Passion Retrouvée, Vies Brisées
img img Passion Retrouvée, Vies Brisées img Chapitre 4
5
Chapitre 5 img
Chapitre 6 img
Chapitre 7 img
Chapitre 8 img
Chapitre 9 img
Chapitre 10 img
img
  /  1
img

Chapitre 4

La nomination de Jean-Luc Martin comme chef de service a été le début de la fin pour mon père.

Du jour au lendemain, l'ambiance au travail est devenue insupportable.

Monsieur Martin le surchargeait de travail, lui confiait des dossiers impossibles avec des délais irréalistes, puis critiquait publiquement ses résultats lors des réunions.

Il remettait en question chaque décision de mon père, sapait son autorité auprès de ses collègues et l'isolait professionnellement, exactement comme Chloé le faisait avec moi à l'école.

Mon père rentrait chaque soir épuisé, non pas par le travail, mais par la tension nerveuse.

Il perdait du poids, il dormait mal.

Malgré tout, il s'accrochait, refusant de donner aux Martin la satisfaction de le voir abandonner.

Mais six mois plus tard, l'inévitable s'est produit.

Sous prétexte d'une "restructuration nécessaire pour améliorer l'efficacité", le poste de mon père a été supprimé.

Il a été licencié, après vingt ans de service loyal dans la même entreprise.

Le coup a été terrible.

Pendant ce temps, ma mère subissait le même genre d'attaque sur son propre terrain.

Madame Martin, devenue une figure centrale de l'association de quartier, a utilisé sa nouvelle influence pour évincer complètement ma mère de la vie sociale de la ville.

Elle organisait des événements sans l'inviter, lançait des projets en ignorant systématiquement les suggestions de ma mère, et continuait de répandre des rumeurs insidieuses sur notre famille, nous décrivant comme des gens aigris et en difficulté.

Les anciennes amies de ma mère ont commencé à l'éviter, mal à l'aise, ne sachant plus qui croire.

Elle s'est retrouvée seule, exclue du monde qu'elle avait tant contribué à construire.

Voyant mes parents souffrir autant, j'ai eu une idée naïve.

Je pensais que si j'arrivais à renouer le contact avec Chloé, à lui montrer que je ne lui voulais aucun mal, peut-être que ses parents laisseraient les miens tranquilles.

J'étais encore assez jeune pour croire qu'un peu de gentillesse pouvait tout arranger.

Je l'ai attendue un jour après l'école, près du portail.

Quand elle m'a vue, elle a souri avec mépris.

« Qu'est-ce que tu veux, la voleuse ? »

J'ai pris une grande inspiration et j'ai essayé de parler calmement.

« Chloé, je... je suis désolée pour tout ce qui se passe. Je ne sais pas pourquoi nos familles se détestent autant, mais peut-être que si nous, on s'entendait, les choses pourraient s'améliorer. »

Elle a éclaté de rire, un rire cruel qui a attiré l'attention des autres élèves.

« Tu crois vraiment qu'on pourrait être amies ? Amélie, tu es tellement stupide. Je ne t'ai jamais considérée comme une amie. Tu n'es qu'un obstacle. »

Elle s'est approchée de moi, son visage à quelques centimètres du mien.

« Ma mère m'a tout expliqué. Ta famille a toujours eu ce que la nôtre méritait. Votre bonheur était une erreur. Et nous sommes juste en train de corriger cette erreur. »

Ses mots m'ont frappée de plein fouet.

Toute l'illusion que j'avais encore sur une possible réconciliation s'est brisée.

Ce n'était pas un malentendu, c'était une destruction planifiée.

Ce soir-là, en discutant avec mes parents, j'ai appris que le conflit entre nos familles était plus ancien que je ne le pensais.

Mon père m'a raconté que, jeunes, lui et Jean-Luc Martin avaient été rivaux pour le même poste, au tout début de leur carrière.

Mon père l'avait obtenu, honnêtement.

Il semblerait que Monsieur Martin n'ait jamais digéré cette défaite.

Il avait gardé cette rancune pendant des années, la transmettant à sa femme et à sa fille comme un héritage empoisonné.

La jalousie était le moteur de leur famille, une obsession qui les consumait.

C'est dans ce contexte de tension extrême que les Martin nous ont fait leur proposition la plus audacieuse et la plus perfide.

Ils savaient que nous étions financièrement aux abois depuis le licenciement de mon père.

Ils sont venus chez nous un soir, avec un air faussement compatissant.

Ils nous ont proposé d'échanger notre petit terrain familial, celui hérité de mes grands-parents, contre une de leurs propriétés, une ancienne friche industrielle située dans une zone isolée de la ville.

Pour nous convaincre, ils ajoutaient une somme d'argent conséquente, assez pour nous permettre de tenir plusieurs mois.

« C'est pour vous aider, » avait dit Madame Martin avec un sourire mielleux. « Dans les moments difficiles, les voisins doivent se serrer les coudes. »

C'était un piège, et il était parfaitement tendu.

                         

COPYRIGHT(©) 2022