Chapitre 5 5

Ses sourcils se froncent sous ses cheveux sombres, surpris, et moi aussi de mes propres mots.

« Tu es sérieuse, Caroline ? »

Je n'aime pas la manière dont il prononce ça. Comment un homme peut-il en dire autant avec si peu de mots ? Peut-être que j'en lis trop, mais je ne suis certainement pas à l'aise avec la façon dont le photographe nous fait nous tenir si proches. Et pourtant...

Je déteste encore plus la chaleur qui monte en moi quand sa poitrine frôle mon dos. Et pire encore, quand il se penche vers mon oreille, ses lèvres à un pouce de ma peau, sa respiration caressant mon lobe, il murmure : « Créons un souvenir, d'accord ? »

C'est la dernière chose que j'entends avant le clic de l'appareil photo.

Caroline

« N'oubliez pas de lire jusqu'au chapitre six d'ici la fin de la semaine », dis-je en entendant une vague de protestations dans ma classe. Ils ont eu plus d'une semaine pour lire, mais je sens que la majorité a attendu la dernière minute. Et je suppose que je comprends. Ce n'est pas non plus mon roman préféré. Mais repousser ce qu'on doit faire ne fait que compliquer les choses sur le long terme.

Demandez-moi comment je le sais.

J'évite Austin depuis cinq jours, donc je devrais peut-être suivre mes propres conseils. Je dois juste récupérer les détails de ce projet de service communautaire des fêtes que nous devons réaliser ensemble. Travailler avec lui pendant deux semaines ne me tuera pas. Probablement.

Plus tôt dans la semaine, on s'était donné rendez-vous par mail pour se voir dans ma chambre après l'école, mais il est introuvable.

Je m'assois sur ma chaise, attrapant mon stylo préféré quand mon téléphone s'illumine.

Mack la Terreur :

Caroline, c'est Austin. Peut-on se retrouver au laboratoire ? L'expérience a dégénéré et je dois nettoyer.

Je recule de mon bureau, me demandant ce qui a bien pu mal tourner. Ce n'était pas censé être grave, vu qu'aucune alarme n'a retenti ni fumée ne s'est dégagée. J'imagine soudain une scène radioactive où il aurait les cheveux verts, comme le Grinch, bien que je ne sache pas ce qui aurait pu foirer à ce point dans une expérience de chimie. Cette idée me fait sourire.

Prise d'un cahier et d'un stylo, je descends dans le couloir désert, seul le bruit de mes bottes résonne sur le carrelage - des « chiots » ? C'est comme ça que la dame du magasin les appelle ? - Je croise un ou deux élèves qui quittent tranquillement les lieux, jetant un œil à leurs casiers pour vérifier qu'ils ont tout pris.

Je ne suis plus qu'à quelques casiers du labo quand mes pensées dérivent à la première semaine d'école. J'avais envisagé d'inviter Austin à déjeuner un jour, pour qu'il se sente bien accueilli, peut-être lui montrer comment utiliser le logiciel de notation en ligne, ou autre. Je voulais qu'il se sente aussi intégré que moi à mon arrivée dans cette école.