Le téléphone a sonné à trois heures du matin, me tirant brutalement d\'un sommeil léger.
« Madame Margot ? » Une voix d\'homme, grave, à l\'autre bout du fil.
« Votre fiancé, Monsieur Antoine Dubois, est décédé. » Le choc aurait dû me foudroyer, me jeter dans des flots de larmes et de désespoir. Mais il n\'a rien eu de tout ça.
Dans ma tête, ce n\'était pas le chagrin qui résonnait, mais un déclic sec et précis, comme la fermeture d\'un piège. Le soulagement, pur et subversif, a inondé chaque fibre de mon être.
Pendant des années, j\'avais porté le masque de la fiancée dévouée, planifiant sans relâche la destruction de l\'homme qui avait fauché la vie de ma mère et que son père avait impunément protégé. La vengeance était mon oxygène, mon unique raison d\'être.
« Une tempête. Il a tenté de secourir une femme. Ils se sont noyés tous les deux. » La voix de l\'officier continuait, mais mes pensées s\'envolaient. Camille. Sa maîtresse. Évidemment. Il avait le chic pour s\'entourer de catastrophes.
Je suis restée assise dans le noir, le téléphone encore à la main, le silence rompu seulement par le cliquetis de mes projets s\'ajustant. Mon plan était simple, implacable, et Antoine venait de m\'en offrir le raccourci le plus spectaculaire.
Au lieu des sanglots attendus, j\'ai rempli une flûte du champagne le plus cher d\'Antoine. Le bouchon a sauté avec un bruit joyeux.
Fini. Enfin.
Mais au crématorium, alors que je jubile en vendant les biens de mon défunt fiancé aux enchères, une figure improbable surgit. Une femme. Avec un enfant. Et elle se présente comme Camille, la maîtresse, présumée morte. Et ce n\'est pas tout. Elle prétend que l\'enfant est le fils d\'Antoine. Son héritier. Un coup de théâtre qui pourrait tout anéantir.
Comment cette femme, annoncée noyée, peut-elle être vivante ? Et d\'où sort cet enfant ? Surtout quand je sais qu\'Antoine était stérile.
Je dois découvrir la vérité, et vite. Cette mascarade ne gâchera pas ma vengeance. La partie ne fait que commencer.