Renaissance d'un Mari Trompé
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Chapitre 2

Le lendemain matin, le VTC commandé par Chloé arriva à l'heure. Alexandre sortit de l'immeuble, le froid de décembre lui mordant le visage. Il avait attendu cinq minutes supplémentaires, espérant un message, un appel. Rien. Chloé était déjà partie avec Antoine, sans un mot.

Le chauffeur, un homme d'une cinquantaine d'années au visage bienveillant, l'aida à monter.

« Vous allez bien, monsieur ? Vous avez l'air pâle. »

« Ça va, merci, » répondit Alexandre.

Le trajet vers le cabinet de kinésithérapie se fit en silence. La rééducation fut une épreuve. Chaque mouvement était une torture, un rappel cuisant de ce que sa main avait perdu. En sortant, il s'assit sur un banc, le vent glacial s'infiltrant sous sa veste. Il consulta son téléphone. Toujours pas de nouvelles de Chloé. Il attendit, regardant les gens passer, emmitouflés dans leurs écharpes. Une heure passa. Puis deux.

Un taxi s'arrêta devant lui. Le même chauffeur que ce matin.

« Je vous ai vu en passant, » dit l'homme. « Vous attendez toujours ? Il fait un froid de canard. Montez, je vous ramène. »

Alexandre hésita. Il y a encore quelques jours, il aurait bombardé Chloé d'appels et de messages, paniqué à l'idée qu'elle l'ait oublié. Aujourd'hui, il ressentait une lassitude infinie. Il refusa poliment l'offre du chauffeur, disant qu'il préférait marcher un peu. C'était un mensonge, il n'avait simplement plus l'énergie de se soucier d'elle. Il finit par prendre le métro. À la station, il réalisa qu'il n'avait pas son portefeuille. Chloé le gardait, lui donnant juste assez d'argent liquide pour la journée. Il fouilla ses poches, sa main gauche tremblante de froid et de fatigue. Il trouva une seule chose de valeur : son alliance.

Il la retira de son doigt. L'or était froid contre sa peau. Il la tendit au guichetier, le visage impassible.

« Est-ce que ça suffit pour un ticket ? »

L'employé le regarda, abasourdi, puis hocha la tête, lui donnant un ticket et un peu de monnaie. Alexandre ne regarda pas en arrière.

Il rentra dans un appartement vide et silencieux. Il n'y avait aucune note, aucun message. Il était seul. La soirée s'étira, c'était le 31 décembre. Dehors, la ville se préparait à célébrer la nouvelle année. Lui, il était assis dans le noir, la douleur dans sa main droite lancinante.

Vers vingt-trois heures, son téléphone sonna enfin. C'était Chloé.

« Tu es où ? » demanda-t-elle, le bruit d'une foule en fond sonore.

« À la maison. »

« Ah, bien. Écoute, avec Antoine, on est près du Trocadéro. On a organisé un truc énorme pour le Nouvel An. Descends nous rejoindre. »

« Je n'ai pas d'argent pour un taxi, Chloé. »

Elle soupira d'exaspération.

« Toujours des problèmes. Bon, reste là, regarde par la fenêtre à minuit. J'ai une surprise pour Antoine. Tu verras. »

Elle raccrocha. Une surprise pour Antoine. Pas un mot pour lui, pas une question sur sa journée de rééducation. Rien.

Alexandre s'approcha de la grande baie vitrée du salon. Elle donnait directement sur la Seine et, au loin, la Tour Eiffel. Il attendit. À minuit pile, le ciel s'illumina. Mais ce n'était pas le feu d'artifice habituel de la ville. Des centaines de drones lumineux s'élevèrent dans le ciel nocturne, formant des lettres scintillantes.

D'abord un "A", puis un "N", un "T", un "O", un "I", un "N", un "E".

Puis, les drones se reconfigurèrent pour écrire une phrase en lettres de feu :

« AIMER COMME AU PREMIER JOUR, SANS COMPTER LE PRIX. »

C'était grandiose, spectaculaire, et d'un coût exorbitant. Une déclaration d'amour publique, non pas pour son mari, mais pour son "ami d'enfance".

Alexandre regarda la scène, le cœur vide. Il entendit des voix excitées depuis le balcon de l'appartement voisin.

« C'est Chloé Lambert, la galeriste ! Tu as vu ça ? Elle a fait ça pour son petit ami, Antoine Moreau, l'artiste. Ils sont inséparables. »

« Et son mari, alors ? » demanda une autre voix.

« Ah, le pauvre type... Personne ne le voit jamais. On dit qu'il ne fait rien, qu'elle l'entretient. C'est juste une façade, je pense. »

Une façade. Le pauvre type. Ces mots, prononcés par des étrangers, confirmèrent ce qu'il savait déjà. Il était un figurant dans la vie de sa propre femme.

Les drones formaient maintenant un cœur géant qui pulsait dans le ciel. La lumière rougeoyante illuminait une partie du salon, laissant Alexandre dans l'ombre. Il se regarda dans le reflet de la vitre. Un homme au visage fatigué, le bras en écharpe, seul dans le noir, regardant une fête qui n'était pas pour lui.

Il leva sa main gauche valide, comme pour porter un toast à son propre reflet.

« Bonne année, Alexandre, » murmura-t-il, sa voix se perdant dans le silence de l'appartement.

Dehors, les éclats de joie de la foule célébraient l'amour de Chloé pour Antoine. Dedans, Alexandre célébrait silencieusement la fin de son propre amour pour elle. L'année qui commençait serait la sienne.

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