Le silence qui a suivi la gifle a été immédiatement brisé par la fureur de Marc.
"Amélie ! Tu es folle ?"
Il s'est précipité vers Sophie, la prenant dans ses bras comme si elle était une poupée de porcelaine brisée. Il a ignoré complètement Amélie, se concentrant uniquement sur la jeune femme qui commençait à pleurer de façon théâtrale.
"Ça va, mon amour ? Elle t'a fait mal ?" a-t-il murmuré, caressant sa joue maintenant marquée. Sa voix était pleine d'une tendresse qu'il n'avait jamais eue pour Amélie.
Sophie s'est blottie contre lui, sanglotant.
"Elle... elle m'a frappée... Je n'ai rien fait..."
C'était une performance magistrale. Marc l'a serrée plus fort contre lui, lançant un regard noir à Amélie. Pour lui, Amélie était l'agresseur, la méchante, et Sophie, la victime innocente. La blessure sur la joue de Sophie semblait, à ses yeux, bien plus grave que la trahison et la douleur qu'il avait infligées à sa fiancée.
Les trois autres associés, Jean, Pierre et Lucas, ont rapidement formé un mur protecteur autour de Marc et Sophie, faisant face à Amélie.
"Comment oses-tu la toucher ?" a crié Jean.
"Tu abuses de ton pouvoir !" a renchéri Pierre. "Juste parce que tu es la fille du patron !"
"Tu es jalouse de sa beauté, c'est ça ?" a ajouté Lucas avec un ricanement méprisant. "Jalouse parce que Marc l'a choisie, elle, et pas une femme défigurée comme toi."
Leurs accusations pleuvaient sur elle, un torrent de haine et d'injustice. Ils déformaient la réalité, se présentant comme les défenseurs de la vertu face à une harceleuse tyrannique.
Amélie est restée calme. Leur hypocrisie ne la surprenait plus. Elle les a regardés, un par un, son regard froid et scrutateur.
"Vous avez fini ?" a-t-elle demandé d'une voix égale. "Si vous êtes si outrés par mon comportement, la porte est grande ouverte. Vous pouvez partir. Abandonnez vos postes, vos salaires confortables, vos voitures de fonction et tous les avantages que mon père vous a accordés."
Un silence glacial est tombé. Leurs visages se sont décomposés. L'idée de renoncer à leur style de vie luxueux, à leur position, était impensable. Leur indignation morale s'est évaporée face à la menace de perdre leurs privilèges. Ils voulaient le beurre et l'argent du beurre : le pouvoir et la richesse de la maison Dubois, sans avoir à supporter Amélie.
Leur silence était l'aveu le plus flagrant de leur cupidité.
Marc, réalisant qu'il perdait le contrôle de la situation, a redoublé d'arrogance. Il a repoussé doucement Sophie pour faire face à Amélie.
"Tu crois vraiment que tu peux nous chasser comme ça ?" a-t-il sifflé. "Tu n'es rien sans nous. Cette maison nous revient de droit, nous qui avons travaillé dur pendant que tu jouais à la princesse. Tu ne nous feras pas peur avec tes menaces."
Il a fait un pas vers elle, son visage déformé par la haine.
"Tu vas payer pour ce que tu as fait à Sophie. Et tu vas payer pour nous avoir humiliés. Tu n'es qu'une garce prétentieuse avec une cicatrice, et nous allons te le prouver."
Leurs insultes ne l'atteignaient plus. Elle les regardait comme on regarde des insectes. Ils étaient avides, stupides et prévisibles. Et ils venaient de lui donner toutes les raisons du monde de les anéantir sans le moindre remords.