Chapitre 4

Une semaine plus tard, Alexandre essayait de reprendre une vie normale. Il s'était plongé dans le travail, enchaînant les réunions pour ne pas avoir à penser. Un soir, pour célébrer un nouveau contrat, Théo l'a entraîné dans un restaurant chic du centre-ville.

Alors qu'ils attendaient leur table, Alexandre les a vus. Léa et Marc. Ils étaient attablés à l'une des meilleures tables, près de la fenêtre, riant bruyamment, une bouteille de champagne ouverte devant eux. Léa portait une nouvelle robe, très chère. Marc avait une montre de luxe au poignet qu'Alexandre ne lui avait jamais vue. Il a compris immédiatement. C'était son argent. Le reste de l'argent qu'il avait donné à Léa pour \"son entreprise\".

Le dégoût l'a submergé. Théo a suivi son regard et a juré à voix basse.

« Merde. On s'en va. »

« Non », a dit Alexandre, sa voix dure. « Je ne vais pas fuir. C'est mon restaurant préféré. Pas le leur. »

Ils ont été conduits à leur table, de l'autre côté de la salle. Alexandre a fait de son mieux pour les ignorer, pour se concentrer sur sa conversation avec Théo. Mais il sentait leurs regards sur lui.

Finalement, Marc s'est levé et s'est dirigé vers leur table, un verre de champagne à la main. Il se balançait légèrement, déjà éméché.

« Tiens, tiens. Alexandre Dubois en personne. Alors, on noie son chagrin ? » a-t-il lancé, son ton plein de sarcasme.

Alexandre n'a pas levé les yeux de son assiette.

« Va-t'en, Marc. »

« Oh, on fait la tête ? Il ne faut pas être mauvais perdant, mon vieux. Tu as perdu la fille. C'est le jeu. »

Théo s'est levé à moitié de sa chaise.

« Casse-toi, Fournier, ou je te refais le portrait. »

Marc a gloussé, ignorant Théo. Il s'est penché vers Alexandre.

« Tu sais, tu devrais nous remercier. On t'a débarrassé d'un mariage ennuyeux. Mais toute cette histoire, l'annulation, le scandale... ça nous a causé beaucoup de stress, à Léa et à moi. »

Il a fait une pause, savourant son effet.

« On s'est dit qu'une petite compensation financière serait la bienvenue. Pour le préjudice moral, tu comprends. Disons... cent mille euros ? Ce n'est rien pour toi. »

Alexandre a finalement levé la tête. Il a regardé Marc, non pas avec colère, mais avec une sorte de curiosité clinique, comme on observe un insecte répugnant. L'audace, le culot de cet homme était sans limite.

« Tu es en train de me demander de l'argent ? »

« Je ne demande pas. Je suggère. C'est une façon de tourner la page proprement. Sinon, qui sait ce que Léa pourrait raconter à la presse ? Elle est si... émotive. »

C'était du chantage. Pur et simple.

Alexandre a regardé par-dessus l'épaule de Marc, vers Léa. Elle les observait, un petit sourire satisfait aux lèvres. Elle était complice. Bien sûr qu'elle l'était.

Théo était sur le point d'exploser, mais Alexandre lui a fait un signe discret de la main pour qu'il se calme. Il a ensuite reporté son attention sur Marc.

« Tu parles de votre 'stress'. Mais tu as oublié quelque chose, Marc. Ton 'prêt' de cinquante mille euros que je t'ai fait il y a six mois. »

Le sourire de Marc s'est légèrement crispé.

« C'était un investissement... »

« Un investissement qui, curieusement, n'a jamais vu le jour », a poursuivi Alexandre, sa voix glaciale. « J'ai fait quelques recherches. La société dans laquelle tu étais censé investir n'existe pas. C'est ce qu'on appelle une escroquerie, Marc. C'est un délit pénal. »

Le visage de Marc a perdu ses couleurs.

« Alors voilà ce qu'on va faire », a continué Alexandre en se levant lentement. « Tu vas retourner à ta table. Tu vas finir ton champagne hors de prix. Et demain matin, à neuf heures, j'attends un virement de cinquante mille euros sur mon compte. Sinon, mon avocat, qui a déjà préparé le dossier, le déposera au tribunal. Est-ce que c'est clair ? »

Marc est resté bouche bée, incapable de formuler une réponse.

« Quant à ta 'compensation' », a ajouté Alexandre avec un mépris glacial, « tu peux toujours rêver. »

Il a dépassé Marc sans lui accorder un autre regard et s'est dirigé vers la sortie. Théo l'a suivi, un large sourire sur le visage.

« C'était magnifique », a dit Théo une fois dehors.

Alexandre n'a pas souri. Il se sentait juste vide. Il venait de comprendre que ce n'était pas seulement une trahison amoureuse. C'était une tentative d'arnaque bien organisée. Et il en avait été la cible depuis le début.