Destins Croisés, Âmes Brûlées
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Chapitre 1

Ma sœur, Manon, a toujours eu cette façon de parler de ses conquêtes, un mélange de fierté et de défi dans la voix. Elle s'asseyait sur le bord de mon lit, ses cheveux blonds parfaitement coiffés tombant sur ses épaules, et me racontait ses nuits avec Julien, son petit ami du moment.

« Tu ne peux pas imaginer, Camille, c'est incroyable. Il est tellement... libre. Pas comme les autres. »

Je savais ce que "libre" voulait dire dans sa bouche. Ça voulait dire sans précautions, sans limites, sans penser au lendemain. J'étais étudiante en biologie, je connaissais les risques, les maladies, les conséquences que son corps pourrait subir.

« Manon, tu devrais faire attention. Pour ta santé. Il existe des protections, ce n'est pas pour rien. »

Elle a levé les yeux au ciel, un sourire moqueur sur ses lèvres parfaitement dessinées.

« Oh, s'il te plaît, Camille. Ne commence pas avec tes leçons de morale. Tu es juste jalouse parce que tu es seule. Vis un peu. »

Je n'ai rien répondu. À quoi bon ? Elle ne m'écoutait jamais. Pour elle, j'étais la sœur ennuyeuse, la vieille fille coincée, tandis qu'elle était la star de la famille, la préférée de notre mère.

Quelques mois plus tard, Julien l'a quittée. Manon a pleuré pendant deux jours, puis notre mère, Madame Dubois, a pris les choses en main. Elle lui a trouvé un mari, un riche héritier, Antoine Leclerc. Un homme d'une famille respectable qui, selon les dires de ma mère, exigeait une épouse "pure".

Le mariage a été somptueux. Manon était resplendissante dans sa robe blanche, un symbole d'une innocence qu'elle n'avait plus depuis longtemps. J'ai regardé tout ça de loin, le cœur serré, avec un mauvais pressentiment.

Le scandale a éclaté le soir même, pendant la nuit de noces. L'absence de virginité de Manon n'a pas pu être dissimulée. La famille Leclerc était furieuse. L'humiliation était totale.

Quand je suis rentrée à la maison le lendemain, j'ai trouvé Manon dans la cuisine. Ses yeux étaient rouges de colère, son beau visage déformé par la haine. Notre mère était à côté d'elle, me foudroyant du regard.

« C'est de ta faute ! » a crié Manon.

Je n'ai pas compris.

« De quoi tu parles ? »

« Tu aurais dû me forcer ! Tu aurais dû m'empêcher de faire des bêtises ! Tu savais que ça finirait comme ça, tu l'as fait exprès ! Tu voulais que je sois humiliée ! »

Sa logique était tordue, folle. Mais avant que je puisse dire un mot, elle s'est jetée sur moi. Elle était plus forte que je ne le pensais. Elle m'a attrapée par les cheveux et m'a traînée vers la cuisinière où une grande marmite d'eau bouillait.

« Tu vas payer, Camille ! Tu vas payer pour avoir ruiné ma vie ! »

La douleur a été instantanée, inimaginable. Mon visage a heurté l'eau bouillante. J'ai senti ma peau brûler, se dissoudre. J'ai hurlé, mais le son était étouffé par l'eau. Ma mère se tenait là, pétrifiée, sans lever le petit doigt pour m'aider. La dernière chose que j'ai vue, c'est le visage triomphant de ma sœur. Puis, tout est devenu noir. Une haine pure et glaciale a rempli mon cœur juste avant que je ne perde conscience. Je suis morte en la maudissant.

            
            

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