Le Prix de la Trahison d'un Mari
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Chapitre 2

La villa était devenue une tombe. Le luxe qui m'avait autrefois semblé une compensation pour ma vie recluse me paraissait maintenant obscène. Les murs blancs immaculés, les baies vitrées donnant sur un jardin parfaitement entretenu, tout me renvoyait à la violence de la mort de Léo. Je vivais dans le décor d'un crime, un mausolée financé par l'homme qui avait commandité la mort de mon fils.

Je n'étais plus la maîtresse de maison, même cachée. J'étais une prisonnière. Les nouveaux employés, engagés après le licenciement des anciens, me regardaient avec un mélange de mépris et de pitié calculée. Ils suivaient les ordres de Chloé, qui appelait plusieurs fois par jour pour s'assurer que j'étais bien "gérée". Je n'avais plus accès à mes comptes, ma voiture avait disparu. J'étais une non-personne dans ma propre maison.

Le corps de Léo reposait dans sa chambre, que j'avais transformée en chapelle ardente. J'avais baissé les stores, allumé des bougies. L'air était lourd du silence de la mort. J'ai passé des heures assise à ses côtés, lui tenant la main, une main déjà si froide. Je lui parlais, lui racontant des histoires, lui chantant les berceuses qu'il aimait, comme si ma voix pouvait le réchauffer, le ramener à moi.

Le téléphone a sonné. C'était Marc, depuis son paradis tropical. Sa voix était dénuée de toute émotion, plate et affairée.

« Adèle, il faut organiser les funérailles. Discrètement. Pas de cérémonie publique, bien sûr. Juste une incinération. Je t'enverrai l'adresse d'une entreprise qui s'occupe de tout. Ils seront là demain. »

Pas un mot de réconfort. Pas une question sur mon état. Juste des instructions logistiques, comme s'il s'agissait de se débarrasser d'un meuble encombrant.

« Non, » ai-je répondu, ma voix un fil rauque.

« Quoi, non ? » a-t-il sifflé, l'impatience perçant déjà. « Ne commence pas à faire des histoires, Adèle. C'est déjà assez compliqué comme ça. »

« Je veux qu'il soit enterré, Marc. Pas incinéré. »

Un long silence. Puis un soupir exaspéré.

« Écoute, l'incinération est plus simple, plus propre. On n'aura pas à gérer une tombe, un lieu de pèlerinage potentiel. C'est mieux pour tout le monde. »

Pour lui, surtout. Pas de trace, pas de preuve.

« Il sera enterré, » ai-je répété, une force que je ne me connaissais pas montant en moi.

« Très bien ! » a-t-il claqué. « Fais comme tu veux, mais débrouille-toi. Je suis en vacances, je ne peux pas gérer tes caprices. »

Il a raccroché. J'ai fixé le téléphone, l'insulte flottant dans l'air. Un caprice. L'enterrement de mon fils était un caprice. La colère était si intense qu'elle m'a donné le vertige. C'est cette colère qui m'a fait me lever, qui m'a poussée à descendre dans le bureau de Marc, celui qu'il utilisait quand il venait à la villa.

Je cherchais quelque chose, n'importe quoi, un levier, une arme. Son ordinateur portable était sur le bureau. Protégé par un mot de passe, évidemment. Mais j'étais Adèle Dubois. C'est moi qui avais conçu les premières couches de sécurité de son système d'exploitation. C'était mon architecture, mon langage. En quelques minutes, j'ai contourné ses défenses.

J'ai fouillé ses fichiers, ses e-mails. Et c'est là que je l'ai trouvé. Un dossier caché, nommé "Contingence". À l'intérieur, des rapports, des enregistrements. Il m'avait espionnée pendant des années. Il y avait des transcriptions de mes appels avec ma seule amie, Sarah. Des rapports médicaux détaillés sur Léo, avec des notes en marge de sa main. "Stagnation", "Aucun progrès", "Fardeau financier".

Puis j'ai trouvé le pire. Un enregistrement audio. Il datait de la veille de la mort de Léo. C'était une conversation entre Marc et Chloé.

La voix mielleuse de Chloé disait : « Ton fils est un problème, Marc. Théo ne se sent pas en sécurité avec lui. Il est bizarre, imprévisible. Et puis, cette villa... c'est un gouffre financier. On pourrait la vendre. »

Et la réponse de Marc, calme, glaciale : « Je sais. Je suis en train de gérer la situation. Parfois, pour qu'un arbre pousse droit, il faut couper les branches mortes. Il faut juste trouver le bon jardinier, et la bonne occasion. »

J'ai lâché la souris, le souffle coupé. Ce n'était pas un accident. Ce n'était pas une simple bavure des gardes du corps. C'était planifié. Ils avaient attendu une "occasion". Le vol de la tablette, inventé par Théo, était devenu le prétexte parfait. Ils l'avaient assassiné. Ils avaient commandité le meurtre de mon fils pour pouvoir vendre une maison et apaiser les caprices de sa maîtresse et de son bâtard.

Je suis restée là, dans le silence du bureau, le son de sa voix résonnant dans ma tête. "Couper les branches mortes". J'ai regardé mes mains trembler. Le chagrin était toujours là, une mer noire et profonde. Mais maintenant, une autre chose flottait à la surface. Une chose dure, froide et tranchante.

La haine.

Je suis retournée dans la chambre de Léo. J'ai regardé son petit corps sans vie. Ma décision était prise. Ils voulaient effacer son existence ? Je ferais en sorte que personne n'oublie jamais son nom. Ils voulaient couper les branches mortes ? J'allais arracher l'arbre tout entier, jusqu'à la dernière racine.

Je me suis assise à côté de lui et j'ai commencé à lui murmurer mon plan.

« Pardonne-moi, mon amour, » ai-je chuchoté contre sa joue froide. « Maman a été faible. Maman a été aveugle. Mais c'est terminé. Ils vont payer. Je te le jure sur ta vie. Ils vont tous payer. »

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