Rencontre Mortelle: L'Objectif du Destin
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Chapitre 2

Leurs voix mielleuses résonnaient autour de moi, mais dans ma tête, c'était le chaos des souvenirs de ma vie antérieure qui défilait.

Je me revoyais, hagarde, devant le rapport d'autopsie de ma mère. "Décès par traumatisme crânien sévère."

Je revoyais mon père, l'homme le plus fort que je connaissais, affalé sur son fauteuil, le côté droit de son corps inerte, un filet de bave au coin des lèvres, essayant de prononcer mon nom sans y parvenir.

Les appels incessants des créanciers, les lettres de mise en demeure, la vente aux enchères de notre maison. Tout s'était effondré si vite, comme un château de cartes.

Et puis, le coup de grâce.

Romain.

Il était venu me voir, non pas pour me consoler, mais pour rompre. Je me souviens de son regard froid, dénué de toute pitié.

« Amélie, je ne peux plus. Regarde-toi. Regarde ta famille. C'est comme si tu portais la poisse. Je dois penser à mon avenir. »

Chaque mot était une gifle. L'homme que j'aimais, celui avec qui je projetais de me marier, me jetait comme un déchet au moment où j'avais le plus besoin de lui.

La solitude était un gouffre sans fond.

Quelques semaines plus tard, désespérée, j'avais appelé Léa. Elle m'avait répondu d'une voix enjouée, me racontant qu'elle venait d'acheter un appartement de luxe dans le centre-ville.

« Et ce n'est pas tout ! Mes parents vont beaucoup mieux ! Le médecin a dit que c'était un miracle. Leurs maladies chroniques ont tout simplement disparu ! »

À ce moment-là, quelque chose s'était brisé en moi. Le contraste était trop violent, trop injuste. Leurs bonheurs semblaient être construits sur les ruines de ma vie.

C'est là, en traversant la rue sans regarder, le téléphone encore à l'oreille, que la voiture m'a fauchée.

Et dans ce néant post-mortem, la vérité m'a frappée. L'appareil photo. Chaque photo prise avait drainé la chance et la vie de la personne photographiée pour la transférer à Léa. Mes parents pour ses parents. Ma fortune pour sa fortune.

Romain n'était qu'un complice opportuniste, attiré par l'appât du gain.

« Amélie ? Ça va ? Tu as l'air ailleurs. »

La voix de Romain me tira de ma transe. Il me tenait toujours par l'épaule, son contact me donnait la nausée. Léa, de son côté, avait retrouvé son sourire de façade.

Je me suis ressaisie, affichant un air confus.

« Excusez-moi, j'ai dû mal dormir. J'ai un peu la tête qui tourne. »

Je me suis doucement dégagée de l'emprise de Romain.

« Romain, mon amour, tu pourrais m'apporter un verre d'eau, s'il te plaît ? Je me sens un peu faible. »

C'était une de ses habitudes. Il aimait jouer le rôle du petit ami prévenant, surtout devant mes parents. Il ne pouvait pas refuser.

« Bien sûr, ma chérie. Tout de suite. »

Il s'est empressé d'aller à la cuisine, me laissant seule avec Léa et mes parents.

Pendant qu'il était parti, j'ai regardé Léa droit dans les yeux.

« Tu sais, Léa, je pense que tu as raison. Une photo de famille, c'est une excellente idée. Mais on la fera plus tard, quand je me sentirai mieux. Je veux être parfaite pour cette photo. »

Je lui ai adressé le plus doux des sourires. Elle semblait soulagée, pensant que j'avais mordu à l'hameçon.

Romain est revenu avec le verre d'eau. En me le tendant, son regard a croisé le mien. Il essayait de paraître inquiet et aimant, mais je pouvais voir, au fond de ses pupilles, une lueur de triomphe et de cupidité.

Il pensait que j'étais toujours la même Amélie, naïve et facile à manipuler.

Il se trompait lourdement.

Cette fois-ci, le jeu avait de nouvelles règles.

Et c'est moi qui les fixais.

            
            

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