L'Amour en Cendres : Ma Revanche
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Chapitre 4

Quelques jours plus tard, l'atmosphère à la maison était devenue un champ de mines. Je parlais le moins possible, chaque mot de Marc ou de Chloé résonnant comme un écho de leur trahison. Marc, sentant peut-être mon éloignement, a décidé d'organiser un dîner au restaurant.

« Juste nous trois, » a-t-il dit avec un faux enthousiasme. « Pour resserrer les liens familiaux. »

L'invitation était un ordre. J'y suis allée, le cœur lourd, sachant que ce serait une autre épreuve. Le restaurant était chic, feutré, un de ces endroits où tout le monde se connaît dans le milieu de la mode. Et bien sûr, Chloé était là, assise à côté de Marc, me souriant comme si nous étions les meilleures amies du monde.

Le choc est venu quand elle a enlevé son manteau.

Elle portait une robe. Mais pas n'importe quelle robe. C'était une création unique, ornée d'une broderie complexe de pivoines noires, mon motif signature. Un design que j'avais créé pour moi-même, un prototype que je n'avais jamais commercialisé car il était trop personnel. Marc le savait. Il savait que ces pivoines représentaient mon histoire, ma résilience. La voir sur Chloé, c'était comme si elle portait ma peau.

J'ai senti le sang quitter mon visage.

« Tu aimes ? » a demandé Chloé, faisant un petit tour sur elle-même. « Marc a pensé que ce serait un bel hommage à ton travail. »

Marc a enchaîné, le visage lisse et impassible.

« Chloé admire tellement ce que tu faisais. Elle voulait juste... perpétuer ton héritage. »

Perpétuer mon héritage. Les mots étaient un poison. Ils ne se contentaient pas de me voler ma place, ils réécrivaient l'histoire, faisant de ma création la sienne.

« Je l'ai un peu modernisée, bien sûr, » a ajouté Chloé avec une fausse modestie. « La coupe est plus audacieuse. Plus... actuelle. »

Elle me provoquait ouvertement, sous le regard approbateur de Marc. Elle me disait que j'étais dépassée, que ma propre création était meilleure sur elle. J'ai baissé les yeux vers mon assiette, la nourriture me paraissant soudain insipide. La colère et l'humiliation me nouaient l'estomac.

Un souvenir m'est revenu. Avant le scandale, il y avait eu plusieurs soirées importantes de l'industrie, des galas où j'aurais dû être. Mais Marc m'avait toujours découragée d'y aller.

« Tu es fatiguée, Amélie. Reste à la maison, repose-toi. Je te représenterai. »

Je pensais qu'il se souciait de ma santé. Maintenant, je comprenais. Il m'isolait. Il me coupait de mon réseau, de mes amis, de tous ceux qui auraient pu me soutenir ou remettre en question la version des faits après le désastre. Il me rendait invisible, pour que personne ne remarque ma disparition quand il me remplacerait par Chloé.

Le coup de grâce est venu à la fin du repas. Marc a levé son verre.

« À l'avenir. Et à toi, Chloé. Je pense qu'il est temps que la broderie de pivoine noire devienne officiellement la nouvelle signature de la maison Dubois. Sous ta direction. »

Il me regardait droit dans les yeux en disant cela. C'était une déclaration de guerre. Il ne se contentait pas de me prendre mon passé, il me volait mon identité artistique, le cœur même de mon travail, pour l'offrir à sa maîtresse sur un plateau d'argent.

Je n'ai rien dit. J'ai simplement hoché la tête, un sourire vide sur les lèvres. Mais à l'intérieur, une décision s'était cristallisée. Je n'allais pas seulement fuir. J'allais les détruire.

                         

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