Je me suis réveillée en sursaut, le souffle coupé, le cœur battant à tout rompre. J'étais dans mon lit. Ma chambre. La lumière du jour filtrait à travers les rideaux. J'ai porté instinctivement mes mains à mon visage. La peau était lisse, intacte. Pas de brûlure, pas de cicatrice. Juste la sensation fantôme d'une douleur atroce.
J'ai sauté du lit et couru vers le miroir. Mon reflet m'a regardée, pâle et effrayée, mais indemne. C'était impossible. Un cauchemar ? C'était trop réel, trop détaillé pour être un simple rêve.
La porte de ma chambre s'est ouverte. Manon est entrée, radieuse, un sourire éclatant sur le visage. Elle portait la même robe que le jour où elle m'avait parlé de Julien pour la première fois.
« Tu ne peux pas imaginer, Camille, c'est incroyable. Il est tellement... libre. Pas comme les autres. »
Les mêmes mots. La même intonation. J'ai reculé d'un pas, mon corps tremblant de manière incontrôlable. La nausée est montée dans ma gorge. La scène était identique. J'ai regardé la date sur le calendrier accroché au mur. C'était bien ça. J'étais revenue en arrière. Revenue au jour où tout a commencé à basculer.
Mon cerveau a mis quelques secondes à traiter l'information. Je n'étais pas morte. J'avais une seconde chance. Une chance de ne plus subir. Une chance de me venger.
Manon a remarqué mon silence.
« Ben quoi ? Tu fais une drôle de tête. T'es pas contente pour moi ? »
J'ai lutté pour contrôler le tremblement de ma voix. J'ai ravalé la haine qui menaçait de déborder. Il fallait que je sois prudente, que je ne montre rien.
« Si, si, bien sûr. Je suis contente. »
Mon ton était plat, sans émotion. J'ai observé son visage, le visage de ma meurtrière. La haine était toujours là, mais elle était maintenant froide, calculatrice.
« C'est qui, ce garçon ? » ai-je demandé, essayant de paraître simplement curieuse.
« Il s'appelle Julien. Julien Moreau. Tu te souviens de lui ? Il était dans ton lycée, mais une classe au-dessus. »
Mon sang s'est glacé. Julien Moreau. C'était mon premier petit ami. Le garçon pour qui j'avais eu le béguin pendant des mois, avec qui j'étais sortie pendant quelques semaines avant qu'il ne me quitte sans explication. J'avais eu le cœur brisé. Et maintenant, je comprenais. Il ne m'avait pas quittée sans raison. Il m'avait quittée pour ma sœur. La trahison était encore plus profonde, plus ancienne que je ne l'avais imaginé.
« Ah oui, » ai-je réussi à dire. « Je vois qui c'est. »
Manon a continué à parler, à se vanter de la façon dont elle l'avait séduit, de leur "connexion instantanée". Elle me racontait ça à moi, sa sœur, la fille qu'il venait de larguer. Elle était non seulement égoïste et imprudente, mais aussi cruelle.
Elle a fouillé dans son sac et en a sorti un petit carnet.
« Regarde ce qu'il m'a offert. C'est un carnet où je peux écrire tous mes secrets. »
Elle l'a ouvert et j'ai aperçu l'écriture de Julien. Et la sienne. Elle y notait tout. Ses rendez-vous, ses pensées, ses actes. Un journal intime de sa débauche. J'ai immédiatement compris que ce carnet serait une arme. Dans ma vie précédente, je n'y avais pas prêté attention. Cette fois, je savais que c'était la clé.
Mon plan a commencé à prendre forme dans mon esprit. Cette fois, je ne la mettrai pas en garde. Je ne la protégerai pas. Au contraire. Je la laisserai s'enfoncer. Je l'encouragerai même. Et quand elle tombera, je m'assurerai que la chute soit spectaculaire. Je ne subirai plus. C'était à mon tour de prendre les rênes.