Monique l'a déballé avec avidité. À l'intérieur, il y avait un set de soins pour le visage, une marque assez chère. Elle a reniflé les crèmes avec un sourire satisfait.
« Rien d'important. Juste des produits de beauté. Tant pis pour la voisine. »
Jean-Luc s'est tourné vers moi, le front plissé.
« C'est quand même à cause de toi que ça a failli mal tourner. Si tu n'étais pas si tête en l'air, maman n'aurait pas eu à te couvrir en disant que tu avais peut-être pris le colis par erreur. »
C'était incroyable. Même là, il trouvait le moyen de me blâmer. La vieille Liliane aurait pleuré, elle se serait défendue maladroitement. La nouvelle Liliane a simplement hoché la tête avec un petit sourire triste.
« Tu as raison, mon chéri. Je suis désolée. Je ferai plus attention à l'avenir. »
Monique a renchéri, ravie de me voir si docile.
« C'est ça. Prends-en de la graine. Bon, puisque tout ça est réglé, Liliane, tu peux aller faire les courses ? Le frigo est vide. »
Dans notre ancienne vie, j'y serais allée sans un mot, le cœur lourd. Cette fois, j'ai secoué la tête.
« Non. Je ne peux pas. »
« Et pourquoi ça ? » a demandé Monique, agacée.
« J'ai appelé la société de livraison. »
Un silence s'est abattu sur la pièce. Jean-Luc m'a regardée, les yeux écarquillés.
« Tu as fait quoi ? Mais pourquoi ? »
J'ai pris un air outré, comme si j'avais fait la chose la plus logique du monde.
« Mais pour vous défendre ! Pour te venger, maman ! J'ai appelé pour me plaindre de ce livreur. Je leur ai dit qu'il était venu nous accuser de vol à tort, qu'il avait été impoli et agressif, et qu'il avait effrayé toute la famille. J'ai exigé qu'il soit sanctionné ! »
J'ai regardé Monique avec un grand sourire.
« Je voulais t'aider à te venger de cette humiliation. »
Le visage de Monique s'est décomposé. Pierre a laissé échapper un grognement. Même Jean-Luc a compris l'énorme erreur que je venais de commettre... intentionnellement.
« Mais... mais tu es folle ! » a balbutié Monique. « Ils vont ouvrir une enquête ! Ils vont vérifier les caméras de l'immeuble ! »
« Oh ? » ai-je fait, l'air de tomber des nues. « Je n'y avais pas pensé. Je voulais juste bien faire. Je suis désolée... »
J'ai vu la panique dans leurs yeux. Parfait. Le premier coup était porté. Ils allaient passer la journée à angoisser, à guetter le moindre bruit, à imaginer le pire.
Plus tard dans l'après-midi, alors que l'ambiance était toujours électrique, je suis allée voir Jean-Luc dans le salon. Il faisait les cent pas, furieux. Je me suis blottie contre lui.
« Je suis vraiment désolée, chéri. Je ne voulais pas causer de problèmes. C'est juste que je ne supporte pas qu'on traite ta mère comme ça. Elle est si gentille, si fragile. »
J'ai devancé Monique. Avant qu'elle ne puisse aller se plaindre à son fils de ma stupidité, je me suis positionnée comme sa plus fervente défenseure. Jean-Luc, toujours aussi prévisible, s'est adouci.
« Je sais, je sais... Ce n'est pas de ta faute. C'est juste que maman est... parfois un peu impulsive. »
Il n'a pas dit "voleuse". Il ne l'aurait jamais dit.
Le soir, alors que tout le monde était préoccupé, je me suis éclipsée. J'ai attendu que Jean-Luc soit sous la douche et que ses parents regardent la télévision. Je suis entrée discrètement dans son bureau.
Sur son ordinateur, il y avait un logiciel de surveillance pour une petite caméra qu'il avait installée dans le salon, soi-disant pour garder un œil sur la maison quand nous étions en vacances. Il ne l'utilisait presque jamais.
J'ai vérifié qu'elle fonctionnait. Puis, j'ai pris une autre caméra, minuscule, que j'avais achetée des années auparavant pour surveiller notre fils bébé. Je l'ai dissimulée dans une plante verte près du réfrigérateur de la cuisine et du couloir d'entrée. Une zone de passage stratégique.
Mon plan commençait à prendre forme. Monique était une bombe à retardement. Il me suffisait de la laisser faire, et de m'assurer que cette fois, tout le monde verrait l'explosion. Surtout son fils adoré.