Le lendemain, j'ai commencé l'inventaire. L'appartement parisien, la villa à Saint-Tropez, la collection de montres, les voitures de sport, les œuvres d'art. J'ai tout listé méticuleusement, chaque objet, chaque valeur, avec une froideur de comptable. La fortune d'Antoine était encore plus grande que je ne l'imaginais. Des millions. Des dizaines de millions.
Mon avocat, Maître Bernard, m'appelait toutes les heures, impressionné par ma rapidité.
« Vous avez déjà les estimations pour la collection d'art ? Margot, vous êtes incroyable. »
« Je veux juste en finir, Maître. »
Je voulais surtout m'assurer que rien ne m'échappe. Je connaissais la famille Dubois. Ils n'allaient pas laisser une telle fortune leur filer entre les doigts sans se battre.
C'est en vérifiant les comptes en banque que j'ai vu le problème. Un virement. Un très gros virement. Cinq cent mille euros. Effectué il y a deux jours, juste avant la tempête. Le bénéficiaire : Camille Lefèvre.
Salope. Elle avait réussi à lui soutirer un demi-million avant de mourir avec lui.
J'ai immédiatement appelé mon avocat.
« Maître, il y a un virement de 500 000 euros au nom de sa maîtresse, Camille Lefèvre. Fait juste avant sa mort. Est-ce légal ? »
« C'est une donation. Si elle a été faite de son vivant, c'est compliqué à contester, surtout si elle est décédée. L'argent ira à ses héritiers à elle. »
« Ses héritiers ? Qui sont-ils ? »
« Je vais me renseigner. Mais Margot, c'est une somme énorme. Pourquoi a-t-il fait ça ? »
« Parce que c'était un faible et qu'elle était une manipulatrice. Trouvez ses héritiers. Je veux savoir à qui je dois parler. »
Deux jours plus tard, Maître Bernard m'a rappelée. Camille n'avait pas de famille proche connue. Pas de parents, pas de frères ou sœurs officiels. L'argent était sur un compte à son nom, et pour l'instant, il était bloqué en attendant qu'un éventuel ayant droit se manifeste.
« Personne ne s'est manifesté ? »
« Non, pas encore. Mais la nouvelle de leur mort commence à se répandre. Quelqu'un finira par apparaître. »
J'ai décidé de ne pas attendre. J'ai utilisé les contacts que j'avais développés pendant mes années avec Antoine pour trouver l'adresse de Camille. C'était un petit appartement dans un quartier modeste, ce qui rendait le demi-million encore plus suspect.
Je m'y suis rendue. La porte était scellée par la police. J'ai réussi à convaincre le concierge, avec un billet de cent euros, de me laisser jeter un œil à sa boîte aux lettres. Elle était pleine de factures impayées et de publicités. Rien d'utile.
Mais en sortant de l'immeuble, j'ai vu une femme qui m'observait depuis le café d'en face. Elle avait l'air nerveuse. Nos regards se sont croisés. Elle a immédiatement baissé les yeux.
Je me suis approchée de sa table.
« Vous cherchez quelque chose ? »
Elle a sursauté. C'était une femme simple, la quarantaine, mal habillée.
« Non, non, je... j'attendais quelqu'un. »
« Vous attendiez Camille ? »
Son visage a blanchi.
« Qui êtes-vous ? »
« J'étais la fiancée de l'homme qui est mort avec elle. »
La femme s'est levée d'un coup, renversant son café.
« Oh mon Dieu. Je suis tellement désolée pour votre perte. »
« Gardez votre pitié. Je veux savoir ce que vous savez sur les 500 000 euros. »
Elle a reculé, effrayée.
« Je... je ne sais rien. Je suis sa cousine. Je suis venue dès que j'ai appris la nouvelle... pour m'occuper de ses affaires. »
« Sa cousine. Intéressant. Camille n'avait pas de famille, d'après les premières recherches. »
« Nous n'étions pas proches. »
« Assez proches pour réclamer un demi-million d'euros ? »
Elle ne savait plus quoi dire. Elle bégayait.
« Écoutez-moi bien, » ai-je dit en me penchant vers elle, ma voix basse et menaçante. « Cet argent appartient à la succession d'Antoine. C'est mon argent. Si vous essayez de le toucher, je vous enverrai mes avocats, et croyez-moi, ils sont très doués. Ils vous prendront tout ce que vous avez et tout ce que vous n'avez pas. »
Elle tremblait.
« Je ne voulais pas de problèmes... »
« Alors n'en créez pas. Oubliez cet argent. Oubliez Camille. C'est le meilleur conseil que je puisse vous donner. »
Je me suis retournée pour partir.
« Attendez ! » a-t-elle crié.
Je me suis arrêtée sans me retourner.
« Vous ne savez pas ce qu'il lui a fait ! Il le méritait ! »
Je me suis retournée lentement.
« Ce qu'il méritait ? Il a fini en nourriture pour les poissons au fond de la Méditerranée. Je pense qu'il a eu ce qu'il méritait. Maintenant, disparaissez. »
J'ai tourné les talons et je suis partie, la laissant seule et tremblante sur le trottoir. La partie ne faisait que commencer.