Un Amour Perdu, Une Dignité Retrouvée
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Chapitre 1

Je me tenais à l'entrée de la plus prestigieuse boutique de robes de mariée de Paris, l'air glacial de la climatisation contrastant avec la chaleur de ma colère. À l'intérieur, la scène qui se déroulait était une copie carbone de mon pire cauchemar, une scène que j'avais déjà vécue. Mon cousin adoptif, Marc Dubois, se tenait droit, un sourire suffisant plaqué sur son visage, tandis qu'une vendeuse obséquieuse ajustait le col de son costume sur mesure.

« Monsieur Dubois, ce costume est tout simplement parfait pour vous, il met en valeur votre carrure. Mademoiselle Leclerc sera éblouie. »

Le nom « Monsieur Dubois » a résonné dans ma tête. Le seul et unique héritier de la famille Dubois, le véritable Monsieur Dubois, c'était moi, Alexandre Dubois.

Marc a ri, un son gras et satisfait.

« C'est le but. Aujourd'hui, pour les photos de fiançailles, tout doit être parfait. »

Mon corps s'est raidi. Photos de fiançailles. Mes photos de fiançailles avec Chloé Leclerc. Ce jour-là, dans ma vie antérieure, avait marqué le début de ma chute vertigineuse, une descente aux enfers orchestrée par les deux personnes en qui j'avais le plus confiance.

Mais cette fois, c'était différent. J'étais revenu. Je n'étais plus l'héritier naïf et effacé, celui qui croyait en la bonté de son cousin orphelin et en l'amour de sa fiancée. La douleur déchirante de leur trahison, le froid glacial de la chute depuis le balcon de mon propre appartement, le son de leurs rires alors que je perdais conscience... tout cela était gravé dans mon âme. Cette seconde chance n'était pas un cadeau, c'était une arme.

J'ai avancé dans la boutique, mes pas lourds sur le marbre immaculé. Le silence s'est fait lorsque je me suis approché. La vendeuse m'a regardé de haut en bas, son expression passant de la curiosité au mépris en une fraction de seconde, jugeant mes vêtements simples et mon visage fermé.

Marc s'est retourné, son sourire s'effaçant pour être remplacé par une surprise feinte.

« Alexandre ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Je ne savais pas que tu venais. »

Sa voix était mielleuse, faussement attentionnée. La même voix qu'il utilisait pour me consoler après m'avoir poignardé dans le dos.

Je l'ai ignoré et j'ai regardé la vendeuse.

« Qui vous a permis de l'appeler Monsieur Dubois ? »

Ma voix était calme, mais chargée d'une froideur qui a fait sursauter la femme. Elle a jeté un regard confus à Marc.

Marc a fait un pas en avant, posant une main sur mon épaule dans un geste faussement fraternel.

« Alexandre, arrête. Tu nous fais une scène. C'est juste un nom. »

J'ai fixé sa main sur mon épaule, puis j'ai levé les yeux vers lui. Sans un mot d'avertissement, ma main a giflé son visage. Le son a claqué dans le silence opulent de la boutique, net et brutal.

Le choc a figé tout le monde. La vendeuse a eu un hoquet de surprise. Un autre vendeur, plus loin, a laissé tomber un cintre.

Marc a porté la main à sa joue, les yeux écarquillés, l'incrédulité se mêlant à la fureur.

« Tu... tu m'as frappé ? »

L'ancien Alexandre n'aurait jamais osé. L'ancien Alexandre aurait baissé la tête, se serait excusé pour avoir dérangé, et serait reparti le cœur brisé, laissant le champ libre à son bourreau.

Mais cet Alexandre-là était mort.

« Je te frappe parce que tu usurpes mon nom, Marc », ai-je dit, chaque mot pesant. « Tu portes mon costume, tu te prépares pour mes photos de fiançailles, et tu te fais appeler par mon nom. Dis-moi, qui est l'imposteur ici ? »

La rougeur de la colère a envahi son visage, chassant l'incrédulité. Il a serré les poings.

« Comment oses-tu ? Après tout ce que ma famille a fait pour toi ! On t'a recueilli, nourri, éduqué ! »

Le mot « ma famille » était un coup de poignard. Il parlait des Dubois comme de sa propre famille, effaçant le fait qu'il n'était qu'un orphelin que mon père, par pitié, avait ramené à la maison. Je l'avais traité comme un frère. En retour, il avait séduit ma fiancée et comploté pour me voler mon héritage.

Dans ma vie passée, leur plan avait parfaitement fonctionné. Ils m'avaient isolé, m'avaient fait passer pour un instable mental, un dépressif incapable de gérer l'entreprise familiale. Le jour où le conseil d'administration m'a démis de mes fonctions pour nommer Marc à ma place, Chloé était à ses côtés, souriante. Le soir même, depuis le balcon de mon appartement parisien, je les ai vus s'embrasser dans la rue en contrebas. La douleur était si intense, si insupportable, que le vide m'a semblé être la seule issue.

Le souvenir de leur triomphe cruel a ravivé la flamme glaciale de ma détermination. Non. Pas cette fois. Cette fois, je serais celui qui rirait le dernier.

            
            

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