Trahison et Renouveau Conjugal
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Chapitre 1

Le TGV filait à travers la campagne française, un long serpent de métal fendant le paysage hivernal. Assis dans un fauteuil de première classe, je regardais les arbres dénudés et les champs endormis défiler par la fenêtre. Je m'appelle Pierre Dubois, avocat à Paris, et je me rendais dans le petit village de ma belle-famille pour une surprise. Une surprise pour le Nouvel An.

Ma femme, Sophie, était censée être déjà sur place, aidant sa mère, Hélène, à préparer les festivités. J'avais prétexté une affaire urgente de dernière minute pour la laisser partir seule, prévoyant de la rejoindre le 31 décembre pour créer l'effet de surprise.

L'ennui me gagna après une heure de trajet. Je sortis mon ordinateur portable. Par habitude, plus que par réelle méfiance, j'ouvris l'application de surveillance de notre appartement parisien. J'avais fait installer les caméras après un cambriolage dans le quartier, une mesure de sécurité standard.

Les images se chargèrent. Le salon était vide. La chambre aussi. Puis, je cliquai sur la caméra du salon, celle qui couvrait le grand canapé.

Mon souffle se coupa.

Sophie était là.

Elle n'était pas seule.

Elle était sur le canapé, dans les bras d'un autre homme. Ses vêtements étaient en désordre. Ses mains parcouraient le dos de cet homme, un homme dont je reconnus immédiatement le visage. Laurent Bernard, un homme d'affaires avec qui j'avais eu quelques contacts professionnels. Un homme marié, puissant et sans scrupules.

Je ne ressentis rien sur le moment. Pas de colère, pas de tristesse. Juste un vide glacial qui s'installa dans ma poitrine. Je continuai de regarder, comme un spectateur détaché regardant un film sans intérêt. Le son était coupé, mais leurs gestes ne laissaient aucune place au doute. Ils s'embrassaient avec une passion que je n'avais pas vue chez Sophie depuis des années.

Je fermai lentement l'ordinateur portable. Je ne l'ai pas jeté par la fenêtre. Je ne l'ai pas fracassé contre la tablette. Je l'ai simplement refermé, avec un calme qui m'effraya moi-même.

Une voix douce me tira de ma torpeur.

« Est-ce que tout va bien, Monsieur ? »

Je tournai la tête. Une femme était assise à côté de moi. Elle avait la quarantaine, des yeux bienveillants et une expression inquiète. Je ne l'avais même pas remarquée en montant dans le train.

Je forçai un sourire.

« Oui, merci. Juste une mauvaise nouvelle professionnelle. »

Elle me regarda, sceptique.

« Vous êtes très pâle. Parfois, parler à un inconnu peut aider. Je m'appelle Isabelle Lambert. »

Je la fixai un instant. Quelque chose dans son regard me disait que je pouvais lui faire confiance. Et soudain, le besoin de parler, de verbaliser l'horreur, devint insupportable.

« Ma femme me trompe. Je viens de le découvrir, à l'instant, sur les caméras de sécurité de notre appartement. »

Isabelle ne montra aucune surprise. Elle hocha simplement la tête, une lueur de tristesse dans les yeux.

« Je comprends. Je suis passée par là. Mon mari m'a quittée il y a six mois pour une femme plus jeune. Après vingt ans de mariage. »

Nos regards se croisèrent. Nous étions deux étrangers, unis par la même blessure, la même trahison. Une sorte de camaraderie silencieuse s'installa entre nous.

Je restai silencieux, le cerveau en ébullition. Le plan initial de la surprise était mort. Un autre plan, plus sombre, plus méthodique, commençait à prendre forme dans mon esprit d'avocat. La douleur était là, mais elle se transformait déjà en une froide détermination. Je n'allais pas pleurer. Je n'allais pas crier. J'allais organiser ma vengeance.

Mon téléphone vibra. C'était Hélène, ma belle-mère. Je décrochai.

« Pierre, mon chéri ! Alors, cette affaire est bientôt réglée ? Tu sais, on t'attend. Sophie est un peu fatiguée, la pauvre. »

Sa voix mielleuse me donna la nausée.

« Et n'oublie pas ce dont on a parlé, hein ? Pour le toit de la maison, il faudrait vraiment que tu débloques les fonds. Et puis, pour Antoine, mon fils, tu lui as trouvé une place dans ton cabinet ? Il s'ennuie tellement, le pauvre petit. »

Je serrai les poings sous la table. La cupidité. L'exploitation. Ils me voyaient comme un portefeuille sur pattes. Sophie, Hélène, et même cet incapable d'Antoine. Ils étaient tous complices. La trahison n'était pas seulement conjugale, elle était familiale. Ils me pillaient depuis des années.

Une idée germa dans mon esprit, précise et cruelle.

« Allô, Hélène ? » dis-je d'une voix parfaitement calme, presque joyeuse.

« Oui, Pierre ? »

« Ne vous inquiétez pas pour l'argent. J'ai tout prévu. En fait, je suis dans le train. J'arrive ce soir. Je voulais vous faire une surprise. »

Un silence s'installa à l'autre bout du fil. Je pouvais presque sentir la panique d'Hélène. Elle devait se demander si j'avais entendu quelque chose, si je savais.

« Une surprise ? Mais... Sophie m'a dit que tu ne pouvais pas venir avant demain... »

« J'ai réussi à me libérer plus tôt. Je serai là pour le dîner. Dis à Sophie que j'ai hâte de la voir. »

Je raccrochai, un sourire glacial aux lèvres. La première pierre était posée. La peur allait s'installer dans leur camp.

Isabelle me regardait, fascinée.

« Vous n'allez pas faire une scène en arrivant, n'est-ce pas ? »

Je secouai la tête.

« Non. Ce serait trop simple. Trop rapide. Je prévois quelque chose de beaucoup plus... théâtral. »

Je me penchai légèrement vers elle, comme pour partager un secret.

« Je vais leur offrir la plus belle fête du Nouvel An que ce village ait jamais connue. Et pendant cette fête, je vais détruire leur vie. Brique par brique. Devant tout le monde. »

Isabelle me fixa, un mélange d'effroi et d'admiration dans les yeux.

« Vous êtes soit un homme très courageux, soit un fou. »

« Je suis un avocat, » répondis-je. « Et je viens de prendre en charge le dossier le plus important de ma carrière : le mien. »

            
            

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