Chloé s'est approchée d'eux, sa démarche délibérément lente et provocante. Elle s'est installée sur le canapé à côté d'Étienne, créant un malaise immédiat. Les amis d'Étienne ont échangé des regards gênés.
« Tiens, tiens, Chloé Martin, » a dit l'un d'eux. « Quelle surprise. »
Les rumeurs sur sa relation avec Étienne circulaient dans leur cercle, mais personne n'osait en parler ouvertement. C'était une règle tacite pour protéger le nom de Valois.
Chloé a ignoré les amis. Elle a posé sa main sur le bras d'Étienne, un geste possessif.
« Étienne, chéri. Je ne savais pas que tu serais là. »
Il a tenté de retirer son bras, mais elle a resserré sa prise. Il a cédé. Aux yeux de tous, il était piégé.
Amélie a détourné le regard. Elle s'est concentrée sur sa respiration, luttant pour ne pas laisser paraître la tempête qui faisait rage en elle. Elle a senti ses ongles s'enfoncer dans la paume de sa main, une douleur physique pour masquer la douleur émotionnelle.
Son attention a été attirée par un événement qui se déroulait dans la boutique : une vente aux enchères privée pour une œuvre de charité. Le commissaire-priseur présentait un objet unique : un flacon de parfum ancien, une création unique d'un maître parfumeur oublié. C'était un objet qui parlait à l'âme d'Amélie, un symbole de son art.
L'enchère a commencé. Étienne a levé la main.
« Cent mille euros. »
Chloé a ri.
« Cent cinquante mille. »
Une compétition absurde s'est engagée entre eux, sous les yeux d'une audience médusée. C'était une lutte de pouvoir, une démonstration de force.
« Tu sais que j'adore les objets qui ont une histoire, Étienne, » a murmuré Chloé, assez fort pour qu'Amélie entende. « Surtout quand ils appartiennent à quelqu'un d'autre. »
La provocation était claire. Étienne, le visage fermé, a lancé une offre finale.
« Un million d'euros. »
Le silence est tombé dans la pièce. Personne n'a surenchéri. Le flacon était à lui.
Il s'est tourné vers Amélie, ignorant Chloé.
« C'est pour toi, mon amour. Pour te prouver que tu es la seule qui compte. »
Puis il s'est levé. « Je dois régler ça. Attendez-moi. »
Il est parti vers le bureau du directeur. Chloé s'est levée aussi, a jeté un regard victorieux à Amélie, et l'a suivi.
Amélie est restée seule, au milieu des robes et des bijoux. Elle a ouvert sa main. Les marques de ses ongles étaient profondes, presque sanglantes. Elle s'est levée et a quitté la boutique, sans un mot.
Dehors, son téléphone a vibré. Un message de Chloé. Une photo. Le flacon de parfum posé sur une table de nuit. À côté, la main d'Étienne, reconnaissable à sa chevalière. Le message :
« Il dit que l'odeur de ce parfum lui rappelle notre première nuit. »
Amélie a senti son estomac se nouer. Poussée par une impulsion morbide, elle s'est dirigée vers l'hôtel particulier d'Étienne, non loin de là. La porte était entrouverte. Elle est entrée.
Depuis le couloir, elle a entendu leurs voix. Des rires. Des murmures. Elle s'est approchée de la chambre. La porte était entrouverte.
Elle les a vus. Sur le lit. Le flacon de parfum était posé sur la table de chevet, ouvert. L'odeur flottait dans l'air. C'était une scène d'une intimité crue, violente. Une vision qui s'est gravée dans sa mémoire pour toujours.