L'Humiliation d'une Fiancée Bafouée
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Chapitre 1

La lumière des flashs crépitait, une tempête silencieuse dans la salle bondée du « Cœur de Paris ».

Notre restaurant.

Antoine Lefèvre, mon fiancé, le chef étoilé, se tenait sur la petite estrade, son sourire charismatique captant toute l'attention.

Il venait d'annoncer notre troisième étoile Michelin.

Un triomphe.

Notre triomphe.

J'étais dans la foule, à côté de mes parents, mon cœur battant la chamade, non pas pour l'étoile, mais pour le secret que je portais.

Un embryon, conçu in vitro après des années d'essais douloureux, attendait son transfert.

Notre enfant.

Antoine a levé sa coupe de champagne.

« Je dédie cette étoile à la femme de ma vie, ma partenaire, ma muse, Juliette Dubois. Sans elle, rien de tout cela n'aurait été possible. »

Les applaudissements ont éclaté. Mes parents rayonnaient de fierté.

Je lui ai souri, un sourire sincère, plein d'amour et d'avenir.

C'est à ce moment précis que tout a basculé.

Un bruit sourd a traversé la salle.

Chloé Martin, sa jeune apprentie, venait de s'effondrer près de la scène.

Les gens se sont précipités.

Une voix a crié : « Appelez un médecin ! Elle est enceinte ! »

Le silence est tombé, lourd, pesant.

Un journaliste, flairant le scoop, a hurlé par-dessus la foule :

« Chef Lefèvre, cette grossesse vous concerne-t-elle ? »

Tous les regards se sont tournés vers Antoine. Son sourire s'est figé.

Il n'a pas répondu. Il n'a pas nié.

Son silence était un aveu.

L'humiliation m'a frappée en plein visage, plus violente qu'un coup de poing.

Le monde autour de moi s'est dissous en un brouhaha indistinct.

Je sentais les regards des invités, la pitié, la curiosité malsaine.

Mes parents, à côté de moi, semblaient pétrifiés.

Mais je n'ai pas pleuré. Je n'ai pas crié.

Une froideur glaciale s'est emparée de moi.

J'ai traversé la foule, le bruit de mes talons sur le parquet la seule chose que j'entendais.

Je suis montée sur l'estrade, j'ai pris le micro des mains tremblantes d'Antoine.

Sa peau était moite.

J'ai regardé la salle, les visages choqués.

« Je vous remercie tous d'être venus. Je dois juste faire une petite correction. »

Ma voix était calme, stable. Étonnamment stable.

« Le mariage entre Antoine Lefèvre et moi-même est annulé. »

J'ai reposé le micro.

Et je suis partie, sans un regard en arrière, traversant la foule qui s'écartait sur mon passage comme la mer Rouge.

De retour dans notre immense appartement surplombant la Seine, le silence était assourdissant.

Il est arrivé une heure plus tard.

Je ne m'étais pas changée. J'étais assise dans le noir, ma robe de soirée un rappel cruel de la fête qui n'avait plus lieu.

Il a allumé la lumière.

« Juliette, écoute-moi. »

Sa voix était basse, presque suppliante.

« Ce n'est pas ce que tu crois. »

J'ai ri. Un rire sec, sans joie.

« Ah non ? Alors quoi ? Elle a trébuché et est tombée enceinte par accident ? »

Il s'est approché, a tenté de me prendre les mains. Je les ai retirées.

« C'était une erreur. Une seule fois. J'étais stressé, la pression pour l'étoile... »

« La pression. »

J'ai répété le mot, le goût du mépris dans ma bouche.

« La pression ne t'a pas empêché de me faire l'amour tous les soirs en me disant que tu m'aimais, tout en sachant qu'elle portait ton enfant. »

Mon calme le déstabilisait. Il s'attendait à des larmes, des cris. Il ne savait pas comment gérer cette femme de glace.

« Je vais la quitter. Je vais tout arranger. C'est toi que j'aime, Juliette. Toi seule. Cet enfant... ce n'est rien. Un accident. »

« Un accident. »

Je me suis levée, je suis allée vers la fenêtre. Les lumières de Paris scintillaient, indifférentes à mon drame.

« Notre enfant, celui que nous essayons d'avoir depuis trois ans, celui pour qui j'ai subi des dizaines d'injections, de procédures, d'espoirs déçus... c'était quoi pour toi, Antoine ? Un projet d'entreprise ? »

Il a blêmi.

« Bien sûr que non ! C'est notre rêve ! Rien n'a changé ! »

« Tout a changé. »

Il a continué à plaider, à se justifier, à me supplier.

« Chloé est jeune, naïve. Elle a profité de moi. C'est une manipulatrice. Mais je vais m'occuper de ça. On peut surmonter ça, toi et moi. On est une équipe. »

J'écoutais ses mots, mais ils ne m'atteignaient plus. C'était comme écouter une langue étrangère.

Il parlait d'amour, de nous, d'avenir.

Et tout ce que je voyais, c'était la trahison dans ses yeux, l'arrogance dans sa posture, l'égoïsme dans chaque syllabe.

Pendant qu'il parlait, j'ai pris mon téléphone.

J'ai composé le numéro de la clinique de fertilité.

Une infirmière de garde a répondu.

« Bonsoir, ici Juliette Dubois. Je vous appelle concernant mon dossier... Oui, celui avec Antoine Lefèvre. »

Antoine s'est tu, me regardant, perplexe.

« Je veux annuler la procédure de transfert prévue pour la semaine prochaine. »

Il y a eu un silence à l'autre bout du fil. L'infirmière a dû être surprise.

« Vous êtes sûre, Madame Dubois ? Tout est prêt... »

« Oui. Je suis sûre. Et je veux que vous détruisiez les embryons. Tous. »

Le téléphone m'a presque glissé des mains.

Le silence dans la pièce était total.

Antoine m'a regardée, l'incompréhension se muant en horreur sur son visage.

« Qu'est-ce que tu as fait ? »

Sa voix était un murmure étranglé.

« Qu'est-ce que tu viens de faire ? »

Il s'est précipité vers moi, a attrapé mes bras.

« Juliette, dis-moi que tu n'as pas fait ça ! C'était notre enfant ! Notre seule chance ! »

Ses doigts s'enfonçaient dans ma peau.

La douleur physique était un soulagement bienvenu face à la douleur intérieure.

« C'était mon corps, Antoine. Ma décision. »

Je l'ai regardé droit dans les yeux, sans ciller.

« Il n'y a plus de "nous". Il n'y a plus d'enfant. Il n'y a plus rien. »

Sa prise s'est desserrée. Il a reculé, chancelant, comme si je l'avais frappé.

« Tu es folle... Tu es complètement folle... »

« Non. Je suis lucide. Pour la première fois depuis longtemps. »

J'ai lissé ma robe, un geste mécanique.

« Je veux le divorce. Contacte ton avocat. Le mien t'appellera demain. »

            
            

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