L'épouse sacrifiée renaît
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Chapitre 1

Pendant huit ans, j'ai vécu dans l'ombre de Jean-Luc Moreau. Huit ans où j'ai renoncé à ma propre carrière prometteuse d'historienne de l'art pour devenir sa muse, sa confidente, son pilier invisible. J'étais celle qui gérait ses crises, qui organisait ses expositions, qui lui murmurait à l'oreille les inspirations qui le rendaient célèbre. J'ai même pris un coup de couteau pour lui un soir, dans une ruelle sombre, protégeant son bras droit, celui qui tenait le pinceau. La cicatrice sur mon épaule était un rappel constant de ma dévotion.

Tout le monde dans le milieu de l'art parisien connaissait mon amour aveugle pour lui. Élise Dubois, la femme qui avait tout sacrifié pour son génie. C'était une vérité acceptée, une sorte de légende romantique.

Alors, quand il a finalement demandé ma main, j'ai cru que mon sacrifice avait enfin un sens. Que toutes ces années de dévotion allaient être récompensées. Le mariage était la conclusion logique, la reconnaissance que j'attendais.

La nuit de nos noces, l'air était encore chargé de l'odeur du champagne et des félicitations. J'étais montée dans notre chambre, le cœur battant d'une joie simple et pure.

Et c'est là que je les ai vus.

Sur notre lit conjugal, celui que nous venions de bénir, Jean-Luc tenait dans ses bras sa jeune nièce adoptive, Camille. Il l'embrassait avec une passion désespérée, une passion qu'il ne m'avait jamais montrée.

Sa voix, un murmure qui a brisé mon monde en mille morceaux, a flotté jusqu'à moi.

« Camille... Avec Élise comme paravent, je peux enfin t'aimer librement, sans craindre les jugements... »

Un paravent. C'est tout ce que j'étais. Une façade respectable pour masquer leur relation incestueuse. Les huit années de ma vie, mon amour, ma carrière, ma cicatrice... tout n'était qu'un outil. Une vaste et cruelle plaisanterie.

Avant que je puisse réagir, avant même que je puisse formuler ma rage, le drame s'est accéléré. Quelques jours plus tard, Camille s'est suicidée. Elle a laissé derrière elle une lettre et un test de grossesse positif.

Jean-Luc, dévasté, consumé par une douleur folle, a reporté toute sa haine sur moi. Il m'a trouvée dans son atelier, le regard vide. Il tenait une arme.

« Si tu ne m'avais pas harcelé pour que je t'épouse, Camille ne serait pas morte ! Tout est de ta faute ! »

La première balle a frappé mon épaule, exactement au même endroit que l'ancienne cicatrice. La douleur était si intense, si ironique, que j'ai presque ri. Il me punissait là où je l'avais protégé.

« Je veux que tu la rejoignes dans la mort ! »

D'autres tirs ont suivi. Je me suis effondrée sur le sol, le sang se mêlant aux taches de peinture. Alors que ma vie s'échappait, je l'ai vu pointer l'arme sur sa propre tempe.

« Camille, n'aie pas peur, ton oncle arrive... Si je renais, je ne te lâcherai plus jamais ! »

Un dernier coup de feu a retenti.

Ma conscience s'éteignait dans une brume rouge et froide. Une dernière pensée, un serment hurlé à un ciel vide.

« Si je renais, je n'aimerai plus jamais Jean-Luc Moreau ! »

Mes yeux se sont ouverts brusquement.

La lumière du jour filtrait à travers les rideaux de mon ancien appartement. Mon corps était intact, sans aucune douleur. Sur la table basse, la télévision était allumée. Une présentatrice souriante annonçait les dernières nouvelles du monde de l'art.

« ...le célèbre artiste peintre Jean-Luc Moreau vient d'annoncer ses fiançailles avec sa collaboratrice de longue date, l'historienne de l'art Élise Dubois. Un mariage très attendu qui... »

Je me suis levée d'un bond, le cœur battant à tout rompre. J'étais revenue. Revenue juste avant le début du cauchemar.

Cette fois, il n'y aurait pas de dévotion. Il n'y aurait pas de sacrifice. Il n'y aurait que ma vengeance et ma liberté.

Sans une once d'hésitation, j'ai attrapé mon téléphone. J'ai cherché un numéro dans mes contacts, celui du plus grand rival de Jean-Luc, un homme qui m'avait un jour fait une proposition audacieuse que j'avais poliment refusée.

Le téléphone a sonné une fois, deux fois. Une voix calme et profonde a répondu.

« Allô, Marc Dubois. »

J'ai pris une inspiration, ma voix était ferme, sans aucune trace de l'Élise du passé.

« Monsieur Dubois, c'est Élise. Votre proposition de mariage, est-elle toujours d'actualité ? »

            
            

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