Mon Doux Mari, Sa Terrible Mère
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Chapitre 2

Le salon est rempli de l'odeur du café et des croissants chauds. Madame Martin se déplace avec une agilité surprenante pour son âge, un grand sourire figé sur son visage. Elle porte un plateau en argent.

« Camille, ma chérie ! »

Sa voix est douce, presque chantante. Tout le monde la regarde, que ce soit dans la pièce ou à travers les écrans.

« J'ai préparé des croissants pour tout le monde, mais ceux-ci... ceux-ci sont spéciaux. Juste pour toi. »

Elle pose le plateau devant moi. Sur une assiette en porcelaine fine, il y a deux croissants parfaitement dorés, plus gros et plus appétissants que les autres. Une légère poudre d'amandes effilées les recouvre.

« C'est une vieille recette de famille, avec une farce spéciale aux amandes. C'est pour te souhaiter la bienvenue dans la famille Martin. »

Je la regarde dans les yeux. Son regard est plein d'une fausse bienveillance. Mais je ne suis pas dupe. Je connais ce genre de regard. C'est le regard du prédateur qui observe sa proie. J'ai passé des années à décoder ce langage non-verbal. Chaque muscle de mon corps me crie que quelque chose ne va pas.

Je sens le poids des regards sur moi. Antoine, à côté de moi, me sourit, ignorant tout du piège qui se tend. Le beau-père lit son journal, indifférent. Sur l'écran géant, les visages des tantes et des oncles sont pleins d'attente.

Une tante s'exclame à travers les haut-parleurs : « Oh, quelle chance tu as, Camille ! Les croissants de ma sœur sont les meilleurs du monde ! Goûte, vite ! »

Un oncle ajoute : « Oui, ne sois pas timide ! On veut voir si tu aimes ! »

La pression monte. Madame Martin reste debout à côté de moi, son sourire ne faiblit pas. Elle attend. Elle savoure ce moment. Elle veut me voir mordre à l'hameçon devant tout le monde, me forcer à accepter son "cadeau" empoisonné pour asseoir son autorité dès le premier jour. Refuser serait une insulte, une déclaration de guerre ouverte devant toute la famille. Accepter... c'est tomber dans son piège.

Je prends une profonde inspiration. Je n'ai pas le choix. Je dois jouer son jeu, pour le moment.

Je prends un des croissants. Il est encore chaud. L'odeur de beurre et d'amandes est délicieuse. C'est un chef-d'œuvre de manipulation. L'apparence est parfaite, l'intention est pourrie.

« Merci beaucoup, Maman. C'est très gentil à vous. »

Ma voix est calme, posée. Je lui offre mon plus beau sourire. Je vois une lueur de triomphe dans ses yeux. Elle pense avoir gagné la première manche.

Lentement, je porte le croissant à ma bouche. Le silence se fait dans la pièce. Tous les regards sont fixés sur moi. Je sens le souffle d'Antoine à côté de moi.

Je prends une bouchée.

La première seconde, je sens le goût sucré des amandes et la texture feuilletée de la pâte. C'est délicieux.

Et puis, la farce cachée au centre du croissant atteint ma langue.

C'est une explosion de saveurs immondes. Une amertume intense, âcre, qui envahit toute ma bouche. C'est de la chicorée pure, non torréfiée, un goût de terre et de poison. Et juste après, une vague de feu. De la moutarde extra-forte, celle qui monte au nez et qui brûle la gorge. Le mélange est absolument ignoble, une attaque chimique déguisée en pâtisserie. C'est conçu pour faire vomir, pour humilier.

Je retiens un haut-le-cœur. Mes yeux commencent à pleurer à cause de la moutarde. Ma gorge se serre. Le goût est si horrible que mon estomac se contracte violemment.

Madame Martin me regarde, son sourire s'est légèrement agrandi. Elle sait. Elle attend ma réaction. Elle attend que je crache, que je pleure, que je cours aux toilettes.

Elle va être déçue.

            
            

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