Elle s'est arrêtée dans une ruelle sombre, le dos contre un mur froid, et elle s'est effondrée. Les larmes qu'elle avait retenues si longtemps ont coulé, silencieuses et brûlantes.
Son téléphone a vibré. Encore Chloé.
« Il est incroyable. Il m'a dit qu'il n'avait jamais ressenti ça avec personne. Il te quitte après le mariage. Il faut juste sauver les apparences pour sa famille. »
La colère a remplacé la douleur. Une colère froide, déterminée.
Elle a éteint son téléphone. Elle a essuyé ses larmes, s'est recomposée. Puis, elle est retournée à leur appartement.
Étienne était là. Il n'avait pas le flacon de parfum. Il avait l'air coupable.
« Mon amour, je suis désolé. Le flacon... il avait un défaut. Une fissure. Je l'ai renvoyé. Je ne pouvais pas t'offrir quelque chose d'imparfait. »
Le mensonge était si flagrant, si insultant.
Amélie l'a regardé droit dans les yeux.
« Je le voulais, Étienne. Même avec un défaut. Je le voulais. »
C'était un test. Un dernier test.
« Non, tu mérites la perfection, » a-t-il insisté. « Je t'achèterai autre chose. Le plus beau collier de la Place Vendôme. »
Il ne comprenait pas. Ou il ne voulait pas comprendre. Il ne s'agissait pas du prix, mais du symbole.
Elle a réalisé à cet instant que son cœur n'était plus avec elle. Il appartenait à une autre. La chaleur qu'elle sentait autrefois dans son regard avait disparu, remplacée par un vide poli.
« Je ne veux pas du collier, » a-t-elle dit, sa voix plate.
Elle s'est détournée de lui, se dirigeant vers la porte.
« Amélie, attends ! »
Il a tenté de la suivre. En sortant de l'immeuble, elle l'a vue. Chloé. Elle attendait dans une voiture, au coin de la rue. Et autour de son cou, suspendu à une chaîne en or, se balançait le flacon de parfum. La preuve visuelle, indéniable.
Étienne l'a vue aussi. Il s'est figé.
Il s'est précipité vers la voiture de Chloé, furieux.
« Qu'est-ce que tu fais ici ? Je t'avais dit d'attendre ! Tu as dépassé les bornes ! »
Chloé a souri, imperturbable.
« Je suis désolée, chéri. Je voulais juste te faire une surprise. Pour me faire pardonner, je t'ai réservé une suite au Ritz. Juste pour nous deux. »
Son regard était une invitation, une promesse.
Amélie a vu l'hésitation d'Étienne. La lutte entre sa colère et son désir. Le désir a gagné.
Il a passé la nuit avec Chloé. Amélie est restée seule dans l'immense appartement, le silence pour seule compagnie.
Elle a commencé les préparatifs. Elle a sorti une boîte. À l'intérieur, des années de souvenirs. Des lettres, des photos, des petits cadeaux. Elle a tout jeté dans la cheminée. Elle a regardé les flammes consumer son passé, effaçant toute trace de son existence avec lui.
Elle a pris le collier de famille, celui de la demande en mariage. Elle l'a jeté à la poubelle. Un geste de rejet final, de libération.
Quand Étienne est rentré au petit matin, il a trouvé l'appartement vide de souvenirs, et Amélie assise dans le salon, calme.
« Qu'est-ce que tu as fait ? Où sont nos photos ? Le collier ? »
Il était bouleversé, paniqué.