Les bruits de la cuisine du "Le Saphir" étaient une symphonie chaotique, mais Marc Dubois s' y déplaçait avec la précision d' un maître.
Soudain, une voix grasse, celle de Pierre Laurent, le critique gastronomique le plus redouté de Paris, me coupa dans mon élan : « Alors, Dubois ? On s'entraîne pour la cantine du coin ? »
Mon sang se glaça en reconnaissant ma petite amie, Claire, assise à ses côtés, ses yeux brillant d' une ambition froide que je ne connaissais que trop bien.
« Je viens vous demander pourquoi vous envoyez des photos de vous et de ma petite amie, dans votre chambre d'hôtel, à un blogueur spécialisé dans les scandales. »
Le silence tomba, lourd de stupéfaction et de honte.
Dans ma vie d' avant, cette même scène avait marqué le début de ma descente aux enfers : ruiné, trahi, humilié et, finalement, mort, jeté dans la Seine.
Mais cette fois, le destin m' avait offert une seconde chance ; je m' étais réveillé deux mois plus tôt, armé des souvenirs de leur trahison et d' un plan méticuleux pour leur vengeance.
Je n' étais plus le chef naïf et amoureux, mais un fantôme revenu d' entre les morts pour les détruire.
L' heure de la revanche avait sonné, et mon plat serait servi froid.