L'Amour Fou : Une Dette Mortelle
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Chapitre 1

La grille en fer forgé de la villa grinçait sinistrement, comme un gémissement rouillé qui n'avait pas été entendu depuis des années. Marc Lefèvre sortit de la Rolls-Royce noire, son visage durci par l'impatience et un dégoût à peine voilé. La propriété, autrefois un symbole de son succès, était maintenant un monument à l'abandon. Les mauvaises herbes envahissaient les parterres de fleurs, la peinture des murs s'écaillait et une couche de poussière et de feuilles mortes recouvrait tout.

Il détestait cet endroit. Il détestait la femme qu'il était venu chercher.

Trois ans. Trois ans qu'il ne l'avait pas vue. Trois ans qu'il l'avait enfermée ici, la laissant pourrir dans sa propre folie comme une punition bien méritée. Mais maintenant, il avait besoin d'elle. Chloé, sa douce Chloé, était malade. Une insuffisance rénale terminale. Les médecins avaient été clairs : sans une greffe, il ne lui restait que quelques mois.

Et Marc se souvenait d'Isabelle Dubois. Son ex-femme. La femme dont le rein était parfaitement compatible.

"Allez-y," ordonna-t-il sèchement aux gardes du corps qui sortaient des autres voitures. "Fouillez chaque recoin de cette baraque. Je veux que vous me la trouviez."

Les hommes, vêtus de costumes noirs impeccables, se dispersèrent, leurs pas lourds faisant craquer les branches mortes sur le sol. Ils forcèrent la porte d'entrée et disparurent à l'intérieur de la maison silencieuse. Marc resta dehors, les mains dans les poches, balayant du regard le jardin envahi par la végétation. Il s'attendait presque à la voir sortir de derrière un buisson, le regardant avec ces yeux qu'il avait appris à haïr, pleins de reproches silencieux.

Les minutes s'étirèrent. Un des gardes du corps, Michel, le chef de la sécurité, revint vers lui, le visage perplexe.

"Monsieur Lefèvre, il n'y a personne. La maison est vide. Elle est couverte de poussière, on dirait que personne n'y a vécu depuis des années."

Marc serra la mâchoire. "Impossible. Elle se cache. Cette manipulatrice adore ce genre de jeux."

Il fit quelques pas, s'approchant de la maison. Il cria, sa voix résonnant dans le silence étrange de la propriété.

"Isabelle ! Sors de là, j'en ai marre de tes comédies !"

Seul l'écho lui répondit.

"Je sais que tu m'entends, Isabelle ! Arrête de te cacher comme un rat ! Chloé est malade. Elle a besoin d'un rein. Ton rein."

Son ton était celui d'un homme qui donne un ordre, pas celui d'un homme qui demande une faveur.

"Si tu acceptes de donner un rein à Chloé, je mettrai fin à ta punition. Je te laisserai rentrer à la maison. Tu pourras même revoir Louis. C'est une offre généreuse, ne la gâche pas."

Le silence persista. La frustration de Marc se transforma en une colère froide. Comment osait-elle encore le défier, même après tout ce temps ?

C'est alors qu'une silhouette frêle et dépenaillée apparut au coin de la propriété, s'approchant lentement. C'était un vieil homme, un clochard, avec des vêtements en lambeaux et une barbe hirsute. Il s'arrêta à une distance respectueuse, ses yeux clairs fixés sur Marc.

"Elle ne sortira pas," dit le vieil homme d'une voix rauque. "Madame Isabelle n'est plus là."

Marc se tourna vers lui avec un ricanement méprisant. "Et qui es-tu pour savoir ça ? Dégage de ma propriété, le clochard."

Le vieil homme ne bougea pas. Il y avait une étrange dignité dans sa posture malgré sa misère.

"Je m'appelle Jean-Luc. Madame Isabelle me donnait à manger. Elle était une bonne personne."

"Une bonne personne ?" Marc éclata d'un rire sans joie. "Tu ne la connais pas. C'est une femme vicieuse et calculatrice. Maintenant, dis-moi où elle se cache avant que je perde patience."

Le regard de Jean-Luc se voila de tristesse. Il secoua la tête lentement.

"Elle ne se cache pas, Monsieur. Elle est morte. Il y a trois ans."

Les gardes du corps échangèrent des regards gênés. Marc, lui, sentit une vague de fureur l'envahir. Cette menteuse avait même réussi à manipuler un pauvre type pour qu'il raconte ses histoires.

"Morte ?" répéta-t-il, sa voix suintant le sarcasme. "Quelle blague. C'est exactement son genre. Mettre en scène sa propre mort pour attirer l'attention. Emmenez-moi ce débris. Je n'ai pas de temps à perdre avec ses complices."

Deux gardes s'avancèrent et attrapèrent brutalement les bras de Jean-Luc. Le vieil homme ne résista pas, mais ses yeux ne quittèrent pas Marc, remplis d'une pitié qui ne fit qu'attiser la colère de ce dernier.

            
            

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