Le lendemain, les réseaux sociaux étaient inondés de photos du gala.
Léo et Chloé, côte à côte. Il la regardait avec une adoration que je n'avais jamais vue dans ses yeux quand il me regardait. Ils riaient avec les mêmes personnes, partageaient les mêmes blagues.
Sur aucune photo, dans aucune légende, mon nom n'apparaissait. Je n'existais pas. J'étais l'ombre derrière le rideau.
J'ai éteint mon téléphone. C'était une torture que je m'infligeais. Je devais arrêter.
On a sonné à la porte. Un livreur.
Léo, qui venait de se lever, a ouvert. « Ah, mon petit-déjeuner ! J'ai une faim de loup. »
Le livreur, embarrassé, a dit : « C'est pour Mademoiselle Dubois. Un gâteau. Joyeuse Sainte-Catherine. »
Léo s'est figé. Il s'est tourné vers moi, la culpabilité peinte sur son visage.
« Merde... Amélie, je... j'ai complètement oublié. Je suis un idiot. »
Il a essayé de me prendre dans ses bras. Je l'ai repoussé.
« Ce n'est pas grave. »
« Si, c'est grave ! Allez, habille-toi, on sort. Je vais me faire pardonner. »
J'ai refusé. Il a insisté, supplié. J'ai fini par céder, épuisée.
Il m'a emmenée faire les boutiques les plus chères de la ville. Il essayait d'acheter mon pardon.
Devant une vitrine, j'ai remarqué un collier délicat. Je ne l'ai regardé qu'une seconde. Léo l'a vu. Il est entré dans la boutique, a parlé au vendeur, a sorti sa carte de crédit.
Il voulait m'acheter un collier à plusieurs milliers d'euros, mais il n'avait pas pu se souvenir d'une simple date.
J'ai compris. Son attention, ses cadeaux, sa culpabilité... tout était lié à la présence de Chloé. Il voulait se donner bonne conscience. Apaiser la petite amie de l'ombre pour pouvoir se consacrer pleinement à son véritable amour.
Il a dû voir mon manque d'enthousiasme.
« Ce soir, on va à une fête chez un coéquipier. Je vais te présenter à tout le monde. Officiellement. »
J'ai été surprise. Après six ans de secret, pourquoi maintenant ? Juste au moment où j'allais partir. L'ironie était cruelle.
Nous sommes arrivés à la fête. C'était une villa magnifique avec une piscine. Et c'était une fête surprise. Pour moi. Des ballons, un gâteau avec mon nom. Ses coéquipiers criaient « Surprise ! ».
Et au milieu du salon, un verre à la main, se tenait Chloé Fournier.
Elle s'est approchée de Léo, l'a embrassé sur la joue. Puis, son regard s'est posé sur moi. Un sourire carnassier.
« Léo, tu ne me présentes pas ? »
Elle m'a dévisagée de la tête aux pieds.
« C'est fou, » dit-elle d'une voix forte pour que tout le monde entende. « On dirait ma petite sœur. Tu as toujours eu un faible pour les brunes, n'est-ce pas ? »