C'était Madame Dubois, ma future-belle-mère, suivie de son mari, Monsieur Dubois. Ils venaient de rentrer de Dubaï. Leurs visages étaient des masques de fureur.
« Margot ! » a hurlé Madame Dubois, sa voix perçante faisant taire tout le monde. « Qu'est-ce que ça veut dire ? Une vente aux enchères ? Mon fils n'est même pas encore froid et tu vends ses souvenirs comme une vulgaire marchande de tapis ! »
Elle s'est avancée vers moi, le doigt pointé. Monsieur Dubois la suivait, le visage fermé, l'air aussi dangereux qu'un serpent à sonnettes.
« Nous n'avons même pas été prévenus de l'incinération ! Tu n'as aucun respect ! Aucune décence ! » a continué Madame Dubois.
« J'ai respecté ses dernières volontés, » ai-je répondu froidement. « Il voulait que ce soit simple et rapide. »
C'était un mensonge, bien sûr, mais un mensonge plausible.
C'est alors que le regard de Madame Dubois est tombé sur Camille et l'enfant. Son expression a changé, passant de la fureur à la confusion.
« Et vous ? Qu'est-ce que vous faites ici ? » a-t-elle demandé à Camille.
Camille a redressé le menton. « Je suis venue présenter son fils à sa famille. »
Madame Dubois a éclaté d'un rire méprisant. « Son fils ? Antoine n'avait pas de fils. C'est une blague ? Vous êtes qui, d'abord ? Encore une profiteuse qui cherche à gratter un peu d'argent ? »
« Je suis Camille Lefèvre. »
Le nom a flotté dans l'air. Madame Dubois a blêmi. Elle savait. Bien sûr qu'elle savait pour la maîtresse.
Elle a dévisagé l'enfant, Victor, qui s'était mis à pleurer, effrayé par les cris. Et là, quelque chose a basculé dans les yeux de la vieille femme. Elle a vu les cheveux blonds, les yeux bleus. Elle a vu la ressemblance, ou plutôt, elle a voulu la voir.
« Mon petit-fils... » a-t-elle murmuré, sa colère se transformant en une sorte d'avidité possessive. Elle a tendu les mains vers l'enfant. « Viens voir grand-mère. »
Camille a laissé faire. Madame Dubois a pris Victor dans ses bras, le couvrant de baisers.
« C'est bien le fils de mon fils ! Regarde, Charles ! » a-t-elle dit à son mari. « Il a les mêmes yeux ! C'est un Dubois ! »
Monsieur Dubois est resté impassible, me fixant. Il était plus difficile à duper. Il savait que quelque chose clochait.
Je me suis tournée vers Camille.
« C'est une mise en scène pathétique. Antoine ne pouvait pas avoir d'enfants. »
Le silence est retombé, lourd de sens.
Madame Dubois s'est retournée vers moi, le visage de nouveau déformé par la haine.
« Comment oses-tu ? Tu es juste jalouse ! Tu n'as pas pu lui donner un héritier, alors tu refuses de croire qu'une autre a pu le faire ! »
« Ce n'est pas une question de jalousie, c'est un fait médical. »
Camille m'a défiée du regard.
« Un fait médical ? Vraiment ? C'est étrange, parce que j'ai quelque chose qui prouve le contraire. »
Elle a sorti une enveloppe de son sac.
« Un test de paternité. Fait il y a six mois. Certifié par un laboratoire. Il prouve noir sur blanc qu'Antoine est le père de Victor. »
Elle a brandi l'enveloppe comme un trophée. Madame Dubois jubilait.
« Tu entends ça, la profiteuse ? Une preuve ! Maintenant, l'héritage revient à son fils légitime ! Tu n'auras rien ! Rien ! »
La situation était parfaitement orchestrée. Trop parfaitement.