La Graine du Doute: Mon Éveil
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Chapitre 4

J'étais à la maternité depuis deux jours. Chloé était née, petite et parfaite, endormie dans son berceau à côté de mon lit. Le monde extérieur n'existait plus. Il n'y avait que son odeur, le son de sa respiration, la chaleur de son petit corps contre le mien.

Mon téléphone vibrait sans cesse sur la table de chevet. Je l'ignorais. Je savais qui c'était.

Finalement, une infirmière est entrée, l'air agacé.

« Madame Dubois, votre belle-mère est à l'accueil. Elle insiste pour vous voir. Elle dit que c'est une urgence. »

J'ai soupiré. L'urgence. Je savais de quelle urgence il s'agissait.

« Faites-la entrer. »

Madame Lambert a fait irruption dans la chambre, son mari la suivant comme une ombre. Elle ne m'a même pas regardée. Elle n'a pas jeté un regard à sa petite-fille. Son visage était déformé par la panique et la colère.

« Pourquoi tu ne réponds pas à ton téléphone ? Ça fait deux jours qu'on essaie de te joindre ! Marc est en danger ! »

Sa voix était stridente. J'ai posé un doigt sur mes lèvres et j'ai montré Chloé qui dormait.

« Baissez la voix, s'il vous plaît. »

Ma froideur l'a décontenancée un instant.

« Mais enfin, Léa ! Ton mari a disparu ! »

« Marc n'a pas disparu. Il est parti », ai-je corrigé calmement.

« C'est pareil ! Il nous a appelés ! Il est bloqué à la frontière turque. Il a besoin d'argent. Il a besoin d'aide ! »

J'ai attrapé mon téléphone, je suis allée dans mes messages et je lui ai montré l'écran. C'était le dernier message de Marc, envoyé juste avant que j'entre en salle de travail.

« J'ai besoin de 50 000 euros. C'est urgent. Pour la libération d'Élodie. Transfère l'argent sur ce compte. »

Madame Lambert a lu le message, son visage se crispant encore plus.

« Tu vois ! Il a besoin de nous ! Tu as fait le virement ? »

« Non. »

« Non ? Mais pourquoi ? C'est ton mari ! »

« C'est l'homme qui m'a abandonnée la veille de mon accouchement pour aller sauver son ex-petite amie. Ce n'est plus mon mari. »

Son père, Monsieur Lambert, a pris la parole pour la première fois, sa voix tremblante.

« Léa, c'est notre fils... Il est impulsif, on le sait, mais il a un bon fond. Il est en danger... »

« Il a fait un choix », ai-je dit simplement. « Il doit en assumer les conséquences. »

Madame Lambert a explosé.

« Un choix ? C'est de ta faute ! Tu ne l'as jamais rendu heureux ! Tu es froide, calculatrice ! Une vraie femme aurait soutenu son homme ! »

Je l'ai regardée droit dans les yeux, sans ciller. J'ai attendu qu'elle ait fini sa tirade. Puis, j'ai parlé, ma voix toujours aussi basse, mais tranchante.

« Votre fils est un adulte. Il a choisi de risquer sa vie pour une autre femme. Il a choisi de vider nos comptes en banque pour elle. Il m'a laissé seule pour accoucher. Il a choisi d'abandonner sa fille avant même de l'avoir vue. Ce ne sont pas mes choix. Ce sont les siens. »

J'ai fait une pause, laissant le poids de mes mots s'installer dans la petite chambre d'hôpital.

« Quand on se marie, on fait une promesse. On promet de se protéger mutuellement. On forme une équipe. Marc a rompu ce contrat. Il n'a pas seulement trahi sa femme, il a trahi sa famille. Il a trahi son enfant. »

Je me suis approchée du berceau et j'ai caressé la joue de Chloé.

« Ma seule priorité maintenant, c'est elle. La protéger. Et cela inclut de la protéger de l'irresponsabilité et de l'égoïsme de son père. »

Les Lambert me regardaient, bouche bée. Ils étaient venus pour me faire culpabiliser, pour me forcer à payer la rançon de la folie de leur fils. Ils sont tombés sur un mur.

« Alors non, je ne paierai pas. S'il a besoin d'argent, qu'il le demande à la famille d'Élodie Moreau. Ou qu'il vende son restaurant. Mais l'argent qui est sur nos comptes est pour l'avenir de ma fille. Et je ne laisserai personne y toucher. »

J'ai vu la haine dans les yeux de ma belle-mère. La haine d'une femme qui voit son idole brisée et qui a besoin d'une coupable. Et la coupable, c'était moi. La femme qui refusait de jouer le rôle de l'épouse sacrificielle.

« Vous n'êtes qu'un monstre », a-t-elle sifflé.

« Non », ai-je répondu. « Je suis une mère. Maintenant, s'il vous plaît, partez. Vous dérangez ma fille. »

Ils sont partis en claquant la porte. Je suis restée seule avec Chloé. Je n'ai pas pleuré. J'ai ressenti une sorte de soulagement. La bataille venait de commencer, et je venais de gagner la première manche.

                         

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