Monique, La Belle-Mère Et L'Enfer
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Chapitre 1

Un bruit de coups frappés à la porte m'a tirée brusquement de mon sommeil. Ce n'était pas un son agressif, juste des coups secs et réguliers qui résonnaient étrangement dans le silence matinal de l'appartement. J'ai ouvert les yeux, le cœur battant à un rythme anormal. L'air était lourd, exactement comme dans mes souvenirs.

Je me suis assise sur le lit, confuse. La lumière du jour filtrait à travers les rideaux. J'ai regardé autour de moi, reconnaissant la chambre que je partageais avec mon mari, Jean-Luc. Tout était à sa place, familier jusqu'à la nausée.

Les coups à la porte ont retenti de nouveau, plus insistants cette fois.

Une voix s'est élevée depuis le salon, celle de ma belle-mère, Monique.

« Qui est-ce ? On n'attend personne ! »

J'ai entendu ses pas traînants se diriger vers l'entrée. Un frisson m'a parcouru le corps. C'était en train de se reproduire. Tout a commencé comme ça, la dernière fois.

Je me suis levée, mes jambes tremblantes, et j'ai discrètement ouvert la porte de ma chambre. Depuis l'entrebâillement, je pouvais voir le couloir. Monique était près de la porte d'entrée, mais elle ne l'ouvrait pas. Elle se penchait, ramassant un colis posé sur le paillasson.

Elle l'a secoué près de son oreille, puis l'a rapidement caché derrière son dos, juste au moment où les coups reprenaient.

« Ouvrez, s'il vous plaît ! C'est pour une livraison ! »

C'était la voix du livreur. La dernière fois, je n'avais pas compris ce qui se passait. J'étais sortie de la chambre, j'avais vu le livreur, et j'avais simplement pensé qu'il s'était trompé d'étage.

Cette fois, je savais. Je savais que Monique venait de voler un colis qui ne nous était pas destiné. Un colis contenant des médicaments vitaux pour un vieil homme de l'immeuble.

Mon cœur s'est serré, non pas de peur, mais d'une rage froide et lucide. J'avais vécu l'enfer à cause de cette femme. Emprisonnée, humiliée, détruite, jusqu'à ce que je décide de mettre fin à mes jours. Et maintenant, j'étais de retour. Juste avant le début du cauchemar.

Une chance de tout changer. Une chance de me venger.

Monique a finalement ouvert la porte, un air faussement agacé sur le visage.

« Qu'est-ce que vous voulez ? Vous faites un de ces bruits ! »

Le livreur, un jeune homme à l'air fatigué, a pointé le sol du doigt.

« Madame, le colis que je viens de poser. Il a disparu. Je suis sûr de l'avoir laissé ici il y a une minute. »

« Un colis ? Je n'ai rien vu du tout », a menti Monique sans ciller.

Au même moment, Jean-Luc est sorti de la chambre, bâillant.

« Qu'est-ce qui se passe, maman ? »

« Ce jeune homme m'accuse d'avoir volé son colis. Quelle impolitesse ! »

Je suis restée cachée. Je ne devais pas intervenir. Pas comme la dernière fois. La dernière fois, j'avais essayé de calmer le jeu, de raisonner le livreur, et tout s'était retourné contre moi.

Le livreur a insisté.

« Madame, je vous assure. J'ai une photo de la livraison. Le colis était sur votre paillasson. »

Soudain, je me suis pliée en deux, une main sur mon ventre, et je suis sortie de la chambre en gémissant.

« Ah, j'ai mal au ventre... Jean-Luc, je ne me sens pas bien... »

Jean-Luc s'est immédiatement tourné vers moi, son inquiétude pour moi l'emportant sur la situation.

« Liliane ! Qu'est-ce que tu as ? Tu es toute pâle. »

J'ai jeté un regard faussement confus vers la porte.

« Il se passe quoi ? »

Le livreur, voyant une autre personne, a de nouveau expliqué la situation.

« Je cherche un colis. Il contenait des médicaments très importants pour le père de Monsieur Martin du quatrième étage. »

Monique a immédiatement sauté sur l'occasion.

« Des médicaments ? Liliane, tu n'aurais pas pris un colis par erreur en rentrant hier soir ? Tu es tellement tête en l'air parfois. »

C'était sa technique. Toujours semer le doute, toujours me désigner comme la coupable potentielle. La dernière fois, ses paroles m'avaient blessée. Cette fois, elles n'ont fait qu'alimenter ma détermination.

« Non, je n'ai rien pris », ai-je répondu d'une voix faible, continuant de jouer la comédie de la douleur. « Jean-Luc, aide-moi à m'asseoir, s'il te plaît. »

Mon mari, complètement manipulé, a fusillé le livreur du regard.

« Écoutez, ma femme est souffrante. On n'a pas votre colis. Maintenant, partez et laissez-nous tranquilles. Vous nous dérangez. »

Le livreur, désespéré, a regardé autour de lui, impuissant. Il savait que quelque chose n'allait pas, mais face à l'assurance de Jean-Luc et aux plaintes de Monique, il ne pouvait rien faire. Il a fini par soupirer, vaincu.

« D'accord. Mais si vous le retrouvez, s'il vous plaît, apportez-le à la loge du gardien. C'est une question de vie ou de mort. »

Il est parti, laissant derrière lui un silence tendu.

La porte s'est refermée. Mon beau-père, Pierre, qui était resté silencieux dans un coin du salon, a finalement parlé.

« Franchement, Monique, tu n'aurais pas dû. Et si c'était vraiment important ? »

Monique a sorti le colis de derrière son dos et l'a jeté sur la table basse avec mépris.

« Bah quoi ? Il n'avait qu'à attendre que la personne ouvre la porte. C'est de sa faute. Et puis, qu'est-ce qu'on risque ? »

Jean-Luc a immédiatement pris la défense de sa mère.

« Papa a raison, maman. Mais ce n'est pas si grave. Le livreur était agressif. Et puis, Liliane, tu devrais faire attention. Tu sais bien que tu oublies souvent des choses. La prochaine fois, tu pourrais vraiment prendre un colis par erreur et nous attirer des ennuis. »

J'ai baissé la tête, non pas de honte, mais pour cacher le sourire cruel qui se dessinait sur mes lèvres. Ils n'avaient rien appris. Ils étaient exactement les mêmes. Aveugles, faibles, et prompts à me sacrifier.

Cette fois, ce ne serait pas moi qui paierais. Ce seraient eux. Tous.

            
            

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