La lumière des drones dansait encore dans le ciel, un spectacle extravagant payé par Chloé pour un autre homme. La phrase "AIMER COMME AU PREMIER JOUR, SANS COMPTER LE PRIX" restait suspendue dans l'air glacial, une ironie cruelle qui ne l'atteignait même plus. C'était une performance, et il n'était même pas dans le public. Il était dans les coulisses, dans l'ombre, là où on range les accessoires inutiles.
Il avait toujours vécu dans son ombre, acceptant ce rôle avec une dévotion qu'il avait prise pour de l'amour. Il se tenait là, dans la partie sombre du grand salon, tandis que la lumière artificielle de la déclaration de Chloé peignait des motifs rouges et dorés sur le parquet.
Puis, il fit quelque chose d'inattendu. Il fit un pas, puis un autre, sortant délibérément de l'ombre pour se placer en plein dans le halo lumineux projeté par les drones. La lumière chaude le baigna, et pour la première fois, il ne se sentit pas exclu. Il avait l'impression de voler un peu de cette chaleur, de cette attention, pour lui-même.
Il ne regardait plus le spectacle dans le ciel. Il regardait la lumière sur le sol, cette lumière qui n'était pas pour lui, et il l'accepta. C'était le dernier cadeau involontaire de Chloé. Elle lui offrait, sans le savoir, un décor pour sa propre renaissance.
Il sourit, un vrai sourire cette fois, un peu triste, un peu amusé. Il se sentait comme un personnage de film qui sort du scénario.
Il se frotta les bras, non pas à cause du froid, mais comme pour se réconforter. Il se donna à lui-même l'attention que personne d'autre ne lui accordait. Pendant que dehors la foule applaudissait le grand amour de Chloé et Antoine, lui, Alexandre, dans son salon vide, s'offrait un moment de pure solitude, mais une solitude choisie, une solitude qui n'était plus subie. C'était le premier instant de sa nouvelle vie. Il était seul, mais il n'était plus abandonné. Il était simplement... libre.
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