Renaissance après l'Infamie
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Chapitre 1

Les lumières de la salle de bal étaient si vives qu'elles en devenaient presque irréelles.

Amélie Dubois se tenait au milieu de la foule, vêtue d'une robe de soirée sur mesure, un léger sourire aux lèvres. Son mari, Julien Leclerc, cadre supérieur dans une grande maison de luxe, lui avait dit que c'était une vente aux enchères caritative très importante pour son entreprise.

Elle caressait doucement son ventre arrondi de trois mois, se sentant un peu fatiguée mais heureuse de le soutenir.

Soudain, les lumières se sont tamisées et un immense écran s'est allumé sur la scène. Le commissaire-priseur, un homme à la voix mielleuse, a pris le micro.

« Mesdames et Messieurs, bienvenue à cet événement unique en son genre. Ce soir, nous ne vendons pas des œuvres d'art ou des bijoux, mais une opportunité exceptionnelle. »

Une photo d'Amélie, magnifique et sereine, est apparue sur l'écran. Elle a froncé les sourcils, confuse.

Puis, le titre de la vente s'est affiché en lettres d'or : « Vente aux enchères pour la paternité de l'enfant à naître d'Amélie Dubois ».

Le souffle d'Amélie s'est coupé.

Le sang a quitté son visage. Autour d'elle, les murmures se sont transformés en chuchotements choqués, puis en rires étouffés. Tous les regards se sont tournés vers elle, des regards pleins de pitié, de mépris ou de curiosité malsaine.

Son monde venait de s'effondrer en une seconde.

Ce n'était pas un cauchemar. C'était bien réel.

La voix de son mari, Julien, a alors retenti dans les haut-parleurs. Ce n'était pas la voix douce et aimante qu'il utilisait avec elle, mais une voix froide, calculatrice, pleine de dédain.

« Comme vous le savez, mon épouse, Amélie, vient d'un milieu très modeste. Elle n'a ni nom, ni fortune. Cet enfant qu'elle porte... disons qu'il représente un excellent investissement. L'acquéreur de sa paternité ce soir n'obtiendra pas seulement un héritier, mais aussi un lien direct avec la famille Leclerc et son influence. La mise à prix est de cinq millions d'euros. »

Chaque mot était un coup de poignard.

Il la vendait. Non, pire, il vendait leur enfant, son enfant, comme une vulgaire marchandise, tout en la dénigrant publiquement.

Les images de ce matin lui sont revenues en mémoire. Julien lui avait apporté le petit-déjeuner au lit, un plateau chargé de croissants chauds, de jus d'orange pressé et d'une rose rouge. Il avait embrassé son front, sa main posée sur son ventre.

« Prends bien soin de toi et de notre petit trésor, mon amour. »

Quelle farce.

Quelle monstrueuse comédie.

Elle se souvenait aussi d'une conversation, il y a quelques jours. Elle avait senti une distance s'installer entre eux, une froideur dans son regard.

« Julien, est-ce que tout va bien ? Tu sembles... ailleurs. »

Il avait eu un petit rire, la prenant dans ses bras.

« Ne t'inquiète pas, chérie. C'est juste le stress du travail. Je prépare quelque chose de grand, quelque chose qui va nous assurer un avenir radieux. Tu dois juste me faire confiance. »

La confiance. Elle lui avait tout donné : sa confiance, son amour, son corps, son avenir. Et il venait de tout piétiner.

Il avait souvent évoqué son passé, comment il l'avait "sauvée" de sa vie simple. Ses parents étaient de modestes artisans, des gens honnêtes et aimants qu'elle n'avait pas vus depuis des mois, Julien prétextant qu'ils n'étaient "pas du même monde". Il lui avait offert une vie de luxe, de robes de créateurs et de dîners mondains. Elle avait cru que c'était par amour. Maintenant, elle comprenait que c'était une cage dorée. Chaque cadeau, chaque compliment, n'était qu'une étape de son plan.

Soudain, elle l'a vu. Près de la scène, Julien se tenait droit et fier. Et à côté de lui, une femme qu'Amélie connaissait bien : Clara Roussel. Clara, que Julien lui avait présentée comme une lointaine cousine, était en fait sa maîtresse. Elle la regardait avec un triomphe cruel dans les yeux, un sourire mauvais sur les lèvres.

Julien, voyant la panique sur le visage d'Amélie, n'a pas bougé. Il n'a pas couru vers elle pour la protéger. Il a simplement ajusté sa cravate et a murmuré quelque chose à l'oreille de Clara, qui a ri.

Le sol s'est dérobé sous les pieds d'Amélie. Une douleur aiguë a traversé son bas-ventre. Elle a porté les mains à son ventre, tentant de protéger son bébé de ce monde horrible. Elle a essayé de fuir, de s'échapper de cette salle qui était devenue une chambre de torture. Mais ses jambes ne la portaient plus. Dans la bousculade des invités curieux qui se pressaient pour mieux voir, quelqu'un l'a heurtée violemment.

Elle est tombée. La douleur est devenue insupportable, une vague de feu qui la submergeait. La dernière chose qu'elle a vue avant de perdre connaissance, c'était le visage de Julien, impassible, et celui de Clara, radieux de victoire.

            
            

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