L'épouse sacrifiée renaît
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Chapitre 2

Je sentais encore la douleur fantôme dans mon épaule. Une brûlure sourde, un écho de la trahison et des balles. Mes doigts ont instinctivement touché la peau lisse et intacte. Pas de cicatrice. Pas de sang. Juste la mémoire gravée dans mon âme.

Mon regard a balayé l'appartement. C'était bien le mien, celui que j'avais quitté pour emménager avec Jean-Luc. La date sur mon téléphone confirmait tout : j'étais revenue trois mois avant le mariage. Trois mois avant le suicide de Camille, avant ma propre mort.

Une seconde chance. Le ciel m'avait entendue.

Ce soir-là, il y avait le vernissage d'une grande exposition à la galerie Perrotin. Dans ma vie antérieure, j'y étais allée au bras de Jean-Luc, souriante et fière, ignorant tout du complot qui se jouait dans mon dos. Cette fois, j'y suis allée seule, le cœur froid et l'esprit clair.

L'air était saturé de conversations mondaines et de champagne. J'ai repéré Jean-Luc au centre de la pièce principale. Il était charismatique, comme toujours, captivant son auditoire. Et à ses côtés, frêle et adorable, se tenait Camille.

Soudain, Jean-Luc a levé la main pour demander le silence. Un sourire radieux illuminait son visage. Je savais ce qu'il allait faire. Dans ma première vie, c'est à ce moment-là qu'il avait annoncé nos fiançailles au monde entier.

Mais quelque chose était différent. Son regard n'était pas tourné vers moi, qui me tenais à quelques mètres de là. Il était fixé sur Camille.

Devant des centaines de personnes, devant tout le gratin de l'art parisien, Jean-Luc Moreau s'est agenouillé. Pas devant moi, sa fiancée officielle. Devant sa nièce.

Il a sorti un écrin de sa poche.

« Camille, mon amour, ma seule et unique inspiration. Veux-tu m'épouser ? »

Un silence de mort est tombé sur la galerie. Puis des chuchotements ont éclaté. Tous les regards se sont tournés vers moi. La fiancée bafouée. L'idiote de service.

Mon sang s'est glacé.

Il était revenu, lui aussi.

Jean-Luc avait aussi eu une seconde chance. Et sa première décision avait été de corriger son "erreur". Il ne voulait plus de paravent. Il voulait Camille, ouvertement et sans honte, quitte à me jeter aux lions.

Les rires moqueurs ont commencé à fuser. Des regards pleins de pitié et de mépris se posaient sur moi. J'étais le spectacle de la soirée.

Camille, jouant parfaitement son rôle, a mis une main devant sa bouche, les larmes aux yeux. Elle a jeté un regard faussement désolé dans ma direction.

« Oh, mon oncle... mais... et Élise ? » a-t-elle murmuré, assez fort pour que tout le monde l'entende.

Jean-Luc s'est relevé et s'est tourné vers moi. Son visage affichait un dégoût à peine voilé, une cruauté glaciale.

« Élise ? »

Sa voix a résonné dans la galerie silencieuse.

« Elle n'a toujours été qu'une employée. Une historienne de l'art compétente, je le reconnais, mais rien de plus. Cette histoire de fiançailles n'était qu'un malentendu ridicule qu'elle a entretenu. Je n'ai jamais eu l'intention de l'épouser. »

Chaque mot était une gifle. Mais la douleur que j'attendais n'est pas venue. À la place, il n'y avait qu'un vide froid et une détermination de fer. Il venait de me donner l'arme dont j'avais besoin.

« Mon cœur a toujours appartenu à Camille, et seulement à Camille, » a-t-il déclaré en prenant la main de sa nièce. « C'est elle que j'aime. C'est elle que j'épouserai. »

Il me regardait, attendant mes larmes, ma crise d'hystérie, ma déchéance publique. Il voulait savourer sa victoire.

J'ai redressé les épaules. J'ai planté mon regard dans le sien, un regard si froid qu'il a semblé surpris.

D'une voix claire et posée, qui a porté dans toute la salle, j'ai dit :

« Jean-Luc Moreau, je vous remercie. »

Un murmure a parcouru la foule. Jean-Luc a froncé les sourcils, déconcerté.

« Vous venez de me libérer d'un fardeau. Ces fiançailles ? Je les annule. En fait, considérez que notre collaboration professionnelle et personnelle est terminée, à cet instant précis. »

J'ai fait un léger signe de tête à Camille, un sourire glacial aux lèvres.

« Je vous souhaite beaucoup de bonheur. Vous vous êtes bien trouvés. »

Puis, sans un regard en arrière, j'ai tourné les talons et j'ai commencé à marcher vers la sortie, la tête haute, sous le regard abasourdi de toute l'assemblée.

            
            

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