Trahison et Renouveau Conjugal
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Chapitre 3

Le lendemain matin, l'ambiance au petit-déjeuner était électrique. Sophie évitait mon regard, Hélène me lançait des piques sur l'argent "jeté par les fenêtres", et moi, je jouais le rôle du gendre enthousiaste et un peu naïf.

La porte d'entrée s'ouvrit brusquement, laissant apparaître Antoine Moreau, le frère de Sophie. Grand, dégingandé, avec un air d'arrogance mal placée, il incarnait le cliché du jeune homme qui n'avait jamais travaillé un jour de sa vie.

« Alors, c'est vrai cette histoire ? » lança-t-il en se servant un café sans saluer personne. « Le beau-frère pète un câble et décide de jouer au Père Noël pour tout le village ? »

Je le regardai calmement.

« Bonjour, Antoine. Oui, c'est vrai. J'ai pensé qu'il était temps que notre famille contribue un peu au bien-être de la communauté. »

Hélène saisit immédiatement l'occasion.

« Justement, Pierre, puisque tu es si généreux, » commença-t-elle d'un ton mielleux. « On parlait d'Antoine. Le pauvre, il s'ennuie à mourir ici. Toi qui as un si grand cabinet d'avocats à Paris, tu ne pourrais pas lui trouver une petite place ? Quelque chose de simple, juste pour l'occuper. »

Antoine redressa la tête, un sourire suffisant aux lèvres.

« Ouais, un poste de conseiller ou un truc du genre. Je suis bon pour donner des conseils. »

Je faillis éclater de rire. Conseiller. Lui. Avec son baccalauréat obtenu de justesse et ses journées passées à jouer aux jeux vidéo.

Je pris un air sérieux.

« Un poste dans mon cabinet ? C'est une excellente idée, Hélène. Mais dis-moi, Antoine, quelles sont tes qualifications ? Tu as fait des études de droit ? »

Le sourire d'Antoine se fana.

« Ben non, mais j'ai le sens des affaires. Et je suis ton beau-frère. Ça devrait suffire, non ? »

« Le sens des affaires ? » répétai-je lentement. « La dernière fois que j'ai entendu parler de tes "affaires", tu avais accumulé 10 000 euros de dettes de jeu que j'ai dû rembourser. »

Le visage d'Antoine vira au rouge. Hélène intervint aussitôt.

« Pierre ! Ne sois pas si dur avec lui ! C'était une erreur de jeunesse ! Il a besoin d'un coup de pouce, c'est tout ! »

Je fis semblant de réfléchir profondément. Je les regardai tour à tour : Hélène, suppliante et avide ; Antoine, boudeur et arrogant ; Sophie, silencieuse et terrifiée. Ils étaient pathétiques.

Alors, j'ai décidé de leur donner ce qu'ils voulaient. Ou du moins, de leur faire croire.

« Vous avez raison, » dis-je finalement avec un grand soupir. « La famille, c'est ce qu'il y a de plus important. Antoine, je vais te créer un poste. »

Leurs visages s'illuminèrent.

« Vraiment ? » s'exclama Antoine.

« Oui. Un poste de "Consultant en Développement Stratégique". Ça sonne bien, non ? »

Hélène applaudit presque.

« Oh, Pierre, c'est merveilleux ! Et le salaire ? »

« On peut commencer à 5 000 euros net par mois. Ça te va, Antoine ? »

Antoine faillit s'étouffer avec son café. 5 000 euros. Il n'avait jamais gagné plus de quelques centaines d'euros avec ses petits boulots.

« C'est... c'est génial ! » bafouilla-t-il. « Je commence quand ? »

« Le 2 janvier. Viens à mon bureau à Paris. On signera le contrat. Bien sûr, il y aura une période d'essai de six mois, mais avec tes talents, je suis sûr que ce ne sera qu'une formalité. »

Hélène me couvrit de louanges. Antoine se pavanait déjà dans la cuisine comme s'il était le nouveau PDG d'une multinationale. Sophie, elle, me regardait avec une peur encore plus grande. Elle me connaissait mieux qu'eux. Elle savait que ma générosité soudaine et démesurée était un poison.

Ils étaient tombés dans le panneau, la tête la première. Ils célébraient leur victoire, leur cupidité enfin récompensée. Ils ne voyaient pas le contrat que je leur tendais était un pacte avec le diable. Un poste imaginaire, un salaire qui ne serait jamais versé, une promesse aussi vide que leur âme.

Je me levai de table.

« Bon, je dois aller en ville finaliser les préparatifs pour la fête de demain soir. J'ai commandé un écran géant pour projeter des films et des souvenirs de l'année. J'espère que ça vous plaira. »

Je jetai un dernier regard à Sophie. Son visage était livide. Un écran géant. Des souvenirs de l'année. Elle avait compris.

La fête du Nouvel An ne serait pas une célébration.

Ce serait un tribunal.

Et j'en serais à la fois le juge, le jury et le bourreau.

            
            

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