Trahison Et Milliards En Jeu
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Chapitre 3

L'escapade de Léa au siège de la maison Leroy a eu les répercussions que j'attendais. Le lendemain matin, Alexandre a été convoqué par son père. Je n'étais pas là, mais Marc m'a raconté la scène, qu'il tenait d'une source interne. Monsieur Leroy, furieux, aurait hurlé sur son fils pendant une bonne heure, lui reprochant de mettre en péril le nom de la famille pour une "petite écervelée". Alexandre en est sorti le visage défait, son prestige au sein de l'entreprise sérieusement entamé. Pour la première fois, les cadres qui le craignaient commençaient à le regarder avec pitié.

Le soir même, il est venu me voir. Pas à mon bureau, cette fois, mais à mon appartement. Il n'a pas sonné, il a utilisé la clé que je lui avais donnée il y a des mois. Il m'a trouvée sur mon canapé, un dossier sur les genoux. Il s'est effondré à côté de moi, la tête entre les mains.

"Clara, je ne sais plus quoi faire. Mon père va me tuer. C'est un cauchemar."

Il cherchait du réconfort, de l'absolution. Il voulait que je lui dise que ce n'était pas grave, que tout allait s'arranger. J'ai joué le jeu. J'ai posé ma main sur son dos, avec une douceur calculée.

"Ce n'est rien, Alexandre. Une simple erreur. Léa ne voulait pas mal faire, elle est... passionnée. Ton père se calmera."

Il a relevé la tête, ses yeux pleins d'une reconnaissance pathétique. "Tu es la seule qui me comprenne. Tu es si raisonnable."

À ce moment-là, j'aurais pu lui demander de rompre avec elle. Il était faible, vulnérable. Il l'aurait probablement fait. Mais ce n'était pas mon plan. Le chasser maintenant aurait été trop simple. Je voulais qu'il voie par lui-même qui elle était vraiment. Je voulais qu'il soit celui qui la rejette, publiquement.

Pendant ce temps, Léa, loin de se calmer, redoublait d'efforts. Confinée loin des affaires Leroy, elle a cherché un autre moyen de prouver sa valeur. Et c'est là qu'elle a commis sa plus grave erreur. Marc m'a appelée, sa voix inhabituellement sérieuse.

"Clara, tu ne vas pas le croire. Ta petite artiste s'intéresse à l'une des anciennes affaires de la famille Leroy. Une affaire très, très sensible."

Mon sang s'est glacé. Je savais de quoi il parlait. Un vieux scandale de contrebande de matières premières, étouffé il y a des décennies, bien avant la naissance d'Alexandre. Une histoire qui, si elle refaisait surface, pouvait détruire la réputation de la famille, bien plus sûrement qu'une collection de mode ratée.

"Comment le sais-tu ?" ai-je demandé, ma voix basse.

"Elle a contacté un de mes anciens informateurs, un vieux docker à la retraite. Elle pose des questions, elle cherche des preuves. Elle pense tenir une mine d'or, une façon de 'nettoyer' le passé de la famille et de se rendre indispensable."

Mon cœur battait à tout rompre, mais pas de peur. D'excitation. Elle était en train de se jeter dans la gueule du loup.

J'ai arrangé une rencontre "fortuite" avec elle dans un café. Elle est arrivée, l'air conspirateur, persuadée que je venais pour négocier ma reddition.

"Clara, je sais que vous êtes au courant de mes recherches," a-t-elle commencé, sans préambule. "N'essayez pas de m'arrêter. C'est pour le bien d'Alexandre. Je vais révéler la vérité et le libérer du poids de son passé."

Je l'ai regardée, un léger sourire aux lèvres.

"Léa, vous jouez avec le feu. Certaines portes doivent rester fermées. Vous ne comprenez pas le monde dans lequel vous essayez d'entrer. Ce n'est pas une galerie d'art. Il y a des règles."

"Les règles sont faites pour les gens comme vous, qui ont peur de la vérité ! L'amour et la vérité triomphent toujours !" a-t-elle déclaré, avec une conviction qui aurait été admirable si elle n'avait pas été si stupide.

"Très bien," ai-je dit en me levant. "Mais ne venez pas dire que je ne vous ai pas prévenue."

Je suis allée directement voir Alexandre. Cette fois, mon ton n'était plus conciliant.

"Alexandre, il faut que tu arrêtes Léa. Elle est en train de déterrer une histoire qui peut tous nous anéantir. Ton père, ta famille, notre avenir. Tout."

J'ai vu la panique dans ses yeux. La peur de son père était plus forte que son amour pour Léa. Il a lutté, il a essayé de la défendre, mais il a fini par céder.

Le soir même, il lui a ordonné d'arrêter ses "recherches". Une dispute violente a éclaté entre eux. D'après ce que Marc a pu savoir, elle l'a traité de lâche, de prisonnier de sa cage dorée. Il lui a interdit de sortir de l'appartement qu'il lui avait loué, la mettant de fait en résidence surveillée.

C'était une première victoire. J'avais réussi à utiliser sa propre impulsivité contre elle, et à forcer Alexandre à choisir son camp. Léa, furieuse et humiliée, s'est retrouvée isolée. J'ai appris qu'elle passait ses journées à crier et à casser des objets, se plaignant à qui voulait l'entendre de l'injustice de son sort. Elle a commencé à parler d'elle-même comme d'une "héroïne de roman" qui devait se battre contre les forces du mal. Elle devenait de plus en plus instable.

Un après-midi, alors que je passais prendre des nouvelles, je l'ai entendue hurler à travers la porte.

"Ils vont tous me le payer ! Surtout cette garce de Clara ! Elle va voir qui je suis !"

Je suis entrée. L'appartement était un champ de bataille. Des toiles lacérées, des pots de peinture renversés. Elle était assise par terre, en larmes, les cheveux en désordre. En me voyant, elle s'est levée d'un bond, le visage déformé par la haine.

"Vous ! C'est votre faute ! Vous manipulez tout le monde !"

Elle s'est approchée, la main levée, comme pour me frapper. Mon garde du corps, qui se tenait discrètement derrière moi, a fait un pas en avant. Mais je lui ai fait signe de ne pas bouger.

J'ai regardé Léa droit dans les yeux, sans la moindre peur.

"Me frapper ne résoudra aucun de vos problèmes, Léa. Cela ne fera que confirmer à Alexandre que vous êtes exactement la personne instable que je lui décris."

Sa main est restée en l'air, tremblante. Elle a éclaté en sanglots, impuissante. C'est à ce moment qu'Alexandre est arrivé, attiré par le bruit. Il a vu la scène : moi, calme et digne ; Léa, hystérique et menaçante.

"Léa, ça suffit !" a-t-il crié, se précipitant pour s'interposer.

"Elle me provoque !" a hurlé Léa.

"Je n'ai pas dit un mot," ai-je répondu, ma voix un murmure de pure raison. "Je venais simplement voir si tu allais bien."

Alexandre l'a regardée, la déception et la fatigue se lisant sur son visage. Il l'a attrapée par le bras. "Tu vas te calmer maintenant. C'est un ordre."

Léa s'est débattue, mais il l'a tenue fermement. Le masque de l'amour pur et idéalisé venait de tomber, révélant la dure réalité du pouvoir. Et dans ce jeu, elle n'avait aucune carte en main.

            
            

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