Courtisée par l'Alpha: Clamer Béatrice
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Chapitre 5 Colin

Je relève la tête.

Elle entre.

Mon souffle se fige une fraction de seconde, imperceptible aux yeux de quiconque... sauf peut-être aux siens, s'ils sont assez attentifs.

Cette démarche hésitante. Ce visage. Ces yeux.

- Cynthia...

Le nom m'échappe, plus bas qu'un murmure. Pas une invocation, plutôt une reconnaissance brute, instinctive, surgie de ce gouffre de mémoire où je croyais avoir tout enfoui.

Mais elle fronce les sourcils. Rien dans son regard ne me dit qu'elle se souvient. Elle n'a aucune réaction.

Sauf... ce frémissement léger, ce battement précipité de son cœur. J'entends tout. Je sens tout.

Béatrice, se présente-t-elle.

Béatrice.

Ce nom roule dans mon esprit, et déjà je le confronte à l'autre. Cynthia. Béatrice. Cynthia. Béatrice. Les deux se superposent, se confondent, se repoussent. L'une est un souvenir fiévreux, une nuit de pur chaos. L'autre, une vérité polie, officielle, portée par le ton ferme de cette jeune femme qui est, semble-t-il, ma nouvelle stagiaire.

Mais je sais. Mon corps sait. Mon âme aussi.

Je répète lentement :

- Béatrice...

Mes lèvres goûtent le mot, et mes sourcils se froncent. Comme si j'essayais de vérifier si la sonorité correspond à ce qu'elle dégage. Et pourtant, elle ne dégage rien. Pas une note d'aura, pas une trace de phéromone. C'est un vide. Une absence.

Impossible. Une femelle Alpha Divine ne passe jamais inaperçue.

Ma mère me l'a même confirmé : Béatrice Jimenez est des nôtres. Descendante de la lignée Divine tout comme Tony Jimenez, qui est son cousin...

Alors, comment expliquer ce paradoxe ? Cynthia était humaine. Faible, fragile, effrayée... et pourtant flamboyante dans la manière dont elle m'avait séduite cette nuit-là. Et Béatrice, aujourd'hui, se présente à moi comme une simple stagiaire, aura parfaitement étouffée, parfumée d'un voile neutre qui n'a rien d'accidentel. Certaines femelles alpha masquent leur odeur quand elles ne veulent pas que les mâles alpha les incommodent... c'est sans doute son cas.

Je l'observe.

Je la sonde.

Ses mains tremblent sur la tablette qu'elle tient, et ses yeux m'évitent, mais je perçois chaque secousse infime de son corps. Chaque variation dans son souffle. Elle me sent. Oh oui... elle réagit.

Je me lève lentement et je contourne mon bureau pour venir la prendre cette main qu'elle me tend et la serrer. Une part de moi a besoin de la toucher. Une part de moi croit encore à un mirage.

Aussitôt que nos mains se touchent je ressens un petit choc électrique et elle aussi... Cela s'était déjà produit...lors de notre première rencontre... quand j'avais voulu lui ouvrir la portière du taxi. Elle avait avancé sa main en même temps que moi et nous avions tous les deux ressenti un choc électrique quand ses doigts avaient effleuré le dos de ma main.

Comme ce fameux soir, je me sens irrésistiblement attiré par elle.

J'ai envie de l'embrasser.

La toucher.

La serrer dans mes bras.

La conduire prendre ici et maintenant et la baiser.

Je retire ma main et je m'efforce de ne pas laisser voir comme ma queue frétille dans mon pantalon, juste de l'avoir touchée. Je lui désigne la chaise, me montrant cordial.

Je la regarde aller s'asseoir, médusé. Ses manières, ses gestes, même sa manière de bouger... est la même. C'est bien elle! Ma Cynthia! Seulement elle porte aujourd'hui un autre nom... et elle n'est plus humaine, mais Alpha! Une Femelle, et donc une Consorte Divine.

C'est à n'y rien comprendre!

Je m'assois sur la chaise voisine de la sienne, que je tourne vers elle, et je continue de l'observer.

Que s'est-il passé entre le moment de notre première rencontre et aujourd'hui... ?

Et alors, soudain, le souvenir me revient avec une clarté brutale.

La morsure.

Cette fameuse nuit.

J'avais cru l'avoir seulement effleurée, un geste presque innocent dans la passion du moment. Mais la pression, le goût de son sang... Peut-être avais-je mordu plus fort que je ne le pensais. Cela expliquerait cette transformation, ce feu nouveau, cette puissance qu'elle dégage aujourd'hui.

Et si tout venait de là ?

Si c'était moi qui l'avais changée ?

Mon cœur bat si fort dans ma poitrine à cette pensée.

Je me redresse légèrement sur mon siège, la gorge serrée. L'air entre nous est saturé. Elle tente de se concentrer, ses doigts tapent maladroitement sur la tablette, mais je sens son trouble comme une décharge électrique.

Cette femme est ma compagne prédestinée et je l'ai mordue.

Si ma supposition est exacte, si elle est devenue Divine non pas parce qu'elle est la cousine de Tony, mais par ma faute... alors elle et moi sommes liés par cette morsure... unis à jamais.

Si c'est l'cas, elle doit bien le sentir elle aussi...ce lien dans l'invisible, entre nous.

Je suis presque sûr que je l'affecte au moins autant qu'elle m'affecte même si elle n'en laisse rien filtrer. Mais je ne peux être totalement sûr comme elle utilise une astuce pour dissimuler son odeur, bollocks!

Alors je décide de tester.

Je module ma voix, volontairement.

- Béatrice... dis-je encore, mais cette fois sur un ton plus grave, plus velouté, saturé d'autorité.

Son cœur rate un battement. Ses doigts se crispent sur sa tablette. Ses yeux, malgré elle, cherchent les miens avant de se détourner précipitamment.

Un sourire intérieur m'effleure.

C'est elle.

Même sans odeur. Même sans aura.

C'est elle.

Et nous sommes liés.

Je ressens une joie intense en y songeant. Une joie que je me fais violence pour lui dissimuler, parce que je ne veux pas l'effrayer. Elle a déjà disparu une première fois et j'ai eu tant de mal à la retrouver!

Je continue donc de parler, et je reste très professionnel, sur un ton parfaitement neutre : le système de justice Alpha, les dossiers, les protocoles, le travail qu'elle aura à fournir. Son regard s'éclaire à la mention de ma mère. Elle semble avoir une grande admiration envers elle. Parfais! Si elle s'entend déjà avec ma mère, c'est fantastique!

Hmmm... en fait, maintenant que j'y songe, ma mère avait déjà tenté de jouer les cupidons entre moi et une des cousines de Tony. Mais les seules de ses cousines dont j'avais connaissance, c'était la top modèle et l'autre... la nymphomane! Alors très franchement, ça ne me disait rien! Mais et si c'était de Béatrice dont il s'agissait

Du coup, je me sens stupide d'avoir refusé d'aller à ce rancard que ma mère avait organisé il y a deux ans...

Face à moi, je peux sentir que Béatrice réagit à chacun de mes gestes, chacune de mes phrases. Et même qu'elle tente de lutter contre cette attraction entre nous! Tout en elle lui souffle de se soumettre à moi.

Je suis son Alpha. C'est indéniable. Son compagnon prédestiné.

Peut-être même sommes-nous déjà liés... mais elle résiste!

Elle refuse de se soumettre. À moi! Qui suit pourtant un Divin!

Hmmm... mais elle ne serait pas digne d'être ma compagne si elle n'avait pas cette force intérieure et cette capacité de me résister! me dis-je en moi-même avec un brin de fierté.

Je continue à jouer ce petit jeu de séduction qui m'amuse énormément dans l'invisible. Entre chaque phrase, tout en me penchant au-dessus de son épaule pour lui montrer quelque chose à l'écran, je glisse des intonations. Une variation subtile, une inflexion plus chaude, presque caressante. Une descente plus basse, vibrante, qui touche ses nerfs à vif.

Et elle réagit. À chaque fois.

Je la sens frissonner, mon souffle chaud sur sa nuque.

Ses pupilles se dilatent.

Son souffle s'accélère.

Ses jambes croisées se serrent un peu plus.

Je n'ai plus aucun doute : elle lutte contre ce que je déclenche en elle.

Mais alors pourquoi ne se souvient-elle pas ?

Je recule sur ma chaise, parlant encore, mes mots effleurant à peine le sujet du travail. Je m'écoute à peine. Mon esprit est ailleurs. J'analyse. Je compare.

Cynthia.

Béatrice.

Une humaine. Une Alpha divine.

Deux identités, une seule femme.

La morsure.

Cette nuit.

Cette fusion.

Je croyais l'avoir à peine mordillée, un simple effleurement dans la chaleur de l'instant. Mais plus j'y pense, plus je revois ce moment... le goût métallique, la résistance de sa peau, ce cri étranglé. Non. Ce n'était pas un jeu. Pas une caresse. J'ai mordu plus fort que je ne l'avais cru.

Je parle encore, mais ma voix n'a plus rien de neutre. Elle est un piège, un filet invisible. Et elle, sans le vouloir, s'y empêtre un peu plus chaque seconde qui passe.

Je pourrais continuer ce jeu indéfiniment. La voir lutter contre ce qu'elle ressent, tout en feignant l'indifférence. Mais une part de moi brûle d'autre chose : d'arracher ce voile. De briser ce silence.

Car elle est mienne.

Je le sais.

Je le sens.

Et même si elle tente de me fuir dans ce silence professionnel, même si elle m'ignore derrière des phrases mesurées, je vois tout. Je sens tout.

Cynthia.

Béatrice.

Peu importe le nom qu'elle choisit.

Elle est à moi.

            
            

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