Le Cœur Qu'il n'a Jamais Su Aimer
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Chapitre 2 Chapitre 2

- Je dois y aller. Peux-tu garder Leo ? Je ne sais pas combien de temps je vais rester là-bas, dis-je d'une voix distraite en attrapant mon sac.

- Bien sûr. Je resterai jusqu'à ce que ma mère puisse prendre le relais, répondit Harry. Ses mots se perdirent dans le bourdonnement qui emplissait mes oreilles.

Je ne garde qu'un souvenir flou de mon au revoir à Leo. L'instant d'après, j'étais déjà dans ma voiture, filant vers l'hôpital. Mes pensées tournaient en boucle, m'entraînant vers un passé que j'aurais préféré oublier.

Enfant, j'avais toujours eu le sentiment d'être transparente. Maya, ma sœur aînée, était la petite princesse de mon père. Stanley, mon frère, le fils adoré de ma mère. Et moi ? J'étais simplement Ava, celle qui n'appartenait à personne. J'avais beau me dépasser à l'école, au sport, dans toutes les activités possibles, je restais en marge, étrangère à ma propre famille.

Neuf ans plus tôt, ce lien déjà fragile s'était définitivement brisé. Stanley m'adressait rarement la parole, ma mère me contactait seulement quand elle n'avait pas le choix, et Maya... Maya m'avait rayée de sa vie. Ses derniers mots résonnaient encore : Tu es morte pour moi. Je n'ai plus de sœur.

Et maintenant, mon père gisait entre la vie et la mort. Devrais-je ressentir de la tristesse ? De l'effroi ? Pourtant, il n'y avait en moi qu'un vide désarmant. Comment pleurer un homme qui ne m'avait jamais accordé de place dans son cœur ?

Je roulai sans même voir la route, l'esprit envahi par ces pensées. Toujours ce même sentiment d'exil : rejetée par ma famille, rejetée par mon mari, rejetée par sa propre famille à lui. Le seul à m'aimer sans condition restait Leo.

L'hôpital apparut bientôt. J'entrai dans le hall, le souffle court.

- Je cherche Lester Evans, mon père. Il a été admis après une blessure par balle, expliquai-je à la réception.

- Un instant... La secrétaire tapa sur son clavier. Il est aux urgences, on le prépare pour une opération. Allez tout droit, la porte des urgences est au fond. Votre famille s'y trouve déjà.

Je remerciai d'un signe de tête et suivis le couloir. Chaque pas résonnait comme un battement de cœur précipité. Il s'en sortira. Il est fort. Il doit vivre, au moins pour Leo, me répétais-je.

Lorsque j'ouvris la porte, je vis ma mère et Stanley. Elle, effondrée, la robe tachée de sang, les yeux gonflés d'avoir trop pleuré. Lui, raide, tentant de rester solide pour elle.

- Maman, Stanley, dis-je doucement.

Ils levèrent les yeux vers moi, surpris. Je m'assis à leurs côtés.

- Que s'est-il passé ? Comment va-t-il ?

La voix de ma mère se brisa.

- Deux balles... l'une dans les poumons, l'autre dans le rein. Il rentrait des courses. On l'a transporté d'urgence. Les médecins vont l'opérer.

Je hochai la tête, impuissante. J'aurais voulu la prendre dans mes bras, mais je savais que mon étreinte ne serait pas désirée.

- Papa est fort. Il va s'en sortir, soufflai-je malgré tout.

Elle ne répondit pas, submergée de larmes.

Quelques minutes plus tard, on amena mon père, allongé sur un brancard. Ma mère et Stanley se précipitèrent vers lui, le suppliant du regard. Moi, je restai à ma place, figée, persuadée que mon visage n'était pas celui qu'il espérait voir. Sans doute aurait-il préféré Maya.

Je vis pourtant ses doigts effleurer la main de ma mère, ses lèvres articuler quelques mots à Stanley, puis il lui remit un document plié avant d'être emmené.

L'attente fut interminable. Nous restâmes assis dans un silence lourd, rythmé seulement par les pas que je faisais en rond ou par le café que je rapportai pour tromper l'impatience. Deux heures et demie passèrent ainsi, jusqu'à ce que le médecin entre enfin.

Son expression dit tout avant même qu'il ne parle.

- Il a fait un arrêt cardiaque. Nous avons tout tenté... Je suis désolé pour votre perte.

Le cri de ma mère déchira la salle, sauvage, insoutenable. Stanley la soutint avant qu'elle ne s'effondre avec lui. Ensemble, ils pleuraient l'homme qu'ils avaient perdu.

Quant à moi, je demeurai immobile. Mon père était mort. Et je savais ce que cela signifiait : Maya allait revenir.

            
            

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