'est un luxe pour ceux qui n'ont rien de mieux à faire. Tu as une belle maison, un mari qui réussit. De quoi es-tu déprimée, au juste ? »

Il faisait sonner ça comme une insulte personnelle, une faille dans sa vie parfaite.

Je me noyais. Mes parents étaient partis. Mon mari était un fantôme. Le monde était froid et sombre, et je me perdais dedans. J'ai découvert que j'étais enceinte. Une petite lueur d'espoir. Peut-être ça. Peut-être qu'un bébé nous rapprocherait. Le ramènerait. Il a été ravi, un instant. Il l'a posté sur les réseaux sociaux, m'a identifiée, puis est retourné à ses réunions.

La fausse couche a été silencieuse, brutale. Juste une douleur sourde qui s'est transformée en une cascade de sang. J'étais dans la salle de bain, seule, me tenant le ventre, regardant la dernière lueur de mon espoir s'évanouir. J'ai appelé Damien. Pas de réponse. J'ai rappelé. Son assistante, Christelle, a décroché.

« M. Lefebvre est en pleine réunion du conseil d'administration, Mme Dubois. Puis-je prendre un message ? »

« Je suis en train de perdre le bébé », ai-je réussi à articuler.

Il y a eu une pause.

« Oh. Je le lui dirai quand il sera libre. »

Sa voix était plate, dénuée de toute sympathie.

J'ai raccroché. Il n'y avait personne. Juste moi et le sang. La maison silencieuse. La chambre d'enfant vide que j'avais commencé à imaginer. Le poids de tout m'a écrasée. Je voulais que tout s'arrête. Je voulais que la douleur cesse. Les pilules ont été faciles à trouver. Je les ai avalées, l'une après l'autre, jusqu'à ce que le monde devienne flou.

Je me suis réveillée au son strident des sirènes. Des visages flous, des voix affolées. Une pièce d'un blanc stérile. Le bip insistant des machines. J'étais aux urgences. Ils m'avaient sauvée. Ils m'avaient sauvée, mais pour quoi faire ?

Puis je l'ai vu. Damien. Mais il ne me regardait pas. Il était de l'autre côté de la pièce, son bras puissant autour de Christelle Berger, son assistante. Son visage était strié de larmes, sa respiration saccadée. Elle était en hyperventilation. J'ai surpris une infirmière murmurer qu'il s'agissait d'une petite crise de panique après une réunion stressante. Damien lui caressait les cheveux, la serrant contre lui. Sa voix, d'habitude si sèche et autoritaire, était douce, tendre.

« Ça va aller, Christelle », murmurait-il, son regard plein d'une affection que je n'avais pas vue dirigée vers moi depuis des années.

« Avec moi, tu n'as jamais besoin d'être forte. »

Ces mots m'ont frappée plus durement que n'importe quel coup. *Tu n'as jamais besoin d'être forte avec moi.* Ma vision s'est brouillée. Depuis tout ce temps, son « indépendance radicale » pour moi n'était pas une philosophie. Ce n'était pas une question de principe. C'était pour elle. C'était à cause de son absence totale d'amour pour moi. C'était un amour qu'il offrait volontiers à quelqu'un d'autre, tout en exigeant que je sois incassable.

Un rire amer et ironique a bouillonné dans ma gorge. Il voulait que je sois forte, parce qu'il ne serait pas fort pour moi. Mais pour Christelle, pour sa petite crise de nerfs, il était son roc. Quelle blague ma vie était devenue. Quelle blague cruelle et tordue.

J'ai ressenti une étrange clarté à ce moment-là, une compréhension froide et tranchante. Il le regretterait. Il regretterait tout. Mais le ferait-il ? Regretterait-il d'avoir perdu la « princesse » qu'il avait détruite, quand elle déciderait enfin de cesser d'être une princesse pour devenir une reine ? Le remarquerait-il seulement ?

« Mme Dubois ? » la voix d'une infirmière a percé le brouillard. « Vous m'entendez ? »

Mes paupières étaient lourdes. Le monde basculait.

« Ses constantes chutent à nouveau ! » a crié une autre voix, agitée. « Où est son mari ? Nous devons joindre son mari ! »

J'ai entendu les tentatives frénétiques. Le téléphone sonner. Sonner. Et sonner. Pas de réponse.

« Continuez d'essayer sa ligne de bureau ! Son portable personnel ! C'est critique ! »

Finalement, un médecin à l'air fatigué, le Dr Tran, a pris le téléphone.

« M. Lefebvre, ici le Dr Tran de l'hôpital Saint-Louis. Votre femme, Aveline Dubois, a été admise il y a plusieurs heures. Elle est dans un état critique. Nous pensons qu'il s'agit d'une tentative de suicide. Nous avons aussi... elle a fait une fausse couche. »

Une longue pause à l'autre bout du fil. Je tendais l'oreille, mon cœur martelant mes côtes.

« Une tentative de suicide ? » La voix de Damien, distante et agacée, a crépité dans le téléphone que l'infirmière tenait près de mon oreille.

« Honnêtement, Dr Tran, Aveline est bien trop théâtrale pour son propre bien. Toujours à chercher l'attention. Et une fausse couche ? Elle était à peine enceinte. Vous êtes sûr ? »

À côté de lui, j'ai entendu la voix faible et trop sucrée de Christelle.

« Oh, Damien, chéri, ne sois pas si dur avec elle. Elle a juste besoin de toi, tu sais ? Elle n'est pas aussi indépendante que moi. »

Damien a eu un petit rire sec et dédaigneux.

« Exactement, Christelle. Certaines personnes adorent être maternées. Aveline doit apprendre à se débrouiller seule. C'est précisément pour ça que j'encourage son 'indépendance radicale'. Clairement, ça ne rentre pas. »

Le visage du Dr Tran s'est crispé, une lueur d'indignation dans ses yeux. Il a légèrement éloigné le téléphone, sa voix à peine un murmure pour moi.

« J'en suis absolument certain, M. Lefebvre. Elle a perdu le bébé. Et sa vie est toujours en grand danger. »

« Écoutez, Docteur, je suis en pleine réunion très importante en ce moment », a lâché Damien. « Je ne peux pas tout laisser tomber pour un autre des épisodes mélodramatiques d'Aveline. Dites-lui simplement d'être indépendante. De gérer. C'est une adulte. »

« M. Lefebvre », est intervenue l'infirmière, sa voix tranchante d'incrédulité. « Elle a essayé de se tuer. Elle a perdu son enfant. Ce n'est pas un 'épisode mélodramatique'. C'est un appel à l'aide ! »

« Un appel à l'attention, ma chère », a corrigé Damien, sa voix dégoulinante de condescendance.

« C'est ce que c'est. Et je ne vais pas jouer son jeu. Dites-lui... dites-lui que si elle veut vraiment être indépendante, elle doit le prouver. Elle doit survivre sans moi. Si elle n'est même pas capable de ça, alors elle n'est pas digne d'être ma femme. Dites-lui de montrer un peu de force. Et franchement, si elle est si désespérée de quitter ce monde, peut-être qu'elle devrait juste en finir. Arrêter de faire perdre leur temps à tout le monde. »

La ligne a cliqué. Il avait raccroché. Simplement.

Le Dr Tran a fixé le téléphone, puis moi, son expression un mélange d'horreur et de pitié.

« Aveline, je suis tellement désolé. »

Ses mots cruels résonnaient dans ma tête, se gravant dans mes os. *Arrêter de faire perdre leur temps à tout le monde. En finir.* La pièce a commencé à tourner plus vite. Le bip des machines est devenu un rythme frénétique et faiblissant. Ma respiration s'est bloquée. C'était exactement ce qu'il voulait. Je perdais du temps.

« Elle est en train de lâcher ! » a crié quelqu'un.

Une vague d'obscurité m'a submergée. Je me sentais glisser, entraînée par un courant sombre. Mais alors, quelque part au fond de moi, une minuscule étincelle s'est allumée. Une étincelle de défi. *Je ne lui donnerai pas cette satisfaction. Je ne mourrai pas pour lui. Je ne le laisserai pas gagner.*

Je me suis agrippée à quelque chose, n'importe quoi, me forçant à me battre. Mes yeux se sont fermés hermétiquement.

« Elle est partie », a murmuré une voix.

Mais je n'étais pas partie. Pas encore. Je vivrais. Je vivrais pour lui faire regretter chaque mot. Je vivrais pour lui montrer ce qu'était la véritable indépendance. Et ce ne serait pas sans lui, ce serait malgré lui.

J'ai senti une secousse, un choc électrique. Mon corps s'est arqué. J'ai entendu des cris étouffés. Mais j'étais déjà partie, avalée par les ténèbres, une nouvelle résolution se durcissant dans mon cœur silencieux.

            
            

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