L'Épouse Infidèle, Ma Ruine
img img L'Épouse Infidèle, Ma Ruine img Chapitre 3
4
Chapitre 5 img
Chapitre 6 img
Chapitre 7 img
Chapitre 8 img
Chapitre 9 img
Chapitre 10 img
img
  /  1
img

Chapitre 3

La décision de Sophie de partir n'était pas une surprise. Notre relation était une bombe à retardement, et l'argent n'était que le détonateur. Le vrai problème, la véritable source de mon dégoût, c'était Chloé. Ou plutôt, la façon dont Sophie traitait notre fille.

Dès sa naissance, j' avais senti une distance. Sophie n'avait jamais eu ce regard émerveillé que les mères portent sur leur nouveau-né. Pour elle, Chloé était une obligation, un rôle à jouer. Elle s'en occupait, oui, mais sans chaleur, sans joie.

Puis Jean, son frère, avait eu une fille, un an après Chloé. Et là, j'ai vu Sophie se transformer. Avec sa nièce, elle était tout sucre, tout miel. Elle l'inondait de cadeaux, de compliments, de câlins. Chaque week-end, elle voulait qu'on aille la voir. Chloé, assise à côté, regardait ce spectacle avec ses grands yeux tristes, sans comprendre.

Un jour, Chloé, qui avait à peine quatre ans, m'a demandé :

« Papa, pourquoi maman aime plus ma cousine que moi ? »

Cette question, si innocente et si terrible, m'a brisé le cœur. J'ai essayé de lui expliquer, de trouver des mots, mais comment expliquer l'inexplicable à un enfant ?

L'incident qui a tout fait basculer s'est produit l'été dernier. J'étais en déplacement professionnel. Sophie devait s'occuper de Chloé. En rentrant, j'ai trouvé notre fille de six ans seule à la maison, en pleurs devant la télévision.

« Maman est partie, » m'a-t-elle dit entre deux sanglots.

J'ai paniqué. J'ai appelé Sophie frénétiquement. Elle a fini par répondre, l'air agacé.

« Qu'est-ce qu'il y a ? Je suis au parc d'attractions, je n'entends rien. »

« Au parc d'attractions ? Mais où est Chloé ? »

« Ben, à la maison. Elle ne voulait pas venir, elle était fatiguée. »

Mon sang n'a fait qu'un tour.

« Tu as laissé une enfant de six ans seule à la maison pour aller au parc d'attractions ? »

« Mais non, je ne suis pas seule ! Je suis avec Jean et sa fille, c'est son anniversaire, je ne pouvais pas rater ça ! »

J'avais hurlé. J'avais menacé de prendre la voiture et de la rejoindre pour lui faire ravaler son égoïsme. C'est ce jour-là, en consolant ma fille qui se sentait abandonnée et trahie, que l'idée du divorce a germé pour la première fois dans mon esprit. Je n'avais rien fait, encore une fois. Pour elle. Pour ne pas la déraciner. Quelle erreur.

Le lendemain du départ de Sophie, j'ai pris une décision. J'ai emmené Chloé au zoo. On a mangé des glaces, on a ri, on a passé une journée père-fille parfaite. En la voyant si heureuse, si simple, je me suis senti coupable d'avoir attendu si longtemps. Je pensais la protéger en maintenant l'illusion d'une famille unie, mais en réalité, je la laissais baigner dans un environnement toxique.

Le soir, mon téléphone a sonné. C'était ma belle-mère.

« Pierre Dubois ! Espèce de bon à rien ! Comment oses-tu faire pleurer ma fille ? »

Sa voix était stridente, agressive.

« Votre fille est partie d'elle-même, » ai-je répondu froidement.

« C'est de ta faute ! Tu l'as poussée à bout ! Un homme qui ne travaille pas, qui passe ses journées à jouer comme un gamin, tu appelles ça un mari ? Tu es une honte ! »

Je n'ai pas répondu. Je l'ai laissée déverser son venin.

« Tu vas tout de suite la rappeler, t'excuser à genoux et retourner travailler ! Tu nous entends ? Tu as des devoirs envers cette famille ! »

J'ai raccroché. Je n'avais ni le temps ni l'énergie pour ça. J'ai mis mon téléphone en silencieux et je suis allé border Chloé.

Le lendemain matin, on a sonné à la porte. J'ai regardé par le judas. Ma belle-mère. Seule. J'ai hésité, puis j'ai ouvert.

Elle n'a pas attendu d'invitation. Elle m'a bousculé pour entrer, son visage rouge de colère.

« Alors, on ne répond plus au téléphone ? On se croit tout permis ? »

Elle m'a pointé du doigt.

« Je te préviens, si tu ne reprends pas ma fille et que tu ne te remets pas au travail, tu auras de mes nouvelles ! »

« Sortez de chez moi, » ai-je dit d'une voix lasse.

« Me faire sortir ? De la maison de ma fille ? Laisse-moi rire ! C'est toi qui vas dégager ! Mais avant, tu vas t'excuser. À genoux ! »

Elle s'est approchée, menaçante. J'ai reculé d'un pas, non par peur, mais par pur dégoût.

« Je ne me mettrai jamais à genoux devant des gens comme vous. »

C'est à ce moment-là que la porte s'est rouverte. Sophie était là, les yeux bouffis. Derrière elle, son frère Jean, l'air suffisant, et sa femme, le visage fermé. Toute la famille Bernard était venue en renfort. Ils sont entrés et se sont installés dans mon salon, comme s'ils étaient chez eux. Le tribunal était en place. Le procès allait pouvoir commencer.

            
            

COPYRIGHT(©) 2022