Chloé, ma charmante demi-sœur, s'est précipitée vers lui. Elle portait une robe en soie qui mettait en valeur sa silhouette parfaite, son visage un masque d'innocence et d'inquiétude.
« Marc, calme-toi ! Ce n'est qu'un influenceur idiot qui cherche à faire le buzz. »
Marc a passé une main tremblante dans ses cheveux. Il avait l'air plus vieux que ses trente ans. La culpabilité le rongeait, je le voyais.
« Il est dans l'atelier, Chloé ! Et si... et s'il trouvait quelque chose ? Il faut que ça s'arrête. Tout de suite ! Fais quelque chose ! »
« Faire quoi ? » a rétorqué Chloé, sa voix soudainement dure. « Appeler la police pour dénoncer une violation de propriété privée ? Tu veux attirer encore plus l'attention sur cette histoire ? Sois raisonnable. »
Le bruit a attiré mes parents hors de leur bureau. Mon père, un homme d'affaires imposant dont le visage était rougeaud à cause de l'alcool, et ma mère, une femme élégante et froide, obsédée par les apparences.
« Qu'est-ce que c'est que ce vacarme ? » a demandé ma mère, son regard se posant avec dégoût sur le verre brisé.
Chloé a immédiatement changé de visage. Ses yeux se sont remplis de larmes, ses épaules se sont affaissées. Elle s'est jetée dans les bras de ma mère.
« Maman... C'est Léa... Elle... elle nous hante encore... »
Elle a pointé un doigt tremblant vers l'écran de télévision.
« Cet homme... il est dans son vieil atelier. Il remue le passé. Les gens... ils disent des choses horribles sur elle, et ça me fait tellement de mal... Après tout, c'était ma sœur... »
Pathétique. Quelle actrice. Elle a toujours su comment les manipuler.
Ma mère l'a serrée contre elle, lançant un regard furieux à l'écran.
« Cette fille... même morte, elle continue de nous tourmenter. »
Mon père s'est servi un grand verre de whisky, l'a bu d'un trait, puis s'en est servi un autre. Son visage était sombre.
« Qu'elle pourrisse là où elle est. Si cet imbécile d'influenceur la trouve, qu'il lui dise de ma part d'aller au diable. »
Il a dit ça de moi. Son propre sang. L'enfant qu'il avait rejeté pour une histoire montée de toutes pièces par sa précieuse belle-fille.
Pendant ce temps, dans l'atelier, Antoine continuait son exploration.
« Regardez ça, les amis. »
Il a dirigé sa caméra vers un mur, près de l'endroit où se trouvait mon ancienne table de travail.
« Vous voyez ces marques sur le mur ? Des sortes de... griffures sombres. Et ces taches... On dirait presque... »
Il n'a pas fini sa phrase. Le chat en direct s'est enflammé.
« C'est du sang ? »
« Non, c'est de la vieille peinture, arrêtez de psychoter. »
« On dirait des symboles étranges. »
« Antoine, touche-les ! »
Antoine a hésité, puis a lentement tendu la main vers le mur. Je savais ce que c'était. Ce n'était pas de la peinture. C'était mon sang, séché. Les marques, c'étaient mes ongles qui avaient gratté le plâtre dans une agonie désespérée. Mais il y avait autre chose, des symboles que Chloé avait peints par-dessus plus tard. Des choses que je ne comprenais pas à l'époque.
Antoine a retiré sa main juste avant de toucher le mur, comme s'il avait senti une décharge d'électricité statique.
« Il y a une énergie vraiment bizarre qui se dégage de ce mur. C'est... très étrange. »
Il ne savait pas à quel point.