Chapitre 3

Le lendemain matin, j'ai attendu que mes parents soient partis travailler. J'étais seul dans le grand salon avec Monsieur Laurent, notre majordome, un homme discret et loyal qui travaillait pour notre famille depuis avant ma naissance.

J'ai pris le téléphone fixe et j'ai composé le numéro de l'agence de soutien scolaire. Manon et Chloé étaient dans le jardin, riant aux éclats avec leur téléphone, probablement en train de texter avec Romain. Elles ne se doutaient de rien.

« Bonjour, ici Alexandre Dubois », ai-je dit d'une voix calme et assurée. « J'appelle pour annuler tous les cours particuliers prévus pour Manon Girard et Chloé Petit. »

Il y a eu un silence à l'autre bout du fil.

« Annuler ? Mais Monsieur Dubois, votre père a déjà réglé le forfait pour l'année prochaine... »

« Je sais », l'ai-je coupé. « Considérez cela comme un don. Elles n'auront plus besoin de vos services. Ni du matériel pédagogique que vous deviez livrer. Annulez tout. »

J'ai raccroché avant que la personne ne puisse poser d'autres questions. Mon cœur battait un peu plus vite, mais c'était un battement d'adrénaline, pas de peur. C'était la première étape.

Je suis ensuite monté dans mon bureau et j'ai appelé l'assistante de mon père.

« Bonjour, c'est Alexandre. Pourriez-vous s'il vous plaît informer mon père que je n'aurai plus besoin des fonds alloués pour le soutien scolaire de Manon et Chloé ? Leurs besoins ont... changé. J'utiliserai désormais ce budget pour mes propres recherches à l'université. »

L'assistante, habituée à mes demandes sérieuses, a simplement répondu : « Bien sûr, Alexandre. Je transmets le message. »

La partie était lancée. Elles continuaient de croire que le robinet était grand ouvert, alors que je venais de le fermer à double tour.

Au cours des jours suivants, la nouvelle de leur redoublement s'est répandue comme une traînée de poudre au lycée. C'était l'incompréhension générale. Deux élèves brillantes qui choisissent de refaire leur terminale ? Personne n'y croyait.

Manon et Chloé, elles, semblaient savourer l'attention. Elles se pavanaient dans les couloirs au bras de Romain, expliquant à qui voulait l'entendre qu'elles voulaient "consolider leurs acquis" pour viser une école encore plus prestigieuse. Un mensonge grotesque.

Elles m'ignoraient complètement, me traitant comme un meuble dans la maison. Je les entendais souvent parler de Romain, de ses ambitions, et de comment elles allaient l'aider à réussir grâce aux "ressources des Dubois".

Leur arrogance était sans limites, et leur aveuglement total. Elles ne réalisaient pas que le sol était en train de se dérober sous leurs pieds.

Je passais mes journées à préparer mon départ pour Paris, à m'inscrire à mes cours, à organiser mon nouvel appartement. Chaque démarche était un pas de plus vers ma nouvelle vie, loin de leur toxicité.

La colère initiale avait laissé place à une sorte de pitié froide. Elles étaient comme des papillons de nuit, attirées par la flamme de Romain, et elles allaient se brûler les ailes. Et je n'allais pas lever le petit doigt pour les en empêcher.