L'Humiliation d'une Fiancée Bafouée
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Chapitre 3

Les jours suivants ont été un cauchemar éveillé.

Antoine refusait de quitter l'appartement. Il dormait sur le canapé, me laissant des petits mots, des fleurs, des croissants de chez son fournisseur préféré, comme si des viennoiseries pouvaient effacer sa trahison.

Pendant ce temps, la machine à broyer s'était mise en marche.

La première chose qu'il a faite a été de m'écarter du « Cœur de Paris ».

Un matin, j'ai voulu me rendre au restaurant, dans mon laboratoire de pâtisserie. Le laboratoire que j'avais conçu, dessiné, équipé.

Le vigile à l'entrée m'a barré la route.

« Désolé, Madame Dubois. J'ai des ordres. Vous n'êtes plus autorisée à entrer. »

« Des ordres de qui ? C'est mon restaurant ! »

« Les ordres du Chef Lefèvre. »

J'ai vu Chloé passer derrière lui, son ventre déjà légèrement arrondi dans son uniforme de cuisine. Elle m'a jeté un regard furtif, un mélange de triomphe et de peur.

Antoine est sorti.

« Juliette, qu'est-ce que tu fais ici ? Ce n'est pas un endroit pour toi en ce moment. Tu as besoin de te reposer. »

« Rends-moi mes clés, Antoine. »

« C'est pour ton bien. »

La rage m'a étranglée. Il me volait mon travail, ma passion, et il osait appeler ça "mon bien".

Puis, la guerre médiatique a commencé.

Chloé, soudainement, n'était plus une apprentie naïve.

Elle a commencé à poster des photos sur Instagram.

Des photos d'elle dans la cuisine du « Cœur de Paris », l'air concentré.

Des photos d'elle et Antoine, souriants, avec des légendes comme « Un soutien infaillible dans la tempête ».

Une photo d'un plat qu'il avait créé, avec la mention « Dîner spécial pour prendre soin de nous. #futursparents ».

Chaque publication était une provocation délibérée.

Antoine m'appelait après chaque post.

« Ne regarde pas ça, mon amour. C'est juste pour les médias. Pour la calmer. Tu sais bien que c'est toi que j'aime. »

Sa voix suintait la fausseté. Il essayait de gérer deux réalités en même temps, pensant que j'étais assez stupide pour croire à son double jeu.

L'étape suivante a été financière.

Ma carte de crédit professionnelle a été refusée à la caisse d'un supermarché.

Gênée, j'ai appelé la banque.

« Bonjour, je suis Juliette Dubois. Ma carte a été bloquée. »

« Un instant, madame... Oui, je vois. Le compte joint de la société a été gelé sur ordre de Monsieur Lefèvre. Il est maintenant le seul signataire. »

Il me coupait les vivres.

Il pensait me mettre à genoux, me forcer à revenir en rampant.

Il sous-estimait ma colère. Il sous-estimait ma force.

Ce soir-là, en rentrant, je l'ai trouvé au téléphone dans le salon, le dos tourné.

« ...oui, engagez les meilleurs. Je veux la meilleure agence événementielle de Paris. Non, le budget n'est pas un problème. Ça doit être spectaculaire. Elle doit comprendre que je ne peux pas vivre sans elle. »

J'ai compris. Il préparait un grand coup. Une démonstration publique de son "amour" pour me piéger.

J'ai attendu. J'ai fait semblant de ne rien savoir.

Deux jours plus tard, mon téléphone a explosé de notifications.

Des articles de blogs, des tweets, des posts Instagram.

Antoine avait privatisé le Pont des Arts.

Il y avait des milliers de roses blanches, un orchestre à cordes, et un écran géant.

Sur l'écran, nos photos défilaient. Des photos de nos voyages, de nos réussites, de notre bonheur passé.

Au milieu du pont, il se tenait debout, un micro à la main, des caméras braquées sur lui.

Il parlait de notre amour, de son erreur impardonnable, de son repentir.

C'était un spectacle grandiose, obscène.

Puis, l'image sur l'écran géant a changé.

C'était une diffusion en direct. De l'entrée de notre immeuble.

Un livreur tenait une boîte en velours bleu.

La sonnette a retenti.

Je savais ce que c'était. Une bague. Une demande en mariage publique pour me forcer la main.

J'ai ouvert la porte.

Le livreur, mal à l'aise, m'a tendu la boîte.

Derrière lui, dans la rue, je voyais des gens s'arrêter, regarder leurs téléphones, puis me regarder moi.

J'étais le clou du spectacle d'Antoine.

J'ai pris la boîte.

Je n'ai même pas regardé le livreur. Mes yeux étaient fixés sur la caméra cachée que j'avais devinée dans le hall.

J'ai marché jusqu'à la fenêtre du salon, celle qui donnait sur la Seine, en direction du Pont des Arts.

Il était trop loin pour que je le voie distinctement, mais je savais qu'il me regardait sur son écran géant.

J'ai ouvert la fenêtre.

J'ai ouvert la boîte en velours. À l'intérieur, un diamant énorme scintillait.

Sans une seconde d'hésitation, j'ai jeté la bague dans la Seine.

Puis j'ai jeté la boîte.

Et j'ai fait un doigt d'honneur en direction du pont.

Mon téléphone a sonné immédiatement. C'était lui.

J'ai décroché.

« Juliette, qu'est-ce que tu fais ? Tu es folle ? »

Sa voix était un mélange de fureur et de panique.

Son grand show romantique venait de se transformer en humiliation nationale.

« La prochaine fois, Antoine, » ai-je dit d'une voix glaciale, « si tu veux jeter de l'argent par les fenêtres, fais-le toi-même. Ne me mêle pas à tes mascarades. »

J'ai raccroché.

            
            

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