Noces Funèbres, Vengeance Sublime
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Chapitre 3

Les funérailles d'Antoine ont été exactement comme je les avais voulues : inexistantes. Pas de messe, pas d'éloge funèbre, pas de rassemblement larmoyant. Juste une incinération et une urne en métal basique que j'ai récupérée au crématorium.

Mes futurs beaux-parents, les Dubois, n'étaient même pas encore revenus de leur voyage d'affaires à Dubaï. Parfait.

Maintenant, il fallait s'occuper du reste. De son héritage matériel. J'ai appelé un commissaire-priseur réputé.

« Bonjour, je souhaite organiser une vente aux enchères. »

« Très bien, madame. De quels objets s'agit-il ? »

« De l'intégralité du contenu de l'appartement et de la villa de feu mon fiancé, Antoine Dubois. »

Il y a eu un silence.

« Pardon ? Tout ? Ses effets personnels ? »

« Absolument tout. Ses costumes, ses montres, sa cave à vin, ses livres de cuisine dédicacés, même ses trophées. Je veux que tout disparaisse. Et je veux que la vente soit médiatisée. Faites-en un événement. "La vente posthume du grand chef Antoine Dubois". Les gens adorent ce genre de choses. »

« Mais... c'est un peu... rapide, non ? Irrespectueux, peut-être ? »

« L'irrespect, c'est de laisser la poussière s'accumuler sur des objets qui ont de la valeur. Je veux transformer son souvenir en argent liquide. C'est l'hommage le plus pragmatique qu'on puisse lui rendre. »

Le commissaire-priseur, d'abord choqué, a vite compris l'opportunité commerciale. La vente a été organisée en un temps record.

Le jour de la "cérémonie", comme je l'appelais en moi-même, je me suis habillée en noir, une robe simple mais élégante. J'ai joué mon rôle de fiancée endeuillée à la perfection, le visage grave, répondant aux condoléances des acheteurs potentiels avec une tristesse feinte.

« C'est ce qu'il aurait voulu, » disais-je. « Que ses passions continuent de vivre à travers d'autres. »

En réalité, je jubilais en voyant les étiquettes de prix et les offres qui grimpaient. Son

costume préféré ? Vendu 5 000 euros. Sa montre fétiche ? 50 000 euros. Chaque objet représentait une petite partie de ma vengeance qui se monétisait.

J'ai gardé l'urne funéraire avec moi, posée sur une petite table dans un coin. C'était la touche finale, le comble du cynisme. Le clou du spectacle.

C'est au milieu de la vente de sa cave à vin que la porte s'est ouverte brutalement.

Le silence s'est fait dans la salle.

Sur le seuil se tenait une femme. Grande, vêtue d'un noir impeccable, le visage ravagé par le chagrin, mais avec une lueur de défi dans les yeux.

C'était Camille.

Je me suis figée. Morte ? La police avait été formelle. J'avais vu le rapport. Un corps de femme non identifié formellement mais correspondant en tout point.

Mais la femme qui se tenait là tenait un enfant dans ses bras. Un petit garçon d'environ deux ans, aux cheveux blonds bouclés.

Elle a balayé la salle du regard, méprisante, avant de poser ses yeux sur moi. Elle a traversé la foule qui s'écartait sur son passage, comme la mer devant Moïse.

Elle s'est arrêtée juste devant moi.

« Qu'est-ce que c'est que cette mascarade ? » sa voix a claqué, sèche et accusatrice.

Toute la salle nous regardait, retenant son souffle. Le commissaire-priseur était livide.

« Pardon, mais qui êtes-vous ? » ai-je demandé, mon cœur battant à tout rompre, mais ma voix restant glaciale.

Elle a eu un sourire amer.

« Vous le savez très bien. Je suis Camille. »

Un murmure a parcouru l'assemblée. La maîtresse. Vivante.

« Et ça, » a-t-elle poursuivi en resserrant son étreinte sur l'enfant qui me fixait de ses grands yeux bleus. « C'est Victor. »

Elle a fait une pause, pour laisser le poids de ses prochains mots frapper avec un maximum d'impact.

« C'est le fils d'Antoine. Son unique héritier. »

            
            

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