Après le départ d'Antoine, je suis restée longtemps immobile sur le canapé.
Le silence de l'appartement était assourdissant. Mes yeux se sont posés sur le mur du salon, où trônait une immense photo de nous deux, prise lors de nos premières vacances en Italie. Nous étions jeunes, souriants, visiblement amoureux.
Cette image me paraissait maintenant grotesque, une mise en scène.
Je me suis levée et je suis allée dans notre chambre. Son odeur était encore là, sur les draps, sur son oreiller. Une odeur que j'avais aimée, qui me rassurait. Maintenant, elle me donnait la nausée.
Pourquoi ?
C'était la seule question qui tournait en boucle dans ma tête.
Pourquoi m'avait-il fait ça ? Après tout ce que j'avais fait pour lui, tout ce que nous avions construit ensemble.
Était-ce l'âge ? Ces cinq ans qui, soudainement, semblaient être devenus un fossé infranchissable à ses yeux ? Ou était-ce le succès ? Le succès que je lui avais offert sur un plateau et qui lui avait donné l'impression que tout lui était dû ?
Et cette fille, Léa Martin. Qui était-elle ? Une étudiante, une mannequin, une groupie ?
Je me suis assise sur le bord du lit, la tête entre les mains. Je cherchais dans ma mémoire un indice, un moment où j'aurais pu voir les signes. Il y en avait eu, bien sûr. Des absences plus fréquentes, des secrets, une distance subtile qui s'était installée entre nous. Mais j'avais mis ça sur le compte du stress, de la pression du prochain vernissage. J'avais été aveugle.
Léa Martin.
Ce nom me disait quelque chose. J'en étais sûre. Ce n'était pas juste un nom vu sur un relevé bancaire.
J'ai fermé les yeux, forçant ma mémoire à travailler. Des images, des conversations, des visages ont défilé dans mon esprit.
Et puis, soudain, un flash.
Une image claire, nette. Un souvenir que j'avais enfoui.
Ce n'était pas à une soirée, ni à un vernissage. C'était dans un endroit beaucoup moins glamour.
Le commissariat de police du 10ème arrondissement.
Mon cœur a raté un battement.
Je me suis redressée d'un coup. C'était ça. Bien sûr. Comment avais-je pu oublier ?
J'ai attrapé mon téléphone, mes doigts tremblaient légèrement. J'ai tapé son nom, « Léa Martin », dans la barre de recherche d'Instagram.
Son profil était public. Des centaines de photos d'une jeune femme posant dans des tenues diverses, des selfies, des photos de soirées.
Et parmi ces photos, une, prise il y a environ six mois. Elle était devant le commissariat du 10ème. La légende disait : « Parfois, les mauvaises rencontres mènent aux meilleures. Merci à l'ange gardien qui m'a sortie de là. »
Je n'avais plus aucun doute.
J'avais rencontré la maîtresse de mon compagnon bien avant de savoir qu'elle existait. Et les circonstances de cette rencontre rendaient la trahison encore plus sordide.