Le Pardon d'une Âme Perdue
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Chapitre 4

Le lendemain matin, Amélie se réveilla avec un goût amer dans la bouche. Marc était déjà parti travailler. Une tasse de café froid traînait sur le comptoir, signe de son départ précipité. Sur son oreiller, elle sentit une odeur qui n'était pas la sienne. Une fragrance florale, sucrée et écœurante. Le parfum de Chloé.

La nausée la prit. Hier soir, après sa crise, Marc était resté distant. Il était revenu se coucher bien plus tard, et elle avait senti cette odeur sur ses vêtements. Il avait dû la revoir après l'avoir quittée dans le salon.

La douleur dans sa poitrine était toujours là, une compagne fidèle. Elle s'habilla mécaniquement, se préparant pour une journée de rendez-vous. Le premier était un examen de suivi à l'hôpital. Rien de grave, lui avait dit son médecin, juste une précaution.

En arrivant dans la salle d'attente du service de radiologie, elle se figea. Assis sur des chaises, côte à côte, se trouvaient Marc et Chloé. Chloé avait l'air pâle et tenait un mouchoir à sa bouche. Marc lui frottait doucement le dos.

Ils levèrent les yeux et la virent. La surprise se peignit sur le visage de Marc, rapidement remplacée par de l'agacement.

"Amélie ? Qu'est-ce que tu fais ici ?"

"J'ai un rendez-vous," répondit-elle, sa voix neutre. "Et vous ?"

"Chloé ne se sentait pas bien ce matin, je l'ai accompagnée," dit-il sur un ton défensif, comme s'il devait se justifier. "Elle a des vertiges."

"Quelle coïncidence," murmura Amélie, un sourire ironique aux lèvres.

Elle s'assit à l'autre bout de la salle, sortant un dossier de son sac pour faire semblant de travailler. Le silence était pesant. Elle pouvait sentir leur malaise.

"Tu n'as pas à être suspicieuse comme ça," lança Marc à travers la pièce. "Je te l'ai dit, je l'aide."

"Tu l'aides beaucoup, ces derniers temps," répliqua-t-elle sans lever les yeux de ses papiers.

"Arrête de m'accuser. Tu te fais des films. Tu es juste stressée par ton travail."

Il essayait de renverser la situation, de la faire passer pour folle, paranoïaque. C'était une vieille tactique qu'il utilisait chaque fois qu'elle le confrontait à ses contradictions.

Chloé intervint, sa voix faible et plaintive.

"Marc, laisse. Ce n'est rien. Amélie a le droit d'être en colère."

Puis, se tournant vers Amélie avec un air faussement contrit :

"C'est de ma faute. Je suis tellement désolée de vous imposer tout ça. Vous devez penser que je suis une profiteuse."

Elle jouait encore la victime. Amélie serra les poings sous la table.

"Mon petit Marc," ajouta Chloé en posant sa tête sur l'épaule de Marc.

Ce "mon petit Marc" fut la goutte d'eau. C'était un surnom intime, possessif. Une façon de marquer son territoire.

L'infirmière appela le nom d'Amélie. Elle se leva, soulagée de pouvoir enfin échapper à cette scène. En passant devant eux, elle s'arrêta et regarda Marc droit dans les yeux.

"Au fait, j'ai eu les premiers résultats de mes analyses."

Marc la regarda à peine, plus préoccupé par le confort de Chloé.

"Ah oui ? Et alors ?" demanda-t-il distraitement.

"Ils pensent que c'est peut-être grave. La douleur dans ma poitrine, ce n'est pas juste le stress."

Elle avait dit ça pour le faire réagir, pour voir une lueur d'inquiétude dans ses yeux. Mais il se contenta de hocher la tête.

"Ah. Bon, j'espère que ce n'est rien. Tiens-moi au courant."

Puis, il se retourna vers Chloé.

"Tu veux que j'aille te chercher un verre d'eau ?"

Amélie resta un instant immobile, le souffle coupé par son indifférence. Il ne s'en souciait pas. Sa santé, ses peurs, tout cela passait après les petits malaises de Chloé. L'infirmière l'appela de nouveau. Amélie se détourna et suivit la blouse blanche dans le couloir, se sentant plus seule et invisible que jamais. Il n'avait pas compris. Ou il ne voulait pas comprendre. Pour lui, elle était devenue un bruit de fond.

                         

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