Le Refus: Une Seconde Chance
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Chapitre 4

J'ai passé les semaines suivantes à préparer mon départ pour Paris, m'immergeant dans les démarches administratives et les préparatifs pour ne plus avoir à penser à Marc. Je l'évitais systématiquement. Si je le voyais au loin dans la rue, je changeais de trottoir. J'ignorais ses appels et ses messages. Je voulais une coupure nette.

Un après-midi, je devais me rendre à la poste centrale pour envoyer les derniers documents requis pour mon inscription à l'école d'architecture. C'était un grand bâtiment ancien, avec une acoustique particulière qui portait les voix.

Alors que je faisais la queue, j'ai entendu des éclats de voix provenant d'un coin plus isolé, près des boîtes postales. Une voix masculine, que j'ai reconnue instantanément. C'était Marc. Et il n'était pas seul.

Poussée par une terrible prémonition, je me suis approchée discrètement, me cachant derrière une grande colonne de marbre.

Marc était là, en pleine discussion animée avec Sophie Duval. Elle avait l'air agacée.

"Tu m'avais promis que ça marcherait, Marc ! Tu m'avais dit qu'elle céderait, comme la dernière fois !" se plaignait Sophie.

"Comment pouvais-je savoir qu'elle serait devenue cette... cette garce ?" a répondu Marc, la voix pleine de frustration. "Elle n'est plus la même. Elle est dure, méfiante. C'est comme si elle savait."

"Et alors ? On fait quoi maintenant ? Ce projet, c'est le mien ! J'ai travaillé dessus pendant des mois dans notre autre vie, tu te souviens ? C'est moi qui devais gagner, pas elle ! Elle me l'a volé !"

Mon sang se glaça dans mes veines. Alors c'était ça. Le projet qui m'avait fait gagner n'était même pas entièrement le mien dans leur esprit. Sophie l'avait réclamé comme sien. Le culot de cette femme était sans bornes.

"Calme-toi", a dit Marc en essayant de la rassurer. "J'ai un autre plan. J'ai un contact au sein du comité du concours. On va faire fuiter des 'preuves' que Claire a plagié une partie de son projet. Avec ton témoignage, disant que tu avais eu des idées similaires, on peut créer le doute. Ils vont ouvrir une enquête, et pendant ce temps, sa bourse sera suspendue. Ça nous laissera le temps de trouver autre chose."

Sophie a souri, un sourire venimeux.

"Ça, c'est une meilleure idée. Il faut la détruire professionnellement. Elle ne mérite pas ce succès. C'est toi qu'elle aurait dû épouser, et c'est moi qui aurais dû avoir cette carrière. Elle nous a tout pris en refusant de mourir ou d'être handicapée !"

J'ai dû poser une main sur ma bouche pour étouffer un cri. La cruauté de ses mots était inimaginable. Ils ne voyaient pas ma vie comme une vie, mais comme un obstacle à leur propre bonheur. Ma survie intacte était une injustice à leurs yeux.

Je n'ai pas attendu pour en entendre plus. J'ai senti une rage froide m'envahir. Fini de subir. Il était temps d'agir.

Je suis sortie de ma cachette et j'ai marché d'un pas décidé vers le bureau du directeur de la poste, Monsieur Martin, un homme connu pour sa rigueur et son intégrité. J'ai frappé à sa porte.

"Entrez."

Je suis entrée, le cœur battant la chamade, mais le visage déterminé.

"Monsieur Martin, pardonnez-moi de vous déranger. Je m'appelle Claire Dubois. Je dois vous signaler quelque chose de très grave. Une tentative de fraude et de diffamation est en train de se préparer dans votre établissement."

J'ai tout expliqué, vite, précisément. Les personnes impliquées, leur plan pour me discréditer, les mots exacts que je venais d'entendre.

Monsieur Martin m'a écoutée attentivement, le visage de plus en plus grave. Quand j'ai eu fini, il a appuyé sur un bouton de son interphone.

"Sécurité, à mon bureau, immédiatement."

Deux agents de sécurité sont arrivés en moins d'une minute.

"Mademoiselle Dubois vient de nous signaler un complot. Les deux individus sont près des boîtes postales. Allez les chercher et amenez-les ici. Discrètement."

Les agents ont hoché la tête et sont partis. Quelques minutes plus tard, la porte s'est ouverte. Les deux agents encadraient Marc et Sophie, qui avaient l'air complètement pris au dépourvu.

Quand Marc m'a vue, debout à côté du bureau du directeur, son visage a changé. La surprise a laissé place à une fureur glaciale.

"Claire ! Qu'est-ce que ça veut dire ? Tu nous espionnes maintenant ?"

"C'est vous qui devriez vous expliquer", a dit Monsieur Martin d'une voix sévère. "Nous avons des raisons de croire que vous complotiez pour commettre une fraude et nuire à la réputation de Mademoiselle Dubois."

Sophie a éclaté d'un rire nerveux.

"C'est ridicule ! C'est elle qui est folle ! Elle invente des histoires !"

"Je n'invente rien", ai-je dit, ma voix calme contrastant avec la leur. "J'ai tout entendu. Votre plan pour me faire accuser de plagiat. Votre mépris pour ma réussite. Je sais tout."

"Tu n'as aucune preuve !" a crié Marc, essayant de reprendre le contrôle. "C'est ta parole contre la nôtre ! Personne ne te croira !"

"Peut-être," ai-je répondu en le regardant droit dans les yeux. "Mais je suis prête à porter plainte. Pour tentative de diffamation, pour harcèlement. On verra bien ce que la justice décidera. Et je suis sûre que le comité du concours sera très intéressé d'entendre parler de vos manigances."

Le visage de Marc s'est décomposé. Il savait que j'étais sérieuse. Un scandale public était la dernière chose dont il avait besoin pour sa carrière.

"Tu ne ferais pas ça", a-t-il sifflé.

"Ne me mets pas au défi, Marc. J'ai déjà perdu une vie à cause de toi. Je n'ai plus rien à perdre."

                         

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