Sous la photo, un commentaire : « Merci pour le spectacle, la paysanne. Mais la fête est finie pour toi. »
Une nouvelle vague de douleur, bien plus forte que la précédente, a déferlé en elle. Ce n'était plus seulement physique. C'était son cœur, son âme, qui se déchiraient. La haine et le mépris de cette femme, la trahison de son mari... C'était trop.
Le monde a basculé et elle a sombré dans l'obscurité.
Quand elle a repris conscience, elle était dans une chambre d'hôpital privée, luxueuse et froide. Une perfusion était branchée à son bras. La première chose qu'elle a faite a été de toucher son ventre.
Il était plat.
Vide.
Un cri silencieux s'est étranglé dans sa gorge. Son bébé. Elle avait perdu son bébé.
Les larmes coulaient sur ses joues sans qu'elle puisse les contrôler. La porte de la chambre était entrouverte. Elle a entendu des voix. La voix de Julien. Et celle de Clara.
« C'est une catastrophe ! » se plaignait Julien, sa voix dure et irritée. « L'enchère la plus haute était à vingt millions ! Vingt millions d'euros partis en fumée à cause de sa sensiblerie ! Elle ne pouvait pas juste tenir le coup une heure de plus ? »
« Calme-toi, mon chéri, » a répondu Clara d'un ton faussement apaisant. « Ce n'est qu'un contretemps. L'important, c'est qu'elle soit hors-jeu maintenant. On a perdu de l'argent, mais on a gagné la guerre. Et puis, sans ce bâtard, elle n'a plus rien pour te retenir. »
« Tu as raison, » a dit Julien, sa voix s'adoucissant. « L'argent, on en trouvera d'autre. Tu es la seule qui compte, ma véritable héritière. »
Amélie a fermé les yeux, le cœur glacé. Ils ne parlaient pas de sa santé. Ils ne regrettaient pas la perte de l'enfant. Ils se plaignaient de la perte financière. Pour eux, son bébé n'était qu'un produit, un investissement raté.
La porte s'est ouverte doucement. Julien est entré, le visage composé en un masque de tristesse et d'inquiétude.
« Amélie, mon amour... Tu es réveillée. »
Il s'est approché, a voulu lui caresser le front.
« Ne me touche pas, » a-t-elle murmuré, sa voix rauque.
Il a retiré sa main, l'air blessé. « Je suis tellement désolé, chérie. Tout ça... c'est un terrible malentendu. J'ai été obligé de faire ça, pour nous protéger. Je t'expliquerai tout. »
Le mensonge était si énorme, si éhonté, qu'Amélie n'a même pas trouvé la force de lui répondre.
Elle a essayé de se lever, d'arracher la perfusion. Elle devait partir d'ici, loin de ce monstre.
« Qu'est-ce que tu fais ? » a demandé Julien, son ton changeant brusquement. « Tu dois te reposer. Le médecin a dit que tu étais très faible. »
Une infirmière est entrée à ce moment-là, un sourire professionnel figé sur le visage.
« Madame Leclerc, c'est l'heure de votre calmant. »
« Je n'en veux pas, » a dit Amélie fermement. « Je veux partir. »
L'infirmière a regardé Julien, qui a hoché la tête imperceptiblement.
« C'est pour votre bien, » a insisté l'infirmière en s'approchant avec une seringue.
Amélie a lutté, mais elle était trop faible. L'infirmière lui a tenu le bras et a injecté le liquide. Une torpeur a commencé à envahir son corps.
« Pourquoi ? » a-t-elle réussi à articuler en regardant Julien.
Son visage n'exprimait plus aucune fausse compassion. Il était dur et froid comme la pierre.
« Parce que je te l'ordonne, Amélie. Tu es ma femme. Tu resteras ici jusqu'à ce que je décide que tu peux sortir. Tu as ruiné une transaction très importante ce soir. La moindre des choses, c'est que tu obéisses. »
Il a tourné les talons et est sorti, claquant la porte derrière lui.
Amélie était à nouveau seule, prisonnière, son corps et son esprit engourdis par la drogue, mais sa haine et sa détermination plus claires que jamais.