__ Tu n'as pas compris que tu n'es pas notre fille biologique ?
__ Peu importe, papa, je suis de cette famille.
__ Mais arrête de m'appeler papa, car je ne le suis pas. Je ne suis pas ton père. Tu sais quoi, je n'ai pas de temps à perdre avec toi. Je reviendrai dans deux semaines et s'il te plaît, fais-moi le plaisir de libérer ma maison avant mon arrivée, sinon je m'en chargerai personnellement de te mettre à la porte comme un sac de patates.
__ Tu n'oseras pas, papa, tu ne peux pas me faire ça.
__ Mets-moi au défi et tu verras de quoi je suis capable, ma petite chérie.
Après sa dernière phrase, il quitte la chambre en claquant la porte derrière lui.
C'est quoi encore cette histoire ? Où veut-il que j'aille en sachant très bien que j'ai passé toute ma vie dans ce village, dans cette maison et je n'ai jamais eu d'autres familles qu'eux. Où veut-il que j'aille retrouver mes véritables parents ? Des parents qui m'ont abandonnée depuis toute petite ? Et le pire dans tout ça, je suis une malédiction pour eux. Ce sont ces mêmes parents que je vais rechercher ? Non, sûrement pas. Je ne ferai jamais ça. Je préfère mourir que de faire ça. Que la mort vienne me prendre seulement. Au moins là-bas, je verrai ma mère et nous pourrons de nouveau vivre ensemble.
Après le départ de mon père, je suis restée impuissante, impossible de prononcer un seul mot. Je ne m'y attendais pas du tout. Je suis très loin d'imaginer que mon père reviendrait me demander de libérer sa maison alors que maman est partie il y a juste quelques jours. Je n'ai nulle part où aller, mon Dieu souviens-toi de moi. Je n'en peux plus de cette souffrance. Aide-moi seigneur.
J'ai pleuré pendant plusieurs croyant que les pleurs peuvent résoudre mes problèmes mais non, je me réveille et la douleur est toujours là, présente dans mon cœur. Il faut que je fasse quelque chose avant que mon père ne revienne.
Je mets une robe noire et je sors de la maison. J'arrive chez mon oncle, le seul qui est un peu proche de nous. Je frappe à la porte et sa femme vient m'ouvrir.
– Yiska, qu'est-ce que tu fais par ici ?
– Bonsoir ma tante, je suis venue voir mon oncle. Il est là ?
– Oui, rentre s'il te plaît.
Elle me laisse entrer, mon oncle est assis dans le canapé. Je me jette à ses pieds en sanglots.
– Mon oncle s'il te plaît aide-moi.
Il me tient la main et me fait asseoir dans le canapé. Il demande à sa femme de m'apporter de l'eau à boire. Sa femme exécute, elle se précipite pour m'apporter un verre d'eau que je bois d'un seul coup mais j'ai toujours mal.
– Alors ma fille, tu vas mieux maintenant ?
– Un peu mon oncle, il faut que tu m'aides.
– Calme-toi d'abord, respire profondément et maintenant inspire.
J'ai fait exactement comme il me l'a demandé et j'avoue que ça m'a fait du bien. J'ai pu calmer mon esprit ne serait-ce que pour une seule seconde.
__ Maintenant, ça va, Yiska?
__Oui, ça va, mon oncle.
__Alors, tu peux maintenant parler. Dis-moi ce qui te met dans cet état.
Je prends une grande respiration avant de commencer à lui raconter tout ce que m'a dit mon père.
- C'est mon père, il veut que je libère sa maison en sachant très bien que je n'ai nulle part où aller. Mon oncle, aide-moi à le convaincre s'il vous plaît. Il ne peut pas me mettre à la porte. Il m'a dit qu'il veut mettre la maison en location.
__ Calme-toi, ma fille, si ton père a décidé de mettre sa maison en location, je n'y peux rien. C'est sa maison et il peut faire tout ce qu'il veut, qui suis-je pour l'en empêcher ? Laisse-le faire ce qu'il veut, Yiska. Libère sa maison.
__Quoi, mon oncle.
__ Oui, ma fille, je ne peux absolument rien faire pour t'aider. Je suis vraiment désolé. S'il veut que tu quittes sa maison, fais-le avant qu'il ne soit trop tard pour toi.
__ Et je peux quand même vivre ici avec vous ?
__ Ici ? Ah non, il est hors de question que tu viennes habiter ici. Tu n'as pas vu que j'ai une petite maison ? Il n'y a pas de place pour toi ici. Je suis désolé, ma fille. Par contre, si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, tu peux venir vers moi. Je peux t'aider, ma chérie.
__ Merci mon oncle, je dois partir maintenant.
__ Prends soin de toi, ma fille.
__ Merci mon oncle.
Je sors de chez lui et je laisse couler les larmes qui me menaçaient depuis un bon moment. Je retourne à la maison et je m'enferme à nouveau dans ma chambre. J'ai compris que je n'ai plus personne dans ce monde maintenant que maman est morte. Tout le monde me tourne le dos. Qu'est-ce que je ferai de ma vie ? Pourquoi suis-je le seul à souffrir dans ce monde ? Maman, s'il te plaît, reviens me prendre. Ma vie n'a plus de sens depuis ton départ. Personne ne m'aime comme toi tu m'as aimé. Personne ne se soucie de ce que moi je ressens au fond de moi. Je ne peux plus continuer comme ça. Et si vraiment papa me met à la porte, où est-ce que j'irai ?
Quelques jours plus tard
Je faisais la lessive quand mon père débarque. Je laisse ce que je fais pour le saluer.
__ Bienvenue papa.
__ Merci ma fille, s'il te plaît, suis-moi. J'ai quelque chose à te dire.
__ D'accord.
Je prie dans mon cœur qu'il abandonne l'idée de me mettre à la porte. Je l'ai suivi à l'intérieur. Il m'a fait asseoir sur une chaise.
__ Ma chérie, j'ai une proposition à te faire et si tu acceptes, je peux te laisser vivre dans cette maison autant que tu voudras.
__ Il s'agit de quoi, cette proposition papa?
Il reste silencieux pendant un moment avant de décider de parler. Pourquoi j'ai cette impression que sa proposition ne me plaira pas?
__ Je veux que tu sois ma maîtresse.
__ Pardon?
À suivre........