Je regarde autour de moi, la peur au ventre. Tout semble être calme. Je ramasse le peu de courage qui me restait et je prends la fuite, mais ma conscience ne me laisse pas tranquille. Je ne peux pas l'abandonner comme ça. Je ne suis pas une meurtrière. Je me suis juste défendue. Je n'aurais jamais imaginé que les choses finiraient de cette façon. Il faut que je demande de l'aide à mon oncle. Peut-être qu'il respire encore.
Je cours vers la maison de mon oncle, mais tout semble être calme. Je me jette sur la porte et je la frappe de toutes mes forces en demandant de l'aide.
__Y a-t-il quelqu'un ici ? Ouvrez-moi s'il vous plaît. C'est moi, Yiska. J'ai besoin d'aide pour sauver mon père. S'il vous plaît, ouvrez-moi.
Je continue de hurler, mais personne ne répond. Je me sens impuissante face à cette situation. Dans quel pétrin je me suis retrouvée.
Désespérément, je quitte la maison de mon oncle. Il est le seul qui pourra me venir en aide et voilà que je ne le vois nulle part. Qu'est-ce que je suis censé faire dans ce cas ?Une idée me dit de retourner dans notre maison et de voir si par miracle, mon père s'est réveillé. Je prie au plus profond de mon cœur que Dieu fasse un miracle. Je ne peux pas passer le reste de mes jours derrière les barreaux. Je suis très jeune et j'ai encore toute une vie devant moi. Il faut que je trouve un moyen coûte que coûte.
Je cours vers la maison, j'ouvre à peine le portail et là je tombe sur la femme de mon père. Dès qu'elle pose son regard sur moi, elle se met à hurler.
__Attrapez-la, c'est la meurtrière de mon mari. Elle l'a tué. Cette sorcière a fini par réaliser le souhait de sa défunte mère. Tu as tué mon mari et je jure que je vais te tuer aussi.
__Non, laissez-moi tout vous expliquer. Je ne l'ai pas tué. Il a failli me violer et moi je me suis juste défendue. Je vous jure.
__ Taie-toi, ferme-la, la police est déjà en route, tu vas passer ta misérable vie derrière les barreaux.
La police ? Oh non, je dois m'échapper d'ici avant qu'elle n'arrive. Je refuse d'aller en prison.
Je regarde à droite et à gauche, puis je prends la fuite. Je cours comme une folle en jetant de temps en temps un regard en arrière. Deux hommes sont à ma poursuite. Non, il faut que je redouble d'efforts. Il ne faut pas qu'ils me rattrapent. Je cours, encore et encore sans savoir où je vais. Seigneur, aide-moi, s'il te plaît, sauve-moi. Tu connais mon cœur. Toi seul peux comprendre ma situation. Tu dois agir, mon Dieu.
J'ai couru jusqu'à être de plus en plus fatiguée. Devant moi se trouve une grande forêt. Sans même réfléchir, je m'introduis dans la forêt sans penser aux dangers qui peuvent s'y trouver.
Je monte sur un arbre puis je me cache bien pour que personne ne me voie. Les hommes qui sont à ma poursuite m'ont perdue de vue et se sont retournés.
Merci Seigneur, merci d'avoir écouté ma voix. Merci de me protéger. Ça prouve que tu es avec moi. Je t'en remercie énormément. Maman, s'il te plaît, ne reste pas silencieuse. J'ai besoin de toi pour mener cette bataille. Aide-moi, s'il te plaît.
Il faut que je quitte ce village et le plus tôt sera le mieux.
J'ai attendu la tombée de la nuit avant de descendre de l'arbre. Je ne peux quand même pas passer la nuit dans cette forêt, les animaux sauvages pourraient finir par me dévorer. Ah non, je n'imagine même pas cette tragédie.
Je quitte la forêt discrètement et une idée me dit d'aller demander de l'aide à ma copine Flora. Elle m'a toujours soutenue. Nous avons grandi ensemble et elle est la seule amie à qui j'ai l'habitude de me confier. Peut-être qu'elle pourra m'aider à quitter ce village.
Je cherche le chemin qui mène à mon village et je me mets en route. Après avoir marché pendant une demi-heure, j'arrive enfin chez Flora. Tout le village semble calme, ce qui prouve que tout le monde est déjà allé au lit. Ma conscience me dit que je ne cours aucun danger.
Je prends une grande respiration avant d'avancer discrètement devant la fenêtre de la chambre où dort Flora. Elle a une chambre séparée et je connais bien la disposition de sa chambre. J'ouvre légèrement la fenêtre et je commence à l'appeler à voix basse.
__Flora, c'est moi, Yiska. Ouvre-moi s'il te plaît.
Je jette un œil dans la chambre et elle dort paisiblement. Je suis désolée, ma copine. Je suis désolée de déranger ton sommeil, mais il le faut. C'est une question de vie ou de mort et j'ai besoin de ton aide.
__ Flora, ma copine, ouvre-moi.
Il change de position sur le lit, puis elle remet sa couverture et continue son sommeil. Yiska, ça va aller. Ce n'est pas le moment de tout abandonner. Continue à insister, surtout ne te décourage pas.
Je trouve un objet par terre et je le ramasse rapidement. Je ne veux pas courir le risque de me faire prendre, mais là je dois m'attendre à tout.
Je lance l'objet en question dans la chambre pour que le bruit puisse m'aider à la réveiller et, Dieu merci, mon plan a marché. Elle se réveille en sursaut.
J'approche ma tête de la fenêtre pour qu'elle puisse me voir.
__ Flora, c'est moi, Yiska, ouvre-moi s'il te plaît.
__ Yiska ? Dit-elle d'un ton étonné.
__ Oui, c'est moi. Ouvre-moi s'il te plaît.
__ Mais qu'est-ce que tu fais là à cette heure de la nuit ?
__ Ouvre-moi d'abord et je te raconterai tout.
Elle saute du lit et ouvre la porte arrière pour moi. Je me précipite pour entrer. Je me jette dans ses bras en laissant couler mes larmes. Elle m'a également serré contre sa poitrine.
__ Calme-toi Yiska, mes parents pourraient t'entendre. Viens, assieds-toi et raconte-moi tout. Dis-moi que ce n'est pas vrai ce que tout le village raconte sur toi.
__ Tu n'as pas cru à cette rumeur, n'est-ce pas ?
__ Bien sûr que je ne crois pas un seul mot de tout ce que j'ai entendu sur toi. Alors c'est à toi de me raconter tout ce qui s'est passé.
Je respire profondément avant de prendre la parole. Flora mérite de connaître la vérité.
__ Eh bien, tout a commencé après la mort de ma mère. Un jour, j'étais à la maison quand mon père a débarqué. Ce jour-là, il m'a fait savoir qu'il veut mettre la maison en location et que je dois m'en aller de chez lui.
__ Quoi, ton père veut te mettre à la porte?
__ Exactement, au début je ne lui ai pas cru, alors je suis allée voir mon oncle pour qu'il puisse intervenir mais il m'a fait savoir clairement qu'il ne peut absolument rien faire pour m'aider. Quelques jours plus tard, mon père est de retour mais cette fois-ci, il n'a pas parlé de me mettre à la porte. Il m'a plutôt fait une proposition déplacée.
__ Il s'agit de quoi ?
__ Il me propose de devenir sa maîtresse. Tu t'imagines ?
__ Tu es sérieuse ?
__ J'étais hors de moi, je lui ai demandé de s'en aller mais non, il voulait coûte que coûte profiter de moi.
__ Il a voulu te violer ?
__ Oui, mais je ne lui ai pas laissé faire. Je me suis défendue comme je le pouvais. Et au moment où j'ai vu que la situation s'était empirée, je n'avais pas d'autre choix que de recourir à la violence. Oui, je lui ai donné un coup violent sur la tête avec une bouteille.
__ Mais tu as bien fait ma chérie, ça s'appelle légitime défense. Je ferai la même chose si j'étais à ta place. Ce cochon mérite plus que ça. Tu as bien fait ma chérie. Sache que tu peux compter sur moi.
__ Merci beaucoup Flora, je savais que tu n'allais pas me laisser tomber. Je t'en remercie beaucoup pour ça.
Pendant que je discute avec Flora, quelqu'un frappe à la porte.
Ôh mon Dieu, il s'agit de qui à cette heure ? La police m'a retrouvé ? Je suis foutue.
__ Yiska, cache-toi.
__ Mais où ?
__ Je ne sais pas, mais tu dois te cacher maintenant.
À suivre.....