Chapitre 3

Quelques jours plus tard, l'annonce de la rupture des fiançailles et de la nouvelle alliance avec Moreau Technologies a fait l'effet d'un tremblement de terre dans le petit monde de la haute couture parisienne. Amélie, quant à elle, était retournée dans l'atelier principal, au milieu des ruines de sa collection sabotée. Les robes déchirées et les mannequins renversés étaient le témoignage silencieux de la trahison qu'elle avait subie. Elle était là pour évaluer les dégâts, mais aussi pour faire face à ses démons.

C'est alors qu'elle les a entendus arriver. Marc, Jean, Pierre, Lucas, et bien sûr, Sophie, accrochée à son bras. Ils sont entrés en riant, sans la voir au début, cachée derrière un paravent.

"Alors, la princesse a annulé le mariage," a dit Marc d'un ton moqueur. "Elle doit être dévastée. Pauvre petite chose."

Sophie a ricané. Elle s'est approchée d'une robe en satin, maintenant souillée et déchirée, qui avait été la pièce maîtresse de la collection.

"Oh, quel dommage," a-t-elle dit d'une voix faussement compatissante. "Cette robe était si... laide de toute façon. Amélie n'a vraiment aucun goût."

Elle a ensuite donné un coup de pied dans un mannequin à terre, faisant rouler sa tête en plastique sur le sol. Les autres ont ri. Ils se sont amusés à piétiner les tissus précieux, à détruire ce qui restait du travail acharné d'Amélie. Pour eux, c'était un jeu, une façon d'exprimer leur mépris.

Le bruit d'un tissu déchiré a été la goutte d'eau. C'était une robe que sa propre mère avait dessinée, une pièce d'archive qu'Amélie avait prévu d'intégrer au défilé comme un hommage. La rage a submergé Amélie. C'était plus qu'une attaque contre son travail, c'était une profanation de son héritage.

Elle est sortie de sa cachette. Sa voix était basse, mais chargée d'une fureur contenue.

"Qu'est-ce que vous faites ?"

Le groupe s'est figé, surpris. En voyant Amélie, leurs expressions sont passées de la surprise à un mépris ouvert. Ils ne semblaient ni coupables ni effrayés.

"Tiens, tiens, Amélie," a dit Marc avec un sourire arrogant. "On ne pensait pas te voir debout. Tu ne devrais pas être dans ton lit à pleurer sur ton sort ?"

Sophie s'est approchée d'elle, le visage rayonnant de provocation.

"Avec ce visage, tu devrais rester cachée. La lumière crue ne te va pas du tout. Surtout avec cette vilaine cicatrice."

C'était une attaque directe, cruelle et délibérée. Les autres ricanèrent, encourageant Sophie. Ils voulaient la briser, la voir s'effondrer. Mais ils se trompaient lourdement sur la femme qui se tenait devant eux.

Amélie a regardé Sophie droit dans les yeux. La jeune femme a continué, enivrée par sa propre audace.

"Tu n'es rien sans ton père. Une créatrice médiocre, une femme imparfaite. Marc a bien fait de te quitter. Qui voudrait d'une femme abîmée comme toi ?"

La patience d'Amélie était à bout. Elle avait supporté leur trahison, leurs mensonges, leur mépris. Mais elle ne tolérerait pas qu'on insulte sa famille et son travail de cette manière.

Sans un mot de plus, elle a agi. Son mouvement a été si rapide que personne n'a eu le temps de réagir. Sa main a volé et a heurté la joue de Sophie avec une force stupéfiante. Le son de la gifle a claqué dans le silence de l'atelier, sec et brutal.

Sophie a chancelé en arrière, une main sur sa joue rouge, les yeux écarquillés par le choc et la douleur. Le sourire arrogant avait disparu de son visage, remplacé par une incrédulité totale.

Amélie se tenait là, le bras encore tendu, le regard flamboyant. Le temps de la princesse complexée était révolu. La reine venait de monter sur le trône, et elle ne faisait que commencer à rendre la justice.