Chapitre 4

Le lendemain, Marc est revenu.

Il n'était pas seul. Il tenait fermement par la main un petit garçon aux yeux sombres et au visage grave. Louis. Mon fils. À côté d'eux se tenait Chloé, appuyée sur le bras de Marc, le visage pâle et fatigué, jouant à la perfection le rôle de la victime fragile.

Mon cœur de fantôme s'est serré. Oh, Louis. Comme tu as grandi. Tu as maintenant huit ans. Tu es si grand, si sérieux. Tu ne ressembles plus au petit garçon que j'ai laissé derrière moi.

Marc a traîné Louis jusqu'au milieu du jardin, non loin de ma tombe profanée.

"Isabelle !" a-t-il crié de nouveau, sa voix chargée d'une impatience glaciale. "Je suis de retour ! Et j'ai amené quelqu'un avec moi !"

Il a secoué la main de Louis. "Regarde-le bien, Isabelle ! C'est la dernière fois que tu le verras si tu ne sors pas de ta putain de cachette ! Si Chloé meurt à cause de ton égoïsme, je m'assurerai que Louis ne sache jamais qu'il a eu une mère !"

C'était une cruauté sans nom. Utiliser notre fils comme une arme.

Chloé a posé une main sur le bras de Marc, sa voix un murmure plein de fausse compassion. "Marc, chéri, ne sois pas si dur. Peut-être qu'elle ne nous entend pas. Et ne menace pas le petit, ça lui fait de la peine."

Hypocrite.

Mais quelque chose d'inattendu s'est produit. Louis, qui était resté silencieux et immobile, a soudainement retiré sa main de celle de son père. Il a levé la tête et a regardé Marc droit dans les yeux.

"Maman n'est pas cachée," a-t-il dit d'une petite voix claire et étonnamment ferme.

Marc a été pris de court. Il a froncé les sourcils. "Qu'est-ce que tu racontes, Louis ?"

"Elle n'est pas cachée," a répété l'enfant. "Elle est morte."

Le silence qui a suivi a été total. Même les oiseaux ont semblé se taire. Chloé a eu un léger sursaut, son masque de fragilité se fissurant une seconde.

Marc a fixé son fils, abasourdi. "Qui t'a raconté ces bêtises ? C'est ce vieux fou d'hier ? Ne l'écoute pas, il est cinglé."

"Ce n'est pas le vieil homme," a dit Louis, et son regard s'est tourné vers Chloé. Un regard accusateur, plein d'une sagesse bien au-delà de son âge. "C'est elle qui l'a tuée."

Le monde a semblé s'arrêter.

Marc a regardé Chloé, puis Louis, complètement perdu. "Louis, ça suffit ! Arrête de dire des bêtises ! Chloé est malade, elle n'a rien à voir avec ça."

"Tu es stupide, Papa," a continué Louis, sa voix gagnant en force. "Elle te ment. Elle a toujours menti. Elle a poussé Maman du balcon. Et puis elle l'a fait enterrer ici."

Il a pointé un petit doigt tremblant vers le monticule de terre que Marc avait piétiné la veille. Vers ma tombe.

"Elle est juste là."