Renaissance après l'Infamie
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Chapitre 3

Les jours suivants se sont écoulés dans un brouillard chimique. Chaque fois qu'Amélie se sentait assez forte pour se rebeller, une infirmière apparaissait avec une seringue. Elle était piégée.

Dans les rares moments de lucidité, elle repensait à sa vie avec Julien. Elle comprenait maintenant. Les voyages surprises, les bijoux hors de prix... ce n'était pas de l'amour. C'était des paiements. Des compensations anticipées pour la destruction qu'il préparait. Il l'avait couverte d'or pour mieux la dépouiller ensuite. Chaque baiser, chaque mot doux était un maillon de la chaîne qu'il forgeait autour d'elle. La naïveté dont elle avait fait preuve lui donnait la nausée.

Elle ne pouvait pas rester là. Elle devait se battre.

Un soir, une nouvelle infirmière, plus jeune et à l'air moins sévère, est venue lui apporter son plateau-repas. Amélie a vu une lueur de pitié dans ses yeux.

« S'il vous plaît, » a supplié Amélie à voix basse. « Mon mari me retient ici contre mon gré. J'ai besoin de passer un appel. Un seul. »

L'infirmière a hésité, regardant la porte avec anxiété.

« Je ne peux pas... Je perdrais mon travail. »

« Personne ne le saura, » a insisté Amélie, les larmes aux yeux. « C'est une question de vie ou de mort. Je vous en prie. »

Touchée, la jeune femme a finalement sorti un petit téléphone de sa poche et le lui a tendu.

« Cinq minutes. Pas plus. »

Amélie a tapé un numéro qu'elle connaissait par cœur. Celui du Professeur Laurent, son ancien directeur de thèse en biologie moléculaire. Un homme brillant, intègre, qui avait toujours cru en son potentiel scientifique avant qu'elle ne sacrifie sa carrière pour Julien. Il était la seule figure paternelle et juste qu'il lui restait.

Il a décroché à la troisième sonnerie.

« Allô ? »

« Professeur Laurent... c'est Amélie. Amélie Dubois. »

Il y a eu un silence.

« Amélie ? Mon Dieu, où es-tu ? J'ai lu des choses terribles dans la presse... Ils disent que tu as fait une dépression... »

« C'est faux, » a-t-elle coupé, sa voix tremblante. « C'est un mensonge. Julien... il me retient prisonnière. Il a... il a tué notre bébé. »

Le professeur Laurent n'a pas mis sa parole en doute une seule seconde. Sa voix est devenue grave et sérieuse.

« Ne dis plus rien, Amélie. Ne panique pas. Où es-tu exactement ? »

Elle lui a donné le nom de l'hôpital et le numéro de sa chambre.

« Très bien. Reste aussi calme que possible. Fais semblant de dormir. Ne montre aucune résistance. J'arrive. Je vais te sortir de là. »

Pour la première fois depuis des jours, une lueur d'espoir a percé les ténèbres. Elle a rendu le téléphone à l'infirmière avec un regard plein de gratitude.

Elle s'est recroquevillée dans son lit, fermant les yeux, essayant de calmer son cœur qui battait à tout rompre. L'attente était insupportable.

Elle a dû s'assoupir, épuisée par la tension. Elle a été réveillée non pas par le professeur, mais par des mains rudes qui la saisissaient.

Deux hommes en noir, aux visages durs, se tenaient au-dessus d'elle. L'un lui a plaqué la main sur la bouche pour étouffer son cri, l'autre lui a bandé les yeux.

« Le patron a dit de la déplacer. Maintenant. »

La panique l'a submergée. Ce n'était pas le professeur Laurent. C'étaient les hommes de Julien. Ou pire.

Ils l'ont arrachée de son lit, sans ménagement pour son corps encore endolori. Ils l'ont traînée hors de la chambre, puis de l'hôpital, par une sortie de service. Elle a été jetée à l'arrière d'une camionnette.

Les portes ont claqué, la plongeant dans une obscurité totale.

« Alors c'est elle, la poule aux œufs d'or ? » a dit une voix grave à côté d'elle. « Elle ne paie pas de mine. »

« Tais-toi. On a payé une fortune pour elle et son gosse. Le gosse n'est plus là, mais on va quand même se faire rembourser. D'une manière ou d'une autre. Julien a dit qu'on pouvait s'amuser un peu avec elle avant de la rendre. »

Le sang d'Amélie s'est glacé dans ses veines. Ces hommes n'étaient pas de simples gardes du corps. C'étaient les "acheteurs". Les monstres qui avaient voulu acheter son enfant.

La camionnette roulait, la secouant brutalement. Amélie tremblait de tout son corps, pas seulement de peur, mais de rage. Elle luttait pour ne pas sombrer, pour rester consciente.

Après un long trajet, le véhicule s'est arrêté. On l'a tirée dehors et poussée dans ce qui semblait être une cave ou un entrepôt. L'air était humide et sentait la moisissure.

Ils lui ont enfin retiré son bandeau. La pièce était faiblement éclairée par une seule ampoule nue. Elle était sale, vide, à l'exception d'un matelas crasseux posé au sol.

Alors que ses yeux s'habituaient à la pénombre, elle a remarqué quelque chose. Un minuscule point rouge, clignotant dans un coin sombre, près du plafond.

Une caméra.

Julien.

Ce n'était pas assez pour lui de la faire kidnapper par ces brutes. Il fallait qu'il assiste au spectacle. Qu'il la regarde se faire humilier, briser. La perversité de son mari était sans limites.

Cette prise de conscience a chassé la peur. À la place, une haine froide et pure a rempli son être. Elle n'allait pas lui donner cette satisfaction.

            
            

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