La vengeance du chef trahi
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Chapitre 3

La tension autour de la table sept était devenue si épaisse qu'on aurait pu la couper au couteau.

Le silence assourdissant du restaurant était uniquement brisé par la respiration haletante de Claire.

Pierre Laurent, pour la première fois de sa vie peut-être, était sans voix, son visage passant du rouge de la colère au blanc de la panique.

Il fixait le téléphone de Marc, puis le visage de Marc, comme s'il ne comprenait pas la séquence des événements.

"C'est un montage," cracha finalement Pierre, sa voix rauque. "C'est un coup monté ridicule. Vous êtes fou, Dubois."

Claire, retrouvant un semblant de contenance, essaya de jouer la carte de la victime.

"Marc, comment peux-tu croire une chose pareille ? Comment peux-tu m'humilier comme ça publiquement ? C'est... c'est cruel !"

Elle se mit à pleurer, mais ses larmes semblaient fausses, même pour les spectateurs les plus éloignés.

Marc ne cilla pas.

"Je ne vous ai pas encore humiliés," dit-il calmement, en reprenant son téléphone. "Pour l'instant, je ne fais que poser une question."

Il se pencha légèrement vers Pierre.

"Alors, je répète. Pourquoi envoyer ces photos à un blogueur ? Surtout quand ce blogueur, par une étrange coïncidence, se trouve être un de mes vieux amis d'école. Un ami qui me doit un service."

Le mensonge était parfait, plausible.

La panique dans les yeux de Pierre s'intensifia.

Il n'avait pas envoyé ces photos, bien sûr. C'était Marc.

Mais comment le prouver sans admettre que les photos étaient réelles ?

C'était un piège parfait.

Monsieur Dupont, le propriétaire, s'approcha enfin, son visage une étude de professionnalisme inquiet.

"Chef Dubois, Monsieur Laurent, Madame Lefèvre. Peut-être pourriez-vous régler cette... affaire privée dans mon bureau ?"

Sa voix était calme mais ferme.

Il voulait avant tout protéger la réputation de son établissement.

"Excellente idée," dit Marc sans quitter Pierre des yeux.

Pierre, voyant une porte de sortie, se leva brusquement, faisant tomber sa chaise.

"Absolument. Mettons fin à cette mascarade."

Il attrapa le bras de Claire avec force.

"Viens."

Ils suivirent Monsieur Dupont vers le fond du restaurant, laissant derrière eux une salle pleine de chuchotements et de regards choqués.

Dans le bureau sobre de Monsieur Dupont, l'atmosphère devint encore plus électrique.

Monsieur Dupont ferma la porte et se tourna vers eux.

"Maintenant, expliquez-moi ce qui se passe. Et je veux la vérité."

Avant que Pierre ne puisse lancer une nouvelle tirade, Marc prit la parole.

Il se tourna vers Claire, son expression pour la première fois empreinte d'une tristesse feinte.

"Claire... je sais tout. Je sais pour vous deux depuis des semaines. J'espérais me tromper. J'espérais que tu mettrais fin à ça."

Il jouait son rôle à la perfection, celui du petit ami trahi et au cœur brisé.

Cela rendait la colère de Pierre et les dénégations de Claire encore plus suspectes.

"Il ment !" hurla Pierre. "C'est un complot pour ruiner ma réputation parce qu'il n'accepte pas la critique !"

Claire, elle, semblait hésiter sur la stratégie à adopter.

Elle regarda Marc, puis Pierre, puis Monsieur Dupont.

"Marc... ce n'est pas ce que tu crois. Pierre... il m'a... il a profité de moi."

C'était sa tentative de se sauver, en sacrifiant Pierre.

Le visage du critique se décomposa.

"Quoi ? Espèce de petite garce ! C'est toi qui me courais après !"

"SILENCE !" tonna Monsieur Dupont.

Son calme habituel avait disparu, remplacé par une colère froide.

Il regarda les deux amants avec un dégoût évident.

Puis il se tourna vers Marc.

"Marc. Ces photos... sont-elles réelles ?"

Marc hocha la tête, l'air abattu.

"Malheureusement, oui, Monsieur Dupont. Et ce n'est pas tout."

Il sortit une petite clé USB de sa poche et la tendit au propriétaire.

"Sur cette clé, il y a des enregistrements. Des conversations entre Monsieur Laurent et d'autres chefs. Des conversations où il leur propose des critiques élogieuses en échange d'argent, de services... ou de faveurs de leurs employées."

Le coup était magistral.

Marc ne se contentait pas d'exposer une liaison, il attaquait Pierre sur son terrain professionnel, sur sa corruption.

Il avait passé les dernières semaines à contacter, sous un faux nom, d'anciennes victimes de Pierre, rassemblant des preuves de ses pratiques.

La renaissance lui avait donné une chose précieuse : la connaissance de l'avenir et du passé des autres.

Monsieur Dupont prit la clé, son visage devenant plus sombre à chaque seconde.

Il connaissait la réputation de Pierre, les rumeurs qui couraient.

Mais avoir des preuves était une autre histoire.

"Sortez," dit Monsieur Dupont d'une voix glaciale en direction de Pierre et Claire. "Sortez de mon restaurant. Et ne revenez jamais."

Pierre était livide.

"Vous ne pouvez pas faire ça ! Vous ne savez pas qui je suis !"

"Je sais exactement qui vous êtes," répondit Monsieur Dupont. "Un maître-chanteur. Et vous," dit-il en regardant Claire avec mépris, "vous êtes sa complice. Dehors."

Claire éclata en sanglots, cette fois des larmes de rage et d'humiliation.

Elle se tourna vers Marc.

"Tu me le paieras, Marc. Je te jure que tu le paieras."

Puis, elle et Pierre quittèrent le bureau, traversant le restaurant sous les regards de tous les clients.

Leur humiliation était publique, totale.

Une fois seuls, Monsieur Dupont se tourna vers Marc.

Son expression était complexe, un mélange de respect et d'inquiétude.

"Marc... c'était... spectaculaire. Mais dangereux. Très dangereux."

Marc le regarda, son masque de tristesse tombant enfin, révélant une détermination de fer.

"Je sais, monsieur. Mais c'était nécessaire. Cet homme a détruit des vies. Il était temps que quelqu'un l'arrête."

Monsieur Dupont resta silencieux un long moment, regardant la clé USB dans sa main.

"Vous avez pris un risque énorme. Pour le restaurant, et pour vous."

"Le plus grand risque," répondit Marc, "était de ne rien faire."

Le propriétaire hocha lentement la tête, un fin sourire se dessinant sur ses lèvres.

"Allez, retournez en cuisine, chef. Nous avons des clients qui attendent le dessert. Et je crois qu'après ce soir, ils parleront du Saphir pendant très longtemps."

Il y avait une nouvelle lueur de respect dans les yeux de Monsieur Dupont.

Marc avait non seulement sauvé sa propre carrière, mais il venait peut-être de faire de son restaurant l'endroit le plus célèbre de Paris.

En retournant dans le bruit et la chaleur de sa cuisine, Marc sentit le poids de sa vie d'avant commencer à se dissiper.

Ce n'était que le début.

Pierre Laurent et Claire Lefèvre avaient été publiquement humiliés, mais ils n'étaient pas encore détruits.

Le vrai combat commençait maintenant.

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