Chapitre 5 C'est notre nuit de noces

À l'autre bout de la ligne se trouvait Simon Morgan, un ami proche d'Adrian.

Il avait l'air à la fois impressionné et amusé. « Mec, je dois te tirer mon chapeau. C'était malin. Tu t'es débarrassé de l'emprise de la famille Knight et tu es même parvenu à te débarrasser d'Alice. »

C'était le plan d'Adrian depuis le départ.

Sa mère défunte avait arrangé ce mariage alors qu'il n'était encore qu'un bébé.

Même si elle était morte depuis longtemps, il ne pouvait pas se résoudre à aller à l'encontre de ses souhaits.

Pourtant, l'idée de passer sa vie avec une personne qu'il ne connaissait même pas ne lui plaisait pas.

Si elle décidait d'y mettre fin de son propre chef, ce serait la meilleure issue, se disait-il.

À travers la porte vitrée du balcon, Adrian a aperçu Sophie, qui suspendait soigneusement sa veste de costume au porte-manteau. Elle devait se mettre sur la pointe des pieds pour y arriver.

Il a gardé le silence un moment avant de répondre : « Elle ne m'a pas encore largué. »

Simon, qui se préparait à pester contre les filles gâtées de la haute société, s'est interrompu net.

« J'ai entendu dire qu'elle racontait partout qu'elle n'épouserait jamais un homme défiguré comme toi, si les Knight n'étaient pas immensément riches. Ne te laisse pas avoir par son petit jeu, mec. Les filles riches sont toutes les mêmes : fausses et uniquement intéressées par l'argent. »

Adrian tapotait légèrement la balustrade du balcon du bout des doigts. « Peut-être. »

Simon a continué à parler sans s'arrêter. « Crois-moi, Alice ne va pas rester longtemps. La seule manière pour qu'elle reste, c'est qu'elle se rende compte que tu n'es pas fauché et que tu n'as pas de cicatrices... »

« Ça suffit. » La voix d'Adrian a tranché, calme mais ferme. « Quelle est la situation à l'entreprise ? »

...

Quand Adrian a mis fin à l'appel, il était tard.

Étant donné que l'appartement ne disposait que d'une seule salle de bain, Sophie lui a gentiment proposé : « Tu peux prendre ta douche en premier. »

Adrian n'a pas discuté et est entré sans rien dire.

Dès que la porte s'est refermée, Sophie s'est ruée dans la chambre. Elle a pris son oreiller et sa couverture, puis les a posés sur le canapé du salon, se préparant un petit nid douillet pour la nuit.

Certes, ils étaient légalement mariés, mais dans son cœur, Adrian était toujours un étranger. Dormir dans le même lit était hors de question.

Une fois son lit de fortune prêt, elle est retournée dans la chambre pour changer les draps.

Elle venait de finir de lisser le dernier pli lorsqu'une voix grave s'est fait entendre derrière elle.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

Elle a sursauté, s'est retournée et s'est figée.

Adrian se tenait là, tout juste sorti de la douche, le torse nu encore humide, avec une serviette négligemment enroulée autour des hanches.

Son pied a glissé et elle a perdu l'équilibre.

Adrian s'est précipité pour la soutenir, mais son poids soudain l'a entraîné dans sa chute et ils ont tous deux roulé sur le lit.

Il s'est rattrapé en plaçant ses bras de chaque côté d'elle, la laissant coincée sous lui. Ses paumes avaient atterri sur son torse, et elle pouvait sentir les battements forts et réguliers de son cœur contre sa peau, la chaleur qui se dégageait de son corps lui faisant rougir les joues.

Agitée, elle a enlevé ses mains comme si elle avait touché du feu, le visage rouge vif.

L'odeur du savon propre et de la peau chaude lui remplissait la tête, la rendant étourdie.

« Tu... tu... », a-t-elle balbutié d'une voix à peine audible.

Adrian a plissé les yeux en l'observant.

Tout ce qu'il savait de sa nouvelle épouse se résumait à ce que Simon lui avait dit.

Selon Simon, Alice était superficielle, aimait attirer l'attention et avait une longue liste d'ex.

Mais cette fille ? Elle rougissait comme une folle au moindre contact.

Faisait-elle semblant ?

Voulant la tester, Adrian s'est appuyé sur un bras, a attrapé son poignet de l'autre et a pressé sa main contre sa poitrine.

« C'est notre nuit de noces », a-t-il murmuré avec un léger sourire taquin, tout en rapprochant son visage du sien. « Pourquoi es-tu si nerveuse ? »